à 400 liv. ou que le Fermier en abandonne la culture.

Si je ne craignois de tomber dans une longueur incommode, je donnerois un autre exemple d'un Fermier de 2000 livres, qui paye fes deux cent livres de Taille, & sent livres d'impôts du fel, dont la Taille, fuivant ce reglement, fera portée feule à près de 800 liv.

dicataires

Il ne faut donc pas s'étonner fi l'on Profit qui trouve fur ce pied-là les Adjudica- revient taires de bonne volonté, qui veulent aux Adjubien fe rendre garands de la Taille des Tail& qui fourniffent de bonnes cautions les ainfi fià Mrs les Commiffaires ou Receveurs xées. des Tailles. Le profit fera vifiblement immenfe pour eux, puifqu'il eft notoire à tout le monde, que l'intention du Regent n'eft pas d'augmenter l'impofition de la Taille, mais feulement de la regler & proportionner entre les divers Membres de l'Etat.

Utilité du deffein du

Remedes.

Il est vrai toutefois que le deffein Régent. du Regent eft en lui-même très - excellent & digne d'être conduit à la perfection, , pour l'utilité du Roi & du Royaume en general, pour le foutient de la juftice, fans laquelle il faut tôt ou tard que les Etats periffent: pour defacoutumer les payfans de fe hair, & de fe detruire les uns les autres, comme il fe pratique vulgairement, enfin pour reformer & produire entr'eux des fentimens d'équité & de vertu, dont il femble que tout le monde fe foit àla fois depouillé.

Néceffité

nuer le

dans.

Mais pour parvenir à une fin si belde dimi- le & fi neceffaire à la bonne conftirupouvoir tion de l'Etat, le premier pas indif des Inten- penfable eft d'ôter aux Intendans le pouvoir arbitraire dont ils ufent, au departement des Tailles; pouvoir dont ils ont abufé à l'excès, qui fe voit & qui eft connu de toutes les provinces, & dont ils ufent encore aujourd'hui, avec autant de hardieffe

que s'ils ne condamnoient pas euxmêmes publiquement la conduite qu'ont tenue leurs devanciers.

Et de con

chaque

village.

de

Le fecond point eft de connoître noître la réellement la valeur des fonds de valeur réchaque village, la maniere dont les elle des hommes y vivent, trafiquent, & fonds payent les impôts, & la poffibilité effective où ils font & peuvent demeurer fixement de les payer aujourd'hui & à l'avenir. Le detail dont il s'agit n'est pas auffi difficile qu'on le peut croire.

cette connoiffance.

Trois hommes bien laborieux, Moyens bien intentionnés, & qui feront au d'acquerir fait de la campagne, pourvu qu'ils foient autorifés, peuvent rendre compte d'une Election telle que celle de Neufchâtel, dans l'efpace d'un mois fur le model du detail donné par les quatre paroiffes cotées au prefent

Memoire.

Et les lu

Or ce detail eft fuffifant pour ba- mieres nir non feulement la fraude de cha- qu'on en que village, mais encore celles des tirera. Particuliers & celle des principaux domaines de chaque paroiffe; de

Tome I.

K

forte que, quelques changemens qui puiffent arriver à l'égard des detenteurs des fonds, on faura precifément ce que chaque domaine ferme, ou tenement, doivent payer à la décharge du capital de la paroiffe.

On ne faura pas avec moins d'exatitude la proportion de paroiffe à paroiffe, ou de village à village; & c'est ce qui demasquera avec évidence l'abus indigne & criant que les Intendans ont fait & font encore de leur autorité, pour foulager les uns, au prejudice des autres qui demeurent accablés.

Il ne fera pas même néceffaire de changer fitôt le reglement de la Taille au 12 me jufqu'à ce que l'on ait clairement connu de combien le produit excedera l'impôt de la Taille prefente; car on fupofe toujours que, vu la mifere & l'accablement des peuples, l'intention du Roi, ni celle du Regent du Royaume, ne font point de doubler ni de tripler la Taille comme le reglement du Marquis Silly le fait craindre.

chement

Mais ce qu'il faut abfolument ban. Retrannir & rejetter du projet, comme per- qu'on doit te & ruine, font les Adjudicataires faire auqui tireroient des profits incroyables projet du à la charge des peuples, fans avan- Regent. tage pour le Roi. L'usage de payer la Taille en argent a toujours été pratiqué dans le Royaume, depuis qu'elle elt établie.

des cotes,

payées.

Il n'y a que l'excès & la difpropor- Difprotion des cotes qui en empêchent le portion recouvrement réel & effectif, defaut caufe que qui des particuliers remonte aux pa- les Tailles roiffes, aux bourgs & villages dont font mal les Elections font compofées, & qui des Elections remonte encore auxGeneralités; car fi l'on cherche la veritable raifon pour laquelle les provinces du Limoufin & de la Marche payent mal leurs impofitions, il ne s'en trouvera d'autre effective que la difproportion de leurs forces, & de ce que l'on pretend tirer d'elles.

Il eft vrai que les defauts des recoltes, tels qu'il en arriva en 1709 peuvent apporter de grands empêchemens au recouvrement de la Taille;