Détail du prix du fel rendu dans Paris. Le muid de fel à brouage, tel que le proprietaire le vend, eft compofé de douze facs, chaque fac pefant 400 livres. Dans un fac il y a quatre minots. Chaque minot pefe cent livres. De maniere qu'il y a 48 minots dans le muid. Le muid rendu à la barque, coute depuis quatre livres dix fols à cent fols. C'eft à raifon de deux fols le minot. Les frais de voiture par mer depuis les côtes de brouage jufqu'à Rouen, montent à huit livres au plus par tonneau, pefant deux mille livres. Dans un tonneau il y a vingt minots de cent livres chacun. Si bien que cette voiture ne revient pas à dix fols par minot, de Rouen à Paris. Les voitures par eau ne coutent par tonneau que fept livres au plus. Supofé quelles reviennent encore à Ce que coute le fel arrivé à Paris. huit livres dix fois, le prix de l'achat compris, avec les frais de voiture de brouage à Paris, le minot ne revient qu'à vingt deux fols. Il y a les frais qu'il convient faire à Rouen, pour tranfporter le fel du navire au bateau, qui ne reviennent pas à un fol par minot, & autant à Paris, pour le tranfporter du bateau au gre nier. Tous frais faits, le minot ne peut done revenir au plus, rendu à Paris au grenier, qu'à vingt-cinq fols, y comprenant même un fols par minot pour les frais imprévus. Mettez cinq fols par minot pour le profit du marchand, le minot ne doit couter, rendu dans le grenier de Paris, que trente fols, le profit du marchand compris. Combien Il s'en confume dans les grandes il s'en con- Gabelles environ quinze mille muids dans les par an; & s'il étoit venal, il s'en congrandes fommeroit beaucoup davantage. fomme Gabelles. Il eft tems d'observer qu'aujourA quel prix les d'hui le Clergé, la Nobleffe & le tiers trois états Etat, achétent tous également le mile pren- not de fel des grandes Gabelles, de nent. puis depuis trente-cinq livres jufqu'à quarante-trois liv. les uns par l'achat volontaire, les autres par vente forcée, dont les Commis des Gabelles tiennent des registres de fexte, où ils comprennent jufqu'aux couvents d'hommes & de filles. Ce qu'il Quant aux petites Gabelles, dont coutedans le fel eft moins cher, on l'achete les petites toujours à plus de dix livres le mi- Gabelles. not: & quand le Roi permettra aux marchands de le vendre publiquement exempt de tous droits, à condition d'en tenir les greniers fournis pour trois ans, le minot rendu à Paris ne reviendroit qu'à trente fols, le profit du marchand compris ; & dans les lieux voifins des falines il ne coutera quafi que le prix de l'achat. Or pour rendre notre Monarque le Moyen plus opulent Potentat de la terre, eu d'augmen égard à l'étendue de fes Etats, le ter extragrand fecret eft que, fans referve, ment les tout le monde paye le droit d'amor- richelles tiffement, chacun felon fes facultés; du Roi de c'est-à-dire tous les Chefs de famille France, à leur aife des trois états, fans diC Tome II. ordinaire Ce que S. M.devroit faire ftinction de qualités. Ce feroit même un trait de politique, admiré de tous les fages, qu'il cet effet, plût à S. M. de fe mettre à la tête de ce reglement arrêté en fon Confeil, pour une fomme proportionnée à la grandeur de la dépenfe de bouche qu'elle fait en fa famille Royale, pour fervir d'exemple à tous les Grands du. Royaume. Exemple L'Empereur de la Chine, le grand des Prin- Mogol, le Kam de Tartarie, le grand ces Orien- Sophi de Perfe & le grand Turc, prafontla mé- tiquent cette louable maxime dans la me chole. levée des deniers publics. taux qui Et d'Au gufte. Combien Augufte, à l'exemple de Salomon, la pratiqua toujours fort adroitement pendant quarante-quatre ans qu'il fut maître abfolu de l'Empire, & s'en trouva bien; & je crois que c'eft une des chofes qui peut contribuer le plus à entretenir la fplendeur de la Monarchie. Si de vingt à trente millions de Sude gens la jets qu'a S. M. parmi lefquels il peut methode y avoir quatre millions de Chefs de foulage- famille dans le fiécle & dans l'Eglise, de l'auteur France. il n'y en a que trois millions qui roit procure en Si d'ailleurs on remet au même Soulagepeuple les deux tiets de la Taille, ment que car il feroit bon d'en laiffer au moins roit la diun tiers pour diftinguer la populace minution d'avec la Nobleffe, & que de trois des Tailles millions de Chefs de famille contri- felon fon buables, les plus riches ne payent plan. que cent livres, les moins riches vingt fols, quel nombre infini de benedictions ce nombre infini de peuples exempts ou foulagés, ne donnerat'il point au Souverain, & à fon Confeil. Ainfi que le change ment du S. M. outre cela, convertiffant le revenu des Aides en droit de Bouchon, pas un de fes Sujets, autre que les revenudes |