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détermination de nous adresser directement à Sa Majesté pour lui notifier nos sentiments avec une sincérité évangélique et une liberté apostolique: aujourd'hui nous nous faisons un devoir de vous communiquer la lettre que nous lui avons écrite en date du 24 mars, relativement à cet objet. Vous verrez par sa teneur que nous n'avons pas dissimulé à Sa Majesté nos remords et notre repentir, et que nous lui avons signalé les puissants motifs qui nous défendent l'exécution de ce que nous avons si imprudemment souscrit. Comme un bref donné par nous, donné dans notre malheureux exil de Savone, contient, avec quelques modifications, les concessions de l'article IV, nous avons dû aussi faire mention de ce bref, qui, au reste, ayant été officiellement refusé par Sa Majesté, a été annulé par là même. Nous avons reconnu dans ce refus un de ces traits miséricordieux de la divine Providence qui veille sans cesse au gouvernement de l'Église. Vous voyez donc,

d'après ce qui vient d'être exposé, que nous regardons le bref de Savone et le traité du 25 janvier comme nuls et sans valeur; notre intention et notre volonté sont qu'on les regarde comme tels, afin qu'il ne puisse en résulter aucun préjudice, soit pour la constitution divine de l'Église, soit pour les droits du Saint-Siége. Dans la situation où nous nous trouvons, nous croyons que la lettre écrite à Sa Majesté et la présente déclaration atteignent suffisamment le but que nous nous sommes proposé, disposé que nous sommes, si les circonstances l'exigent et si nous le jugions expédient, à renouveler d'une manière plus solennelle la déclaration que nous venons de faire.

<< Béni soit le Seigneur, qui n'a pas éloigné de nous sa miséricorde! C'est lui qui mortifie et qui vivifie. Il a bien voulu nous humilier par une salutaire confusion, mais en même temps il a daigné nous soutenir de sa main toute-puissante, et nous donner l'appui nécessaire pour remplir nos devoirs

en cette difficile circonstance. A nous donc l'humiliation, que nous acceptons volontiers pour le bien de notre âme; à lui soient aujourd'hui et dans tous les siècles l'exaltation, l'honneur et la gloire!

« Voilà la communication que nous vous faisons, nos vénérables frères et nos trèschers fils, et nous vous donnons la bénédiction apostolique.

<< Fontainebleau, 24 mars 1813. »

A peine Pie VII eut-il communiqué aux membres du Sacré-Collége qui étaient à Fontainebleau la démarche hardie qu'il venait de faire, qu'un changement subit se fit remarquer dans toute sa personne. Son visage s'épanouit, il retrouva sa douce gaieté, un gracieux sourire reparut sur ses lèvres; il recouvra l'appétit, le sommeil, la santé. Il se sentait, comme il le dit à l'un des cardinaux, soulagé du poids énorme qui l'oppressait jour et nuit.

Les épreuves touchaient à leur fin. Le

géant des batailles succomba sous les coups de l'Europe coalisée; une nouvelle tentative signalée par d'héroïques efforts aboutit au rocher de Sainte-Hélène, et c'est avec la bénédiction de Pie VII, rétabli sur son trône de Pontife et de Roi, que mourut le terrible conquérant, revenu de ses erreurs, et reconnaissant tout ce qu'il y a d'utile et d'invincible dans la Royauté pontificale. C'est de Vienne qu'était parti le décret de spoliation, c'est à Vienne que furent signés les traités qui rendirent au Pape ses États, avec les Légations que la nécessité avait contraint Pie VI de céder par le traité de Tolentino. En 1798, sous Pie VI, la population de Rome était de 165,000 habitants, elle en avait 42,000 de moins lorsque Pie VII y rentra, en 1814.

III

Dernières années du pontificat
de Pie VII.

(1814 20 août 1823.)

L'empereur Napoléon retint Pie VII prisonnier aussi longtemps qu'il le put; il essaya jusqu'à la fin de le tromper et de le gagner à sa cause. Dans le courant de décembre 1813, il lui faisait encore proposer de lui remettre tout ce qui subsistait des États de l'Église, c'est-à-dire Rome et deux départements qui en dépendaient, à peu près ce que l'on désigne sous le nom de patrimoine de saint Pierre. Pie VII répondit: « Il est possible que nos péchés ne nous << rendent pas digne de revoir Rome, mais « nos successeurs recouvreront les États qui << leur appartiennent. Au surplus, qu'on << assure l'empereur que je ne suis pas son

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