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fiécle d'or en fes Etats, diminuanc les impôts, & fuprimant le refte, dont les Financiers & leurs Commis retirent plus de profit que S. M. n'en reçoit de fervices.

Ce fameux Heros finiroit par humanité, durant la paix, ce qu'il a commencé par fa valeur durant la guerre, & en lui feul l'on verroit tout enfemble la terreur & les délices du genre humain.

payeroit

Alors le plus opulent Seigneur du Ce que Royaume ne contribueroit aux be chaque foins de l'Etat que cent francs par an; Sujet. le Sujet le moins riche vingt fols & tous ceux qui fe trouveroient entre ces deux extremités, contribueroient à proportion chacun fuivant fa force, mais avec ces avantages:

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roient les

Qu'un Payfan, par exemple, qui Combien n'a que le pic & la bêche, à qui l'on y gagne fait prendre malgré lui la huitiéme Paylans. partie d'un minot de fel qui lui coute cent fols, & à qui on impofe encore

Les Bour geois.

li

outre cela tout au moins quatre
vres dix fols par an, à l'avenir fon
huitiéme de minot de fel lui couteroit
environ quatre fols,il fera à trente fols
à la Taille & payeroit vingt fols d'a-
mortiffement; fi bien qu'au lieu de
neufliv. dix fols, il feroit quite pour
cinquante-quatre fols par an.

I I.

Un Bourgeois de Paris, qui dépenfe demi minor de fel, & deux muids de vin, dont les impôts lui coutent plus de foixante livres, en feroit quite pour quinze fols que lui couteroit fon demi minot de fel, & douze ou quinze livres au plus pour fon droit d'amortiffement.

III.

Et les Un Duc & Pair dans la maifon dugrands Seigneurs. quel il fe confume par an cinq minots de fel & cinquante muids de vin, dont les impôts lui coutent plus de douze cent livres, n'en payeroit que

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fept livres & dix fols pour cinq minots de fel, & cent francs pour fon droit d'amortiffement.

Par ces trois exemples, on peut juger du foulagement que je propofe pour tous les autres Sujets du Roi, depuis le plus foible jufqu'au plus forr.

de

aujour

Cependant l'on voit aujourd'hui Tributs. dans Paris, de miferables porteurs confiderables exigés chaifes, qui rendent un tribut de cent fols par femaine, & des loueurs d'hui des de caroffe, qui en payent un autre de plus pauquatre cent livres par an pour un caroffe feul.

A la campagne on voit un grand nombre de pauvres gens qui payent autant pour la Taille que pour la ferme de la terre qu'ils cultivent. Il y en a quantité qui payent jufqu'à fix cent livres de Taille, autant de fel, principalement quand ils n'ont point de protection. Mais le plus grand abus, c'eft que lorfqu'ils apartiennent aux Financiers, ou à un homme d'autorité, ils ne payent rien

vres.

Adminiftrationdes finances

du tems

du tout, & qu'on eft obligé de ré jetter fur les pauvres ce que les riches devroient payer.

Ceux qui fe fouviennent des ma¬ nieres dont l'on gouvernoit les finances du tems de Meffieurs de Servien deMrs. de & Fouquet, & qui feront reflexion Servien & fur le changement notable que M.

Fouquet.

pour faire

reuffir la

Colbert y apporta, quand il en eut la conduite n'auroit pas de peine à croire qu'il y a des changemens, pour paffer du mal au bien, qui ne font nullement dangereux, & qui tout au contraire font très - utiles & defirés generalement de tout le monde.

Celui que je propofe eft de cette nature, & beaucoup plus doux encore, parce qu'il n'y auroit à l'avenir aucune recherche à faire dans les fi

nances.

Expedient Pour y parvenir fans embarras, faire l'on pourroit fe fervir d'un expedient propofi- conforme à celui que pratiquent aution de jourd'hui les Fermiers des Aides, qui l'Auteur. ne confifte qu'au fecret d'abandonner

les droits qui fe levent fur le vin, aux

cabaretiers

cabaretiers de leurs departemens, par où ils diminuent le grand nombre de Commis, qui caufent la principale dépense.

PAR EXEMPLE.

qui

en

Un Fermier du plat pays, qui étoit Exemple obligé d'avoir dix Commis pour obprouve l'u ferver ce que vendoient de vin les tilité. Cabaretiers de l'étendue de la Ferme par jour, par mois & par an, n'aura pas plus qu'un Receveur & Controlleur, quand tous les Cabaretiers feront abonnés.

Le Fermier, par ce moyen, voit tout fon profit net par avance, fans rien rifquer, parce que fe faifant payer le droit d'abonnement de trois mois en trois mois, il ne peut jamais rien perdre, le Cabaretier fe trouvant par néceffité obligé d'avoir chez lui des meubles & des uftencilles de menage pour fon commerce, qui répondent du quartier qu'il doit.

A cet exemple, Sa Majefté, fans Induction paffer par les mains de tant de tirée de cet

Tome II.

gens

B

exemple.

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