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Oute la France est attentive au fuccès de la Requête prefentée au Roi par M. le Duc & les Princes de fa Maifon, pour demander la revocation de l'Edit & de la Déclaration accordée par Louis XIV. aux Princes fes enfans legitimés, qui leur donne le rang, les honneurs, la qualité, le nom & les droits des autres Princes du fang, les declarant & rendant capables de fucceder à la Couronne aprés néanmoins tous les autres Princes legitimes, & tous les defcendans mâles qu'ils pouront avoir.

Divers

On veut aujourd'hui faire paffer cette grace accordée par un pere à jugemens fes enfans, pour la plus importante touchant action qui ait été faite, depuis l'éta- Louis XIV. Tome I. L

l'Edit de

en faveur bliffement de la Monarchie. Les uns

des Prin- pretendent qu'elle en attaque les loix ces legiti- fondamentales, qu'elle viole les

més.

droits les plus certains de la nation, en la privant du droit de fe choifir des Maîtres,après l'extinction de la race legitime, à laquelle elle a bien vou lu fe foumettre. Ils fe plaignent que Louis XIV. a avilli la dignité des Princes du fang, en la communiquant à des perfonnes que les loix civiles de l'Etat excluent du benefice de toutes fucceffions, & dont les loix particulieres du Chriftianifme séprouvent & condamnent la naiffance. Ils attribuent ce defordre fans exemple à la tendreffe demefurée de ce Monarque pour les enfans, & la foumiffion des Parlemens, dans l'acceptation d'une nouvelle loi fi contraire aux anciennes, à l'effet de la terreur que le gouvernement de ce Prince infpiroit à tous fes Sujets. Preuves Les autres, au contraire, regaralleguées en faveur dent cette Déclaration comme un obde cette jet de legere confequence, & qui n'eft Déclara- aucunement comparable aux grandes

tion.

& importantes decifions, qui ont été faites, foit pour exclure les filles de la fucceffion à la Couronne, après la mort de Louis Hutin, & après celle de Charles IV. foit pour accorder aux Princes du fang le rang & la preéminence dont ils jouiffent aujourd'hui, & que l'on fait trop qu'ils n'avoient pas avant l'édit de Henri III. donné en 1576, foit enfin, & tout nouvellement, pour transporter le droit de la fucceffion de la Couronne, d'une Branche directe à une collaterale. Ils prétendent montrer de plus que cette Déclaration ne porte pas la moindre atteinte aux loix de la Monarchie, comme de fait elle ne porte aucun préjudice aux Princes qui en pourfuivent la revocation, puifque veritablement elle ne donne ni droit, ni prétention aux Princes legitimés qu'au defaut de tous les Princes legitimes, & de leur pofterité à jamais. Le pretexte cherché dans l'interêt general qu'a la nation de conferver ce droit de fe choifir un Maître, après l'extinction de la Maison regnante,

Reponfes

fans des

eft, felon eux, tiré de trop loin, pour faire une impreffion veritable fur les perfonnes fenfées.

L'aviliffement de la dignité des des parti Princes du fang, par la communicaPrinces tion que Louis XIV, en a faite à fes legitimés enfans naturels, ne leur paroît pas un à diverfes motif plus raifonnable, pour faire reobjcctions voquer une loi autentique, confacrée par l'acceptation de tous les peuples & l'enregistrement de tous les Tribunaux. Ils repondent avec la même force aux argumens tirés des loix communes de l'Etat & de l'Eglife, contre la naiffance des enfans illegitimes, & contre les droits qu'ils pouroient pretendre en la fucceffion de leurs pères, en faisant voir que la Déclaration dont on fe plaint, exclut les enfans de Louis XIV. en faveur de ceux même qui la veulent aneantir : de forte qu'étant abfolument fans interêt dans la pourfuite qu'ils ont intentée, il feroit contre l'ordre, contre l'ufage & contre la loi commune, de les écouter fuivant la maxime, que nui n'est reçu à plaider fans interêt.

Enfin ils repondent à l'objection tirée de la grande autorité de Louis XIV. que fi l'obéiffance rendue aux juftes ordonnances d'un grand Monarque, étoit un titre contre elles, il s'enfuivroit de fi monftreufes confequences dans la politique, & dans la morale qu'il n'eft point d'hommes fages qui les vouluffent avouer; de forte qu'il eft neceffaire d'en conclure, qu'une obéiffance fans claufe & fans modification, eft un indice certain d'une acceptation univerfelle, & du confentement de la nation entiere à la loi, que fon Prince lui prefcrit.

Voilà un leger échantillon de ce qui fe dit de part & d'autre, par lequel on peut néanmoins s'apercevoir que l'interêt de l'autorité Royale, celui de la tranquillité publique, & la connoiffance des faits certains de l'Hiftoire, c'est-à-dire l'ufage de la Monarchie, produifent de plus puiffans moyens, pour foutenir la poffef fion des Princes legitimés, que la paffion & l'inquietude de ceux qui les attaquent, n'en fourniffent, pour

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