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aussitôt allumée parmi nous, et qu'à l'instant même plus de trois cent mille étrangers, dont je ne pourrais plus enchaîner les bras, fondraient de tous les côtés sur notre patrie! Vaincre ou mourir pour elle, que ce soit là notre cri de guerre!

» Et vous qui suivez en ce moment d'autres drapeaux que les miens, je ne vois en vous que des enfans égarés. Abjurez donc votre erreur, et venez vous jeter dans les bras de votre père! Et, j'y engage ici ma foi, tout sera sur le champ mis en oubli!

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Comptez tous sur les récompenses que votre fidélité et vos services vous auront méritées.

» Ce 18 mars 1815. Signé Louis. » (1).

(R.)- ORDRE DU JOUR. - Le maréchal (Ney) prince de la Moskowa aux troupes de son gouvernement.

« Officiers, sous-officiers et soldats, la cause des Bourbons est à jamais perdue! La dynastie légitime que la nation française a adoptée va remonter sur le trône : c'est à l'empereur Napoléon, notre souverain, qu'il appartient seul de régner sur notre beau pays. Que la noblesse des Bourbons prenne le parti de s'expatrier encore, ou qu'elle consente à vivre au milieu de nous, que nous importe! La cause sacrée de la liberté et de notre indépendance ne souffrira plus de leur funeste influence. Ils ont voulu avilir notre gloire militaire; mais ils se sont trompés: cette gloire est le fruit de trop nobles travaux pour que nous puissions jamais en perdre le souvenir !

» Soldats, les temps ne sont plus où l'on gouvernait les peuples en étouffant tous leurs droits; la liberté triomphe enfin, et Napoléon, notre auguste empereur, va l'affermir à jamais! Que désormais cette cause si belle soit la nôtre et celle de tous les Français ! Que tous les braves que j'ai l'honneur de commander se pénètrent de cette grande vérité!

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Soldats, je vous ai souvent menés à la victoire : maintenant je veux vous conduire à cette phalange immortelle que l'empereur Napoléon conduit à Paris, et qui y sera sous peu de jours; et là notre espérance et notre bonheur seront à jamais réalisés. Vive l'empereur !

>> Lons-le-Saunier, 13 mars 1815. Le maréchal d'empire, signé prince de la Moskowa. »

(1) On lit dans le Moniteur imprimé sur l'original écrit de la

main du roi.

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Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à nos amés et féaux les pairs de France et les députés des départemens.

La divine Providence, qui nous a rappelé au trône de nos pères, permet aujourd'hui que ce trône soit ébranlé par la défection d'une partie de la force armée qui avait juré de le défendre. Nous pourrions profiter des dispositions fidèles et patriotiques de l'immense majorité des habitans de Paris pour en disputer l'entrée aux rebelles; mais nous frémissons des malheurs de tout genre qu'un combat dans ses murs attirerait sur les habitans.

» Nous nous retirons avec quelques braves que l'intrigue et la perfidie ne parviendront point à détacher de leurs devoirs; et, puisque nous ne pouvons point défendre notre capitale, nous irons plus loin rassembler des forces, et chercher sur un autre point du royauine non pas des sujets plus aimans et plus fidèles que nos bons Parisiens, mais des Français plus avantageusement placés pour se déclarer pour la bonne cause.

»La crise actuelle s'apaisera; nous avons le doux pressentiment que les soldats égarés, dont la défection livre nos sujets à tant de dangers, ne tarderont pas à reconnaître leurs torts, et trouveront dans notre indulgence et dans nos bontés la récompense de leur retour.

» Nous reviendrons bientôt au milieu de ce bon peuple, à qui nous ramènerons encore une fois la paix et le bonheur. » A ces causes, nous avons déclaré et déclarons, ordonné et ordonnons ce qui suit :

» Art. 1er. Aux termes de l'article 50 de la Charte constitutionnelle, et de l'article 4 du titre II de la loi du 14 août 1814, la session de la Chambre des Pairs et celle de la Chambre des Députés des départemens pour 1814 sont déclarées closes. Les pairs et les députés qui les composent se sépareront à l'instant. » 2. Nous convoquons une nouvelle session de la Chambre des Pairs, et la session de 1815 de la Chambre des Députés. » Les pairs et les députés des départemens se réuniront le plutôt possible au lieu que nous indiquerons pour le siége provisoire de notre gouvernement.

» Toute assemblée de l'une ou de l'autre Chambre qui aurait lieu ailleurs sans notre autorisation est dès à présent déclarée nulle et illicite.

» 3. Notre chancelier et nos ministres, chacun dans ce qui le concerne, sont chargés de l'exécution de la présente pro

clamation, qui sera portée aux deux Chambres, publiée et affichée tant à Paris que dans les départemens, et envoyée à tous les préfets, sous-préfets, cours et tribunaux du royaume.

» Donné à Paris, le 19 mars de l'an de grâce 1815, et de notre règne le vingtième. Signé LOUIS. Par le roi, le chancelier de France, signé DAMBRAY.

(T.) ADRESSE à l'empereur, par ses ministres. Audience du dimanche 26 mars 1815.

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PAROLES de l'archichancelier.

Sire, les ministres de Votre Majesté viennent vous offrir leurs respectueuses félicitations.

Lorsque tous les cœurs ressentent le besoin de manifester leur admiration et leur joie, nous avons cru devoir consigner nos opinions et l'expression de nos sentimens dans l'adresse que j'ai l'honneur de vous présenter.

» Puisse Votre Majesté accueillir cet hommage de ses fidèles serviteurs, de ses serviteurs si cruellement éprouvés, máis si complètement dédommagés par votre présence et par toutes les espérances qui s'y trouvent attachées! >

ADRESSE des ministres.

<< Sire, la Providence, qui veille sur nos destinées, a rouvert å Votre Majesté le chemin de ce trône où vous avait porté le choix libre du peuple et la reconnaissance nationale. La patrie relève son front majestueux; elle salue pour la seconde fois du nom de libérateur le prince qui détrôna l'anarchie, et dont l'existence peut seule aujourd'hui consolider nos institutions libérales.

» La plus juste des révolutions, celle qui devait rendre à l'homme sa dignité et tous ses droits politiques, a précipité du trône la dynastie des Bourbons. Après vingt-cinq ans de, troubles et de guerres, tous les efforts de l'étranger n'ont pu réveiller des affections éteintes ou tout-à-fait inconnues à la génération présente; la lutte des intérêts et des préjugés d'un petit nombre contre les lumières du siècle et les intérêts d'une grande nation est enfin terminée !

» Les destins sont accomplis; ce qui seul est légitime, la cause du peuple, a triomphe. Votre Majesté est rendue au vœu des Français; elle a ressaisi les rènes de l'Etat au milieu des bénédictions du peuple et de l'armée.

» La France, Sire, en a pour garans sa volonté et ses plus

chers intérêts; elle en a pour garant tout ce qu'a dit Votre Majesté au milieu des populations qui se pressaient sur son passage.

"

» Les Bourbons n'ont rien su oublier; leurs actions et leur conduite démentaient leurs paroles. Votre Majesté tiendra la sienne : elle ne se souviendra que des services rendus à la patrie; elle prouvera qu'à ses yeux et dans son cœur, quelles qu'aient été les opinions diverses et l'exaspération des partis, tous les citoyens sont égaux devant elle, comme ils le sont devant la loi.

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» Votre Majesté veut aussi oublier que nous avons été les maîtres des nations qui nous entourent; pensée généreuse, qui ajoute une autre gloire à tant de gloire acquise.

>>

Déjà Votre Majesté a tracé à ses ministres la route qu'ils doivent tenir; déjà elle a fait connaître à tous les peuples, par ses proclamations, les maximes d'après lesquelles elle veut que son Empire soit désormais gouverné. Point de guerre au dehors, si ce n'est pour repousser une injuste agression; point de réaction au dedans, point d'actes arbitraires; sûreté des personnes, sûreté des propriétés, libre circulation de la pensée tels sont les principes que vous avez consacrés.

» Heureux, Sire, ceux qui sont appelés à coopérer à tant d'actes sublimes! De tels bienfaits vous mériteront dans la postérité, c'est à dire lorsque le temps de l'adulation séra passé, le nom de père de la patrie; ils seront garantis à nos enfans par l'auguste héritier que Votre Majesté s'apprête à couronner au Champ de Mai.

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Signé CAMBACERES, archichancelier; GAUDIN, duc de Gaëte, ministre des Finances; H.-B. MARET, duc de Bassano, ministre secrétaire d'Etat; duc DECRÈS, ministre de la Marine; FOUCHÉ, duc d'Otrante, ministre de la Police générale ; MOLLIEN, 'ministre du Trésor; CAULAINCOURT, duc de Vicence, ministre des Affaires étrangères; CARNOT, ministre de l'Intérieur; maréchal DAVOUST, prince d'Eckmulh, ministre de la Guerre. »>

RÉPONSE de l'empereur.

«Les sentimens que vous m'exprimez sont les miens. Tout à la nation, et tout pour la France, voilà ma devise.

» Moi et ma famille, que ce grand peuple a élevés sur le trône des Français, et qu'il y a maintenus malgré les vicissitudes et les tempêtes politiques, nous ne voulons, nous ne devons et nous ne pouvons jamais réclamer d'autres titres. »>

(V.) DÉLIBÉRATION du Conseil d'état qui établit la légitimité du pouvoir impérial. Audience du dimanche 26 mars 1815, aux Tuileries.

Defermont porte la parole en qualité de doyen des présidens du Conseil.

« Sire, les membres de votre Conseil d'état ont pensé, au moment de leur première réunion, qu'il était de leur devoir de professer solennellement les principes qui dirigent leur opinion et leur conduite. Ils viennent présenter à Votre Majesté la délibération qu'ils ont prise à l'unanimité, et vous supplier d'agréer l'assurance de leur dévouement, de leur reconnaissance, de leur respect et de leur amour pour votre personne sacrée. »

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Extrait du registre des délibérations. Séance du 25 mars 1815.

« Le Conseil d'état, en reprenant ses fonctions, croit devoir faire connaître les principes qui font la règle de ses opinions et de sa conduite.

» La souveraineté réside dans le peuple ; il est la seule source légitime du pouvoir.

» En 1789 la nation reconquit ses droits, depuis longtemps usurpés ou méconnus.

» L'Assemblée nationale abolit la monarchie féodale, établit une monarchie constitutionnelle et le gouvernement représentatif.

» La résistance des Bourbons aux vœux du peuple amena leur chute et leur bannissement du territoire français.

» Deux fois le peuple consacra par ses votes la nouvelle forme de gouvernement établie par ses représentans.

» En l'an VIII Bonaparte, déjà couronné par la victoire, se trouva porté au gouvernement par l'assentiment national ; une Constitution créa la magistrature consulaire.

» Le sénatus-consulte du 16 thermidor an X nomma Bonaparte consul à vie.

» Le sénatus-consulte du 28 floréal an XII conféra à Napoléon la dignité impériale, et la rendit héréditaire dans sa famille.

>> Ces trois actes solennels furent soumis à l'acceptation du peuple, qui les consacra par près de quatre millions de votes. » Ainsi, pendant vingt-deux ans, les Bourbons avaient

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