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faut donc renverser le Pape pour détruire l'Église.

C'est ainsi que le grand combat du mal contre le bien, de l'erreur contre la vérité, se particularise de plus en plus : les deux camps sont parfaitement dessinés; il y a un signe visible, palpable, qui permet aux combattants de se reconnaître aussitôt; il n'y a plus de confusion possible, et le Pape est devenu, comme le Dieu qu'il représente sur la terre, le signe de contradiction posé pour la ruine et pour la résurrection d'un grand nombre. L'histoire continuera de nous montrer que c'est du côté des Papes que se trouvent la justice et la vertu.

On sait pourquoi nous avons entrepris cette histoire de la Papauté. Calomniée en elle-même et dans la Royauté temporelle que les siècles, qui sont les instruments de Dieu, lui ont constituée, nous l'avons montrée telle qu'elle est, nous avons vengé les Pon

tifes contre les calomnies dont on a essayé de souiller leur mémoire, nous avons vengé leur royauté des accusations d'illégitimité qu'on lançait contre elle. Les questions les plus embrouillées par le sophisme, par l'ignorance, par la haine et par la mauvaise foi, deviennent claires aussitôt qu'on veut bien les considérer sans passion, à la lumière des faits et d'une raison dégagée, de préjugés. L'histoire des Papes et de leur royauté n'est pas telle que les ennemis de l'Église ont essayé de la faire, et nous croyons avoir démontré que les catholiques n'ont pas à rougir de cette histoire. Les faits prouvent que la Papauté est une institution divine, divinement protégée; les faits prouvent que la souveraineté temporelle des Papes est une institution légitime et bienfaisante. Les origines de cette souveraineté remontent au temps des apôtres et aux catacombes. De Constantin à Char

lemagne, elle grandit et se fortifie par les bienfaits qu'elle répand autour d'elle, par la reconnaissance qu'elle inspire. Les Papes du moyen âge lui donnent un éclat dont aucune royauté ne brilla jamais, malgré les obstacles qu'ils eurent à renverser et des luttes que rappellent, sous d'autres apparences, les luttes contemporaines. Les Papes des temps modernes ne possédèrent pas les vertus royales à un moindre degré; les noms de Jules II, de Léon X, de saint Pie V, de Sixte-Quint, d'Innocent XI, de Pie VI, le démontrent surabondamment; les règnes de Pie VII, de Léon XII, de Grégoire XVI et de Pie IX achèveront cette démonstration.

Nous partagerons ce volume en cinq parties, dont trois seront consacrées au pontificat de Pie VII, et les deux dernières à ses premiers successeurs et à Grégoire XVI. Les événements se pressent et s'accumulent

en si grand nombre, qu'il est impossible de les développer dans de justes proportions; en nous attachant plus spécialement aux actes des Pontifes, nous nous efforcerons de tracer un tableau qui ne soit pas trop incomplet.

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Lorsque Pie VI mourut, la situation de la Papauté paraissait désespérée. Les ennemis de l'Église disaient tout haut que c'en était fait de cette institution surannée, et que le règne de la raison humaine était définitivement arrivé. Dieu se préparait à déjouer ces calculs, à tromper ces criminelles espérances et à sauver le monde. Le

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