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en deman

minorité.

Injustice Dans le fait, voici la premiere fois qu'il y a à où l'on ait vu le fecond Prince du fang derl'aboli. fi près de la Couronne, qu'il n'y a tion pen- que deux têtes entre elle & lui, fans dant une faction, fans interêt, fans gloire à acquerir, fans fortune à faire. Mais peut-on fe plaindre de l'excès de puiffance où les Rois ont porté leur autorité; & s'en plaindre, non pour ameliorer la condition du fucceffeur, mais pour l'obliger à fe departir pendant fa minorité, quoique les droits des Mineurs foient facrés comme ceux des Rois, pour l'obliger, dis-je à fe départir d'un droit auffi effentiel que celui de legislation abfolue, dont fes predeceffeurs ont joui fans conteftation.

Après l'examen des trois propofitions, fur lefquelles on peut dire que la Requête de M. le Duc eft fondée, l'on ne peut fe difpenfer de difcuter pareillement celle par laquelle il fou tient l'incommunicabilité du rang, de la qualité, & des droits des Princes du fang, à d'autres qui font iffus legitimement de la Maison regnante.

Il eft certain dans le principe, que Preuves nul Etranger n'eft admis dans une que Princesle

les

& droits

famille que par les voies ordinaires gitimés d'adoption & de fubftitution; mais peuvent il faut avouer auffi que par l'un ou jouir des l'autre de ces moyens, un Etranger honneurs peut fe trouver en droit de prendre des Prin le nom & les armes d'une famille, ces du d'en poffeder les biens & les droits, fang. & d'en difpofer malgré ceux que le nom & la filiation joignent intimement à cette famille. Il n'eft pas auffi moins certain, que les enfans illegitimes n'ont jamais été reputé étrangers dans leur famille; qu'ils en ont pris le nom & les armes, quoique brifées; & l'on a vu ci-devant qu'ils participoient, il n'y a pas longtems, à leur nobleffe fans diftinction.

Princesle

Cela pofé, Mrs les Princes du fang Avantafe fouviennent fans doute, qu'ils font es des iffus de Louis de Bourbon, Prince de gitimés Condé, frere puiné d'Antoine, Roi de fur les Navarre, & que par conféqnent ils Princes du fang. ne comptent aucun Roi de France dans leur filiation, depuis S. Louis. Au contraire Mrs les Princes legiti

més ont l'avantage de fortir des trois derniers Monarques François, & immédiatement du plus illuftre d'entre eux. L'on ne fait cette obfervation qu'à deffein d'alterer l'induction abfurde, qu'on leur impute dans la Requête prefentée contre eux. Ils connoiffent le rang inferieur, qui leur eft accordé, ils le regardent comme une grace fignalée; ils n'en prétendent point d'autre ; ils rejettent & defavouent l'imputation dont on les charge; mais auffi fe peuvent-ils flater que le merite recent des Monarques de qui ils tiennent la naiffance, doit entrer en confideration, & foutenir le rang qui leur eft accordé, du moins par raport à de fi illuftres

Condi- peres.

tion

France

des

Perfonne n'ignore en France, que Princesdu le rang de Mrs les Princes du fang, tel fang en qu'ils le poffedent aujourd'hui, n'est dans les pas d'une inftitution fort ancienne, mais accoutumée à l'ordre féodal. Nos peres d'ailleurs égaux entre eux, ne connoiffoient de fuperieurs qne ceux envers lefquels ils avoient enga

anciens

tems.

gé leur foi par quelque hommage. . Les peres, les oncles, les coufins germains des Rois, faifoient corps. avec la Nobleffe ; & dans les Etats generaux, tenus fous Philippe le Bel, on a vû Louis, Comte d'Evreux, frere du Roi, avec Robert, Comte d'Artois, fon coufin germain, fe charger de la députation de la Nobleffe, porter la parole pour le corps, & entrer aux Etats tenus pendant la prifon du Roi Jean. Philippe, Duc d'Orleans, fon frere fit honorablement la mêmechose.

De plus, on fait avec certitude, Particularité fur les que les Branches de Dreux & de Cour- Maifons de tenay, iffues de Louis le Gros, n'ont Dreux & de confervé aucun rang de Principauté, Courtenay. & qu'elles fe font tellement confondues avec la Nobleffe, que l'aîné de celle de Dreux n'avoit point d'emploi plus honorable fous Charles VI. que celui de valet tranchant du Roi.

de Bourbon

Les Princes de celle de Bourbon, fi Princes de riche & fi puiffante dans fa tige prin- la Mailon eipale, n'avoient certainement aucun confondus rang diftingué que celui des autres aveclafim. Gentilshommes du Royaume. Les ple No

bleffe.

Origine

Seigneurs de Caumoi & de Maux en font des exemples fameux. Mais puifqu'il faut le dire, la branche de Vendofme elle-même aujourd'hui, qui occupe glorieufement le trône, n'a pas toujours été fi jalouse du rang de la Principauté. Les épitaphes, les actes publiques, qui en reftent, en font de fürs garants. Jean de Bourbon, Comte de Vendofme, mariant fa fille Catherine avec Gilbert de Chabanes, voulut par le contrat de mariage, que le futur époux fût fubftitué à fon nom & à fes armes, comme à tous fes biens, en cas de mort de François de Bourbon, fon fils unique. C'eft lui qui époufa depuis Marie heritiere de Luxembourg. Voilà une preuve bien certaine, qu'il ne penfoit pas à occuper un rang incommunicable, où la nobleffe feule ne peut afpirer.

Mais pourquoi chercher des exem& nature ples dans un fait certain connu de tout durang des le monde? Henri III. eft le premier Princes du de nos Monarques qui, pour mettre fang.

la Couronne hors de la portée de la Maifon de Guife, & pour foutenir les Princes

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