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me conduira devant mes juges; et quelle

que soit leur sentence...... VIVE LE ROI !

Je suis,

DE VOTRE MAJESTÉ,

SIRE,

Le très humble, très obéissant et très soumis et fidèle sujet

L'abbé VINSON,

Prêtre, vicaire de Ste.-Opportune de Poitiers

JUSTIFICATIF

DE L'ABBÉ VINSON.

SIRE,

Le divin Sauveur du monde, assis dans une barque avec ses disciples, sommeillait et voguait sur le lac de Génézaret : une tempête s'éleva tout-à-coup, et souleva les flots qui menacérent de les engloutir. Seigneur, s'écrièrent les disciples, nous périssons! réveillez-vous et sauvez-nous! Alors Jésus se réveilla, parla aux vents, et les flots s'apaisèrent...

"

La tempête des persécutions religieuses que Votre Majesté, après vingt ans d'exil, avait appaisée par sa seule présence, voudrait-elle s'élever de nouveau ? voudrait-elle engloutir vos disciples, vos compagnons d'exil et d'infortune, les apôtres de la légitimité sacerdotale et royale, et les restes enfin de ce clergé catholique et fidèle, qui a constamment défendu les droits sacrés de l'autel et du trône, et

qui n'a jamais ni violé ses serments, ni reconnu d'autre souverain que Votre Majesté ? L'illustre prélat qu'on peut justement appeler par son âge et ses vertus, le patriarche de l'église gallicane, est à leur tête, et il occupe une place éminente auprès de votre personne sacrée : pacificateur de la France, nous périssons! réveillez-vous, Sire! parlez aux vents qui nous menacent, et sauvez-nous!

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Telles sont les paroles que nos évêques, sans doute, ont déjà plusieurs fois adressées à Votre Majesté: et moi-même aujourd'hui, particulièrement frappé de cette funeste tempête, et menacé par les tribunaux d'en éprouver bientôt les plus terribles coups, je viens répéter au pied du trône ces mêmes paroles apostoliques, et demander à Votre Majesté, non la grâce, mais la justice qu'elle doit, et qu'elle aime à rendre sans doute à tous ses sujets, et plus particulièrement encore aux intrépides défenseurs de sa cause : car l'innocence ne doit jamais réclamer que les jugements de la plus stricte équité; elle peut laisser au crime le soin de se sauver dans les pays lointains, à la faveur de la clémence des Rois.

SIRE, je suis appelé devant les tribunaux pour un ouvrage que j'ai publie en faveur de l'église gallicane et des droits de Votre Ma

jesté; je l'ai fait remettre et déposer aux pieds de Votre Majesté : et c'est là par conséquent, c'est aux pieds de Votre Majesté que doivent être portées les premières preuves de ma justification. Ma doctrine religieuse et ma loyauté sont à la fois compromises; on veut m'arracher le mérite et la gloire de vingt-cinq ans de fidélité à mes supérieurs légitimes et à mon légitime Souverain; et pour avoir écrit et publié un ouvrage où je prouve que la cour de Rome, et le souverain Pontife, et le cardinal Caprara, soutenus et secondés par un usurpateur, n'ont point eu le droit de bouleverser l'église gallicane, ni de chasser de leurs siéges nos évêques légitimement élus, et canoniquement institués, ni de proserire la famille des Bourbons, ni de délier les Français de leur serment de fidélité, ni de leur imposer, par un catéchisme nouveau, le devoir d'obéir et d'être fidèle à Buonaparte, à sa famille, à ses successeurs, sous peine de damnation éternelle; ni d'exercer, enfin, une puissance religieusement, civilement et politiquement souveraine sur le temporel de nos Rois et sur la propriété de leurs plus fidèles sujets; pour avoir démontré toutes ces vérités, dis-je, je suis menacé des odieuses conséquences d'un jugement criminel, de la perte de mon honneur

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et de ma liberté, d'un emprisonnement peutêtre de cinq années, et d'une amende qui pourra s'élever jusqu'à la somme de 20,000 francs heureux même, si les magistrats de Votre Majesté ne me renvoient pas, au nom de Votre Majesté, dans l'exil et la proscription" que j'ai soufferts pendant vingt-deux ans pour les intérêts et la cause de Votre Majesté!

Mais que dis-je? il n'en sera point ainsi : toute justice émane du Roi, dit le 57me, article de la Charte constitutionnelle; et c'est aussi le premier article de cette Charte de fidélité, d'obéissance et d'amour que les vrais royalistes ont toujours présent à l'esprit et gravé dans leurs coeurs. Je vais remonter à cette source de toute justice, comme on va puiser quelquefois toujours l'eau pure à sa source; je vais d'abord plaider ma cause au pied du trône, à l'auguste tribunal du Prince que, dans notre exil, nous avions et reconnaissions uniquement pour juge et pour maître, tandis que la France était jugée et maîtrisée par Buonaparte et ses tyrans subalternes; je ferai retentir mon innocence des marches du trône jusqu'au fond des tribunaux, et là je viendrai chercher ensuite mon diplôme judiciaire et l'acte authentique de ma justitication, aux mêmes lieux d'où sont partis les actes de mon accusation trop publique.

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