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(G.) -PROCLAMATION de l'empereur aux habitans du département de l'Isère. - De Grenoble, le g

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mars 1815.

« NAPOLÉON, etc.

Citoyens, lorsque dans mon exil j'appris tous les malheurs qui pesaient sur la nation, que tous les droits du peuple étaient méconnus, et qu'il me reprochait le repos dans lequel je vivais, je ne perdis pas un moment. Je m'embarquai sur un frêle navire; je traversai les mers au milieu des vaisseaux de guerre de différentes nations; je débarquai sur le sol de la patrie! Je n'eus en vue que d'arriver avec la rapidité de l'aigle dans cette bonne ville de Grenoble, dont le patriotisme et l'attachement à ma personne m'étaient particulièrement connus. Dauphinois, vous avez rempli mon attente!

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» J'ai supporté, non sans déchirement de cœur, mais sansabattement, les malheurs auxquels j'ai été en proie il y a un an. Le spectacle que m'a offert le peuple sur mon passage m'a vivement ému. Si quelques nuages avaient pu arrêter la grande opinion que j'avais du peuple français, ce que j'ai vu m'a convaincu qu'il était toujours digne de ce nom de grand peuple dont je le saluai il y a plus de vingt ans.

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Dauphinois, sur le point de quitter vos contrées pour me rendre dans ma bonne ville de Lyon, j'ai senti le besoin de vous exprimer toute l'estime que m'ont inspirée vos sentimens élevés. Mon cœur est tout plein des émotions fait naître ; j'en conserverai toujours le souvenir. Signé NAPOLEON. Par l'empereur, etc. >>

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(H.) -MINISTÈRE de la guerre.

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à l'armée.

que vous y avez

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Soldats, cet homme qui naguère abdiqua aux yeux de toute l'Europe un pouvoir usurpe, dont il avait fait un si fatal usage, Bonaparte est descendu sur le sol français, qu'il ne devait plus revoir!

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Que veut-il? La guerre civile. Que cherche-t-il? Des traîtres. Où les trouverait-il? Serait-ce parmi ces soldats qu'il a trompés et sacrifiés tant de fois en égarant leur bravoure? Serait-ce au sein de ces familles que son nom seul remplit encore d'effroi ?

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Bonaparte nous méprise assez pour croire que nous pouvons abandonner un souverain légitime et bien aimé pour

partager le sort d'un homme qui n'est plus qu'un aventurier. Il le croit, l'insensé ! et son dernier acte de démence achève de le faire connaître.

» Soldats, l'armée française est la plus brave armée de l'Europe; elle sera aussi la plus fidèle.

» Rallions-nous autour de la bannière des lis, à la voix de ce père du peuple, de ce digne héritier des vertus du grand Henri! Il vous a tracé lui-même les devoirs que vous avez à remplir il met à votre tête ce prince modele des chevaliers français, dont l'heureux retour dans notre patrie a déjà chassé l'usurpateur, et qui aujourd'hui va par sa présence détruire son seul et dernier espoir.

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» Paris, le 8 mars 1815. Le ministre de la guerre, signé maréchal duc de DALMATIE. »

(I.)

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ADRESSE de la Chambre des Pairs au roi, présentée par M. Dambray, à la tête d'une grande députation. Du 9 mars 1815.

Sire, les pairs de France apportent au pied de votre trône le nouvel hommage de leur respect et de leur amour.

» L'entreprise désespérée que vient de tenter cet homme qui fut longtemps l'effroi de l'Europe n'a pu troubler la grande âme de Votre Majesté; mais, Sire, vous avez dû prendre des mesures fermes et sages pour la tranquillité publique. Nous admirons à la fois votre courage et votre prévoyance. Vous assemblez autour de vous vos fidèles Chambres. La nation n'a point oublié qu'avant votre heureux retour l'orgueil en délire osait les dissoudre, et les forcer au silence dès qu'il craignait leur sincérité. Telle est la différence du pouvoir légitime et du pouvoir tyrannique.

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Sire, vos lumières vous ont appris que cette Charte constitutionnelle, monument de votre sagesse, assurait à jamais la force de votre trône et la sécurité de vos sujets. La nation, reconnaissante, se presse autour de vous. Nos braves armées et les chefs illustres qui les commandent vous répondent, sur leur gloire, qu'une tentative si folle et si criminelle sera sans danger. Les gardes nationales, qui maintiennent avec tant d'énergie l'ordre dans nos villes et nos campagnes, ne souffriront pas qu'il y soit troublé.

« Celui qui fait de honteux calculs sur la perfidie pour nous apporter la guerre civile trouvera partout union et fidélité, et dévouement sans bornes à votre personne sacrée.

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Jusqu'ici une bonté paternelle a marqué tous les actes de

votre gouvernement. S'il fallait que les lois devinssent plus sévères, vous en gémiriez sans doute; mais les deux Chambres, animées du même esprit, s'empresseraient de concourir à toutes les mesures que pourraient exiger la gravité des circonstances et la sûreté de l'Etat. »

RÉPONSE du roi.

« Je suis très sensible aux sentimens que m'exprime la Chambre des Pairs.

» Le calme qu'on veut bien remarquer en moi je le trouve dans la certitude de l'amour de mon peuple, dans la fidélité de mes armées, et dans le concours des deux Chambres. Quant à la fermeté, je la puiserai toujours dans le sentiment de mes devoirs. »

(K.) — ADRESSE au roi, présentée par M. Lainė, au nom des députés présens à Paris. Du 9 mars 1815.

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« Sire, l'intérêt de la patrie, celui de la couronne, tout ce qui est cher à la nation, l'honneur, la liberté nous appellent autour du trône pour le défendre, et en être protégés. Les représentans du peuple français sentent qu'on lui prépare le sort humiliant réservé aux malheureux sujets de la tyrannie:

»Si quelques mains françaises osent s'armer du glaive de la guerre civile, nous sommes sûrs que les chefs illustres et les soldats de nos armées, qui ont si longtemps défendu la France contre ses ennemis extérieurs, prêteront encore à leur pays le secours de leur épée. Les gardes nationales seront leurs nobles émules; et ce beau royaume ne donnera pas l'Europe étonnée le honteux spectacle d'une nation trahie par ses propres enfans.

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Quelles que soient les fautes commises, ce n'est pas le moment de les examiner. Nous devons tous nous réunir contre l'ennemi commun, et chercher à rendre cette crise profitable à la sûreté du trône et à la liberté publique."

» Nous vous conjurons, Sire, d'user de tous les pouvoirs que la Charte constitutionnelle et les lois ont mis entre vos mains. Les Chambres, que votre confiance a convoquées, ne manqueront ni au monarque ni au peuple français; elles seront, Sire, vos fidèles auxiliaires pour donner au gouvernement la force nécessaire au salut de l'Etat. »

RÉPONSE du roi.

« Je n'ai jamais douté des sentimens de la Chambre. Je me réunirai toujours à elle pour le salut, la liberté et le bonheur de mon peuple. »

(L.) ORDONNANCE du roi. Du

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1o.

LOUIS, etc.

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9 mars 1815.

-«Nous avons fait connaître à la France entière l'entreprise formée sur un des points de notre royaume par un homme dont le nom seul rappelle les malheurs de la patrie.

Nous comptons sur les sentimens patriotiques de tous les Français, sur leur attachement inviolable au trône, à leur souverain légitime, à cette Charte constitutionnelle qui fixe à jamais leur destinée; nous comptons sur le dévouement d'une armée dont la gloire a retenti dans toute l'Europe; et si, par suite de la paix, cette armée a subi une réduction qui ne nous a pas permis d'employer activement tous les braves officiers qui en font partie, et dont l'existence a été l'objet constant de notre sollicitude, le moment est venu où, laissant un libre cours aux sentimens d'honneur et de courage qui les animent, nous les appelons à en donner de nouvelles preuves.

A ces causes sur le rapport de notre ministre secrétaire d'état de la guerre (Soult), nous avons ordonné, etc. Art. 1. Tous les militaires en semestre et en congé limité, officiers, sous-officiers et soldats de toute arme, rejoindront sur le champ leurs régimens respectifs. (Suivaient dix-huit articles, qui réglaient l'organisation de ces militaires, ainsi que les avantages qui leur étaient accordés.)

2o.

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« L'ennemi de la France a pénétré dans l'intérieur. Tandis que l'armée va tenir la campagne, les gardes nationales sédentaires doivent garder les places fortes, contenir les factieux dans l'intérieur, dissiper leurs rassemblemens, intercepter leurs communications. Les gardes nationales sédentaires, qui présentent une masse de trois millions de propriétaires fonciers ou industriels, constituent une force locale universellement répandue, qui partout peut envelopper et harceler les rebelles, et redevient maîtresse partout où ils cessent d'être en force. De cette masse formidable, mais que d'intérêts attachent au sol, peuvent sortir des corps volontaires qui forment des colonnes mobiles, ou prennent rang avec l'armée. Il suffit pour cela que les gardes nationaux habillés, équipés et armés, qui par leur jeunesse, leur état et leur for

tant

tune, comme par leur noble dévouement, peuvent et veulent quitter un instant leurs foyers, se forment en corps de volontaires pour un service actif, mais libre et momentané. Ainsi la nation combattra partout avec l'armée, soit en ligne, soit comme auxiliaire, et montrera qu'un grand peuple, quand il ne veut point, ne reprend pas le joug qu'il a secoué. Mais comme c'est principalement par l'union que les peuples résistent à la tyrannie, c'est surtout dans les gardes nationales qu'il importe de conserver et de resserrer les nœuds d'une confiance mutuelle, en prenant un seul et même point de ralliement. Nous l'avons trouvé dans la Charte constitutionnelle, que nous avons promis d'observer et de faire observer à jamais, qui est notre ouvrage libre et personnel, le résultat de notre expérience, et le lien commun que nous avons voulu donner aux intérêts et aux opinions qui ont si longtemps divisé la France. A ces causes, mettant notre confiance entière dans la Charte constitutionnelle; dans les Chambres, qui sont avec nous gardiennes de la Charte, et qui nous environnent; dans l'expérience de nos peuples, éclairés par les phases diverses d'une longue révolution; dans l'honneur et la fidélité de l'armée et des gardes nationales, nous avons ordonné, etc.» (Suivaient treize articles, qui réglaient les dispositions à prendre pour la levée et la réunion des gardes natio-nales sédentaires et volontaires. L'article 9 était ainsi conçu :) « 9. Nous voulons que la Charte constitutionnelle soit le point de ralliement et le signe d'alliance de tous les Français. Nous regarderons comme nous étant seuls véritablement affectionnés ceux qui déféreront à cette injonction. Nous envisagerons comme un attentat à notre autorité, et comme un moyen de favoriser la rébellion, toute entreprise directe ou indirecte, par actions, écrits ou propos publics, qui tendrait à ébranler la confiance des gardes nationales et la Charte constitutionnelle, ou à les diviser en factions par des distinctions que la Charte réprouve.

(M.)

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DECRETS impériaux, rendus à Lyon, le 13 mars 1815.

NAPOLÉON, etc. »

1o. -«Considérant que la Chambre des Pairs est composée en partie de personnes qui ont porté les armes contre la France, et qui ont intérêt au rétablissement des droit féodaux, à la destruction de l'égalité entre les différentes classes, à l'annullation des ventes des domaines nationaux, et enfin à priver le peuple des droits qu'il a acquis par vingt-cinq ans

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