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Communauté de 30000 livres de revenu, paye 6 à 7000 livres. Les Curés font encore plus vexés que tous les autres, par proportion. Une feule parole du Maître, prononcée ferieusement, & avec l'autorité qui lui apartient remedieroit aifément à ces legeres malverfations, ou du moins diminueroit le fcandale.

A l'égard des dons gratuits des provinces, celles de Languedoc, de Provence, de Bourgogne, de Bretagne, d'Artois, de Bearn, Navare & Foix, conviennent des contributions annuelles, que l'on appelleroit Taille dans les autres pays. On ne niera pas que la maniere, dont elles repartiffent leurs impofitions, ne foit fujette à quelques abus ; mais il faut convenir qu'ils n'ont rien de comparable à ce qui fe paffe dans les autres provinces.

Nul Prin

amaffer de,

AFFAIRES EXTRAORDINAIRES.

On a ci-devant obfervé que, quelce ne peut que riche que foit un Etat, & queltreforsfans que économie que l'on pratique dans faire tort le gouvernement, il ne peut jamais àfessujets. foutenir une guerre de durée avec fes

revenus ordinaires. On en a montré les raifons, aufquelles il faut ajouter que celui-là feroit un extrême dommage à l'Etat, lequel voudroit se servir d'une trop fcrupuleufe difpenfa tion de deniers pendant la paix, dans l'efperance, d'amaffer pour les dépenfes des guerres futures, puifque nul Prince ne peut amaffer de trefor, fans dépouiller fes Sujets du reffort néceffaire pour mettre tout en mouvement ; lequel reffort ne confifte que dans les matieres d'or & d'argent, depuis que l'échange, ne fe pouvant plus faire entre les hommes en valeur reciproque, on eft convenu generalement de ces metaux, pour moyen Preuve proportionnel.

que dans

Les revenus ordinaires font établis

fités nou

faires,

par raport à la neceffité de l'emploi. les necef Ainfi quand la neceffité augmente velles, de comme pendant la guerre, il faut ab- nouveaux folument augmenter & forcer les re- revenus venus dans la même proportion : & font nécefpour en venir à bout, l'on s'eft de tout tems fervi de deux moyens ; l'un de vendre de la dignité & de l'honneur, c'est-à-dire des prééminences; l'autre d'augmenter les impofitions, foit en multipliant les droits, foit en en établiffant de nouveaux.

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Charges

deux

fortes, créées pour

. Ces charges & Offices vendus dans le cours de la guerre, font de deux de fortes; à favoir des dignités & emplois importans, qui fe font vendus cet effet. de gré à gré, fans rien perdre fur le prix fixé, & des Offices de moindre confideration, pour l'achat defquels l'empreffement ne dure gueres de forte que l'on a été obligé de les vendre en gros à des Partisans, qui les ont enfuite revendus en détail, auffibien que les taxes mêmes, dont ils ont fait le recouvrement, après en avoir fait l'avance. Le mal eft qu'il ne Profits é fe fait pas fans un dommage fenfible normes

que Traitans font.

les au Roi, & au Public, puifque de
cent livres, ils en tirent vingt-fix
livres 13
fols 4 deniers à leur profit.
Ceux qui ont examiné le principe de
ce gain énorme des Partifans, remar-
quent qu'en 1608. le Roi Henri IV.
n'accordoità Chalange, Traitant, que
le fixième du profit, fans interêt &
fans les deux fols pour livre ; fi ce
n'eft à l'égard de ceux qui ne payeront
pas volontairement. Dans la fuite
l'avidité des Partifans s'étant fait
écouter, il a fallu generalement leur
accorder les deux fols pour livre.
Mais il ne fe trouve aucune propor-
tion dans les engagemens que l'Etat a
pris avec ces Meffieurs, entre les an-
nées 1659 & 1689, & les années 1689
& 1709.

Bonne

de M. Col

bert.

Feu M. Colbert, Miniftre éclairé, conduite connoiffoit le plan de la finance; & comme les gens de mer connoiffent les écueils naturels, & les croifieres des Capres & des Corsaires, il favoit éviter les uns & les autres ; & à fa mort en 1683, l'Etat ne fe trouvoit en dette que de ce qui convenoit en bonne po

Etat des

chofes fous M. de Cha

litique. On peut comparer les rentes
de la ville dûes en 1683, à celles qui
font dûes aujourd'hui. M. de Chamil-
lard a tenté l'économie fur la remife
demandée par les Traitans, .ne leur millard.
accordant d'abord que deux fols pour
livres du capital convenu d'être porté
au Trefor Royal, & deux fols pour
livres fur les taxes & ventes d'Office,
Mais ils l'ont bien fçû amener à leur
point, la neceffité des affaires l'ayant
emporté fur toutes les vûes particu-
lieres. On croit que fur ce pied-là,
depuis 1689, jufqu'en 1709, ils ont
partagé entre eux plus de 266000000
de livres, pour les remifes des diffe-
rens traités qu'ils ont faits, en ne
portant le capital des traités qu'à
1000000000 de livres ; c'est-à-dire
dix fois 100000000 de livres. L'on
voit par l'état de ces differens traités,
que ce ne font que taxes & créations
d'Office; & il paroît, vu le grand
nombre, qu'il ne reste plus rien à in-
venter, ni à y ajouter.

Ainfi la perte que fait le Roi par les Combien remises, eft certaine; celle qu'il fait le Roi y a

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