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qu'ils ont fait paffer Thierry, fils aîné du grand Clovis, pour Bâtard, parce qu'il étoit né avant le Chriftianifme de fon pere, d'une autre femme que la Reine Clotilde. Ils en difent autant de Théodebald, Roi d'Auftrafie, fans prendre garde que Théodebert, fon pere, avoit repudié la Reine Wisgarde, avant que d'époufer Denterie, qui étoit veuve du Seigneur de Cabrieres l'indiffolubilité des mariages n'ayant pas encore acquis force de loi, du moins dans la pratique de ces Princes barbares, au tems de Sigebert le Saint, Roid'Auftrafie, fils aîné de Dagobert I. & cela avec encore moins d'apparence & de fondement. Mais ce font des difcuffions hiftoriques, & de peu de fecours en la caufe prefente. On pourroit plutôt infifter fur la naiffance veritablement illegitime de Charles Martel, qui ne l'a pas empêché de parvenir à la Mairie du Palais, ni de porter jufqu'à nos jours le titre de Roi fur fon tombeau. Mais puifque fa grandeur ne doit être regardée que comme l'effet

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Bâtardife

faulle

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de fon ambition & de fes victoires
il feroit inutile de le tirer en exem-
ple. Bernard, Roi d'Italie, & petit fils
de Charlemagne par le Roi Pepin, le
fecond de fes enfans, eft traduit par
les Auteurs comme un exemple illu-
ftre des Bâtards parvenus au trône.
Mais ils n'ont pas pris garde que de
vingt-cinq Traités recueillis par Die
Chefne fur ce fait, il n'y a que Thégan
qui pour dintinuer l'autorité de la
conduite de Louis le Debonnaire, au
fervice duquel il étoit, en qualité de
Chapelain, ait ofé deshonorer la naif-
fance de ce Prince, qui avoit cinq
foeurs auffi legitimes que lui, dont la
derniere porta le titre de l'Empire &
du Royaume de France à Guy de Spo-
lette, couronné à Langres en 888.

On en peut dire autant de l'idée ment im- conçue par le nouvel Hiftorien de la putée à France, de faire paffer le Roi Charles Charles le le Simple pour bâtard, & de flétric Simple. toute fa pofterité, foit dans la vue de juftifier la Royauté d'Hugue Cam pet, foit en celle de preparer un exemple extraordinaire en faveur des Prin

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ces legitimés. Mais ce qu'il en a dit,eft fi contraire aux bonnes mœurs, à l'autorité des peres fur le mariage de leurs enfans, & à l'évidence de l'Hiftoire, que l'on peut dire que par cette fiction il a plus éloigné les leteurs de la fin qu'il a pu fe propofer que n'auroit pu faire un invective dé

couverte.

Entre les exemples tirés de la troi- Reflexions fur la naif fiéme race, & raportés par les derfance de niers Memoires qui ont paru pour la Philippe caufe des Princes legitimés, celui de Comte de Philippe, Comte de Mantes, fils du Mantes. Roi Philippe 1. & de la fameufe Bertrade, eft évidemment mal employé, puifque ce Prince avoit été reconnu legitime par un Concile affemblé de l'ordre du Pape, quoique né de parens coupables d'un double adultere, l'Eglife ayant néanmoins aprouvé leur mariage fubfequent, après beaucoup de difficultés; & fi la queftion de la validité de ce mariage n'eut été folemnellement decidée, l'on peut af furer que l'Abbé Suger, fi grand Canonifte, & fi rigide obfervateur des

xions.

loix Ecclefiaftiques, n'auroit pas regardé ce Prince Philippe comme heritier prefomptif de la Couronne, au mépris de la Branche de Vermandois iffue d'Huges le Grand, frere du même RoiPhilippeComte de Boulogne,iffu du Roi Philippe Augufte, pendant fon adultere avec Agnes de Moravie. Il eft certain que fa legitimation par Suite de ces refle- une Bulle expreffe du Pape Innocent III. accordée en confideration de la foi du mariage que fes parens avoient contracté, & pendant lequel il étoit né, le retablit fans conteftation dans tous les droits d'une naiffance Royale. Il eft à remarquer néanmoins que cette legitimation n'eft dûe qu'à l'autorité d'une Bulle, fans intervention de la puiffance féculiere. Veritablement il y a trop de difparité dans de pareils exemples, pour pouvoir en rien conclure d'effentiel au fujet de la queftion prefente. Il refulte néanmoins en general des temoignages de l'Hiftoire, qu'avant l'établiffement des fiefs, & le defpotifme des Papes, les bâtardifes n'é

toient point cenfées porter exclufion d'aucuns droits fucceflifs, pour preuve de quoi on raporte très-juftement des efforts de Hugue, fils du Roi Clotaire de Lorraine, & de Waldrade, pour revendiquer la fucceffion de fon pere, fans que l'on ait jamais allegué contre lui aucune incapacité dans fa perfonne, par raport à la naiffance; au lieu que la bâtardise de Guillaume le Conquerant, Duc de Normandie, lui fut fouvent reprochée dans un tems pofterieur, fans qu'elle ait eu néanmoins le pouvoir de lui faire perdre la fucceffion paternelle, où fes oncles legitimes avoient pourtant un droit qui feroit aujourd'hui inconteftable. Depuis cer époque jufqu'au regne de Louis XI. il eft évident que fi la bâtardife excluoit des condition droits fucceffifs, c'étoit plûtôt par ra- des Bâport aux loix de l'Eglife, établies par tards juf les Décretales, que par raport à la qu'au recondition des perfonnes, puifque les Louis XI.

Bâtards des Gentilhommes étoient réputés du corps de la Nobleffe, &z comme tels, admis à la Chevalerie, &

gne de

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