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IV. Les frais de voyage, où il eft certain que tout Fermier gagne plus qu'il ne met du sien.

V. Et enfin par raport aux étrennes & gratifications qui auffi bien que le droit de prefence, doivent être retranchées en leur entier, fe contentant de repeter la moitié des interêts au denier 10, le denier 20 étant plus que fuffifant pour un fonds qui n'a jamais couru de rifque.

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L'Auteur ne pretend pas que cette propofition doive être executée fans y reflechir. Ce qui eft jufte n'eft pas toujours à propos. Il faut, avant que de toucher une femblable corde, avoir en main d'autres Fermiers ou du moins des Regiffeurs d'experience & de fidelité affurée: ce qui eft plus rare que l'on ne penfe communément, quoiqu'au fonds il ne foit pas difficile d'en trou- Incapaci ver de plus habiles que les Fermiers té des Ferde ce tems, puifque de quarante il jourd'hui. n'y en a pas dix qui foient au fait, je

Tome II.

R

miers d'au

ne dis pas de toutes les Fermes, mais
de l'une d'entre elles; de forte qu'il
eft vrai de dire que leur ignorance a
plutôt alteré ces Fermes, qu'elle ne
les a conduite à l'utilité du Roi, & à
la leur particuliere. Ils font favans à
representer une neceffité politique de
les conferver dans leurs poftes, pour
affermir la confiance publique dans
les billets de la caiffe des emprunts
qui font les billets où ils ont figné
comme garants des prêts faits au Roi
mais dans le fonds, ce pretexte est
tout-à-fait vain.

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Inutilité I. Parce que l'on n'a garde d'ef de leurs perer qu'à l'avenir le Public fe conbillets de fie affez à de telles fignatures, pour faire de nouveaux prêts à leur caution.

la caiffe

des

prunts.

em

II. Parce que le Public fait bien que les Fermiers font infolvables pour de fi groffes fommes.

III. Parce qu'il ne s'attend pas d'en être payé en argent comptant,

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& qu'il fait bien que n'y ayant pas de difference entre ces billets, & ceux des monnoies ou affignations en general, le papier des Treforiers finirà également par des conftitutions fur la ville; ce qui fait dire à l'Auteur qu'il feroit neceffaire de faire une clafརྭ་ fe pareille à ces differens billets, & mettre le tout à la charge de la ville, dont le Roi ne paye l'interêt qu'à 4 & demi pour cent; au lieu qu'il paye celui des billets à cinq. Et il eft d'ailleurs remarquable qu'il n'eft point de Fermiers Generaux qui n'ayent beaucoup de ces billets, qu'ils ont été obligé de prendre pour interêts & droits de prefence; de forte qu'en aprofondiflant, on s'aperçoit que le Roi paye des interêts d'un fonds qui lui apartient, & qu'on l'a engagé à des principaux que ces Meffieurs fe font apropriés fans aucun droit, & même fans titre, pendant que tout l'Etat languit, & eft reduit dans une extremité qui décourage jufqu'aux Partifans, par le deplaifir qu'ils ont de n'en pouvoir prefque plus rien ar racher,

Rij

venu des

Roi,

Diminu- Le Roi retiroit de fes forêts en tion du re- 1688 plus de 20000000 de livres de forêts du revenu ; mais depuis ce tems on a tellement multiplié les charges & les droits, que l'on peut affurer qu'il y a plus de 8000000 de livres d'alienation depuis 1689; ce qui fait prefumer que, vu le cours de l'interêt de la finance au denier 10, le revenu des forêts eft reduit à la moitié de sa valeur.

Produit

Le produit de la ferme des poftes de la Fer- n'eft point connu par deux raisons; me des po- l'une qu'elle s'eft perpetuée dans une nu, & même famille qui fait être difcrete; pourquoi. l'autre que la taxe des ports de let

ftes incon

tres depend de ceux qui en ont le profit ; & que comme elle eft impofée par un chiffre fimple, elle eft roujours fans aucun rifque pour celui qui la fait, puifqu'en cas de plainte il en eft quitte pour dire qu'il s'est trompé. Et combien y en a-t'il qui negligent la plainte qu'ils jugent inutile, ne s'agiffant que d'une refticution extrêmement modique, mais dont l'imposition arbitraire & mul

tipliée auffi fouvent que l'on veut, fait chaque année un profit très-confiderabe. Il y a trente ans que le Controleur General des finances obtint que l'on fit publiquement des fous-fermes des poftes; mais la même famille, qui les tient actuellement, les fit fous main porter à fi haut prix, indemnifant ceux qui en étoient les encheriffeurs confidentaires, que les Etrangers ne purent contenir les fous-baux, fur quoi l'on conclud qu'il valoit mieux laiffer cette ferme à la regie de Mrs Rouillet Pajot & leurs parens, que de la mettre en d'autres mains. L'on a même penfé qu'il étoit du bien du fervice de concourir avec eux à cacher au Public le produit de cette ferme, comme un fecret neceflaire à l'Etat. Plufieurs de ceux qui croyent connoître le fonds de cette Ferme, difent que Mr de Louvois retiroit chaque année Combien 13 à 14000co livres du produit des qu'il en lettres étrangeres. On ne fauroit dou- revenoit à ter que Mrs Rouillé & Pajot n'y ayent Mr Louvois fait un très-confiderable profit, non- & à Mrs

on

croit

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