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porte du Peuple, au milieu des transports de joie de la population romaine la capitale du monde chrétien avait retrouvé son Pontife et son Roi.

Dès le 19 juin, cinq jours après la bataille de Marengo, Bonaparte avait montré les plus heureuses dispositions pour rétablir la paix religieuse en France. Il dit au cardinal Martiniana, évêque de Verceil, que son intention était de bien vivre avec le Pape et de traiter avec lui du rétablissement de la religion catholique.

Le même jour, le cardinal Martiniana reçut la commission de faire connaître ces dispositions au Saint-Père. Pie VI en fut informé le 26 juin; le 10 juillet, il envoya de Rome sa réponse : « Vous pouvez dire au premier consul que nous nous prêterons avec bonheur à une négociation dont le but est si respectable, si convenable à notre ministère apostolique, si conforme aux vœux de notre cœur. » Le prélat Consalvi fut immédiatement créé cardinal et chargé

de suivre à Rome les négociations, tandis que Bonaparte accréditait auprès du gouvernement pontifical M. Cacault, diplomate bienveillant, prudent et modéré. En quittant le premier consul, Cacault lui demanda comment il fallait traiter le Pape : « Traitez-le, répondit le général victorieux, comme s'il avait deux cent mille hommes. >> Cacault avait pour secrétaire de légation le chevalier Artaud, historien futur du Pape Pie VII.

Cependant, malgré la bonne volonté qui animait les deux parties, les négociations traînaient en longueur. Pie VII, pour en hâter la solution, envoya à Paris le cardinal Consalvi, qu'on appelait la sirène de Rome, à cause de ses manières insinuantes et de son esprit conciliant. Consalvi réussit auprès du premier consul, à qui l'on avait inspiré des préventions défavorables, et le concordat qui réconciliait l'Église de France avec le Saint-Siége, ou plutôt qui créait de nouveau cette Église persécutée et détruite

fut enfin signé le 16 juillet 1801. En voici le texte :

«< Sa Sainteté le Souverain-Pontife Pie VII et le premier Consul de la république française ont nommé pour leurs plénipotentiaires respectifs :

« Sa Sainteté, Son Éminence Mgr Hercule Consalvi, cardinal de la sainte Eglise romaine, diacre de Sainte-Agathe ad Labarum, son secrétaire d'État, Joseph Spina, archevêque de Corinthe, prélat domestique de Sa Sainteté et assistant au trône pontifical, et le P. Caselli, théologien consultant de Sa Sainteté, pareillement munis de pleins pouvoirs en bonne et due forme;

« Le premier Consul, les citoyens Joseph Bonaparte, conseiller d'État, Cretet, conseiller d'État, Bernier, docteur en théologie, curé de Saint-Laud d'Angers, munis de pleins pouvoirs ;

<< Lesquels, après l'échange des pleins pouvoirs respectifs, sont convenus de ce qui

suit:

« Convention entre Sa Sainteté Pie VII et le Gouvernement français.

<< Le gouvernement de la république reconnaît que la religion catholique, apostolique et romaine est la religion de la grande majorité des citoyens français.

<< Sa Sainteté reconnaît également que cette même religion a retiré, et attend encore en ce moment, le plus grand bien et le plus grand éclat de l'établissement du culte catholique en France et de la profession particulière qu'en font les consuls de la république.

«En conséquence, d'après cette reconnaissance mutuelle, tant pour le bien de la religion que pour le maintien de la tranquillité intérieure, ils sont convenus de ce qui suit :

« Article 1er. La religion catholique, apostolique et romaine sera librement exercée en France. Son culte sera public, en se conformant aux règlements de police que le

gouvernement jugera nécessaires pour la tranquillité publique.

« Art. 2. Il sera fait par le Saint-Siége, de concert avec le gouvernement, une nouvelle circonscription des diocèses français.

« Art. 3. Sa Sainteté déclarera aux titulaires des évêchés français qu'elle attend d'eux, avec une ferme confiance, pour le bien de la paix et de l'unité toute espèce de sacrifices, même la résignation de leurs siéges.

<< D'après cette exhortation, s'ils se refusaient à ce sacrifice commandé par le bien de l'Église (refus néanmoins auquel Sa Sainteté ne s'attend pas), il sera pourvu, par de nouveaux titulaires, au gouvernement des évêchés de la circonscription nouvelle de la manière suivante :

«Art. 4. Le premier Consul de la république nommera, dans les trois mois qui suivront la publication de la bulle de Sa Sainteté, aux archevêchés et évêchés de la

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