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proféré des cris séditieux, mais des paroles de paix et de bonheur pour ce monde et pour l'autre. Je n'ai point publié une doctrine dangereuse, puisque c'est celle de la religion de l'Etat et si cette doctrine est erronnée, comme l'assure M. le procureur du Roi, j'ai quarante évêques légitimes de France pour complices; et, pour juge, l'Eglise universelle.

Je n'ai point cherché, dans mon écrit, à affaiblir l'autorité de Votre Majesté : j'y ai vengé constamment ses droits et ceux de notre Eglise, contre les prétentions de la cour de Rome, et de l'usurpateur qu'elle a si puissamment secondé. La légitimité sacerdotale et royale, unique et véritable palladium de la gloire et du bonheur de la France, a constamment éclairé, exalté mon esprit, enflammé mon ame, et brûlé dans mon cœur, pendant la composition de mon ouvrage : et, je le déclare à la face du ciel et de la terre, en présence de Votre Majesté et de votre auguste Famille, et des ennemis qui m'accusent, et des amis qui me soutiennent, et des lâches qui m'abandonnent, quelles que soient les vicissitudes funestes que le temps ou les pervers fassent éprouver à mon pays malheureux, cette double légitimité sera toujours Foriflamme que je prendrai pour guide, et l'arche sainte autour de laquelle j'irai me réunir à mes princes et à mes évêques légitimes.

Après avoir solennellement déposé à vos pieds, SIRE, l'hommage de mes principes qu'on appelle séditieux, il est peut-être nécessaire de mettre sous les yeux de Votre Majesté le tableau de ma fidélité pratique : il est vrai que dans le champ de l'honneur et de la loyauté, j'ai moissonné jusqu'ici, pour tout fruit de mes travaux, la pernicieuse ivraie que mes ennemis y ont semée. Mais il est des sentiments dont la pratique porte sa récompense en ellemême : et le fidèle amour d'un Français pour son Roi légitime est de ce nombre.

Je n'ai point alternativement encensé Baal et le Dieu d'Israël : les premiers jours de la révolution m'ont trouvé inébranlable au poste de la loyauté; et c'est aux journaux royalistes que j'ai porté le tribut de mes premiers essais littéraires.

Dès que la prétendue constitution civile du clergé, en 1791, nous proposa de mettre dans nos consciences un parjure à la place d'un serment, je levai le bouclier contre elle, et devins son ennemi; elle me traita de même; et sa haine, qui me conduisit aussi devant les autorités de ce temps-là, pour y justifier mes opinions religieuses, n'est peut-être point étraugère à l'accusation qui vient de m'appeler devant les tribunaux.

Car la philosophie révolutionnaire est une hydre, nou seulement à mille têtes, mais à mille couleurs, à mille formes: monarchiens; jacobins, républicains, régicides, buonapartistes, concordataires, libéraux, etc., c'est toujours elle, plus ou moins hideuse. Le royalisme anti-révolutionnaire est, au contraire, invariable de sa nature dans la France ou dans l'étranger, vainqueur ou vaincu, riche ou pauvre, propriétaire ou dépouillé, heureux ou malheureux, payé de reconnaissance ou d'ingratitude, il est toujours fidèle, toujours le même ; c'est toujours lui.

Comme prêtre catholique et royaliste, j'ai été persécuté; tantôt caché, tantôt emprisonné et traduit devant les autorités populaires, qui jugeaient en premier et dernier ressort.-Comme vicaire de Ste.-Opportune de Poitiers, j'ai été condamné à la déportation. - Comme déporté réfractaire, j'ai été arrêté à Couhé, petite ville à sept lieues de Poitiers; le 8 septembre 1792, j'ai été pillé et accablé d'injures et de coups; j'ai eu pendant un quart-d'heure la corde fatale au cou, pour être pendu à l'arbre de la liberté, avec cinq autres ecclésiastiques. M. Raison, prêtre d'Angers, et curé dans le diocèse de Larochelle, qui marchait à mon

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côté vers l'arbre de la mort, a pú raconter ce fait en Espagne à Mgr. de Couci, qui est actuellement à Paris. La cupidité de nos bourreaux qui nous ont quittés un moment pour aller dépouiller de nouvelles victimes survenues, nous a sauvés. Travesti en garde nationale, je me suis embarqué à Bordeaux pour l'Espagne: après avoir été volé et battu par les douaniers, au fort de Blaye, et à bord, insulté, maltraité, assommé par les matelots, j'ai enfin débarqué, malade, épuisé, nu et mourant, dans le port de Saint-Sébastien, en Espagne. – Mgr. l'évêque de Dax (de la Neuville) m'a accueilli, m'a secouru, m'a sauvé la vie, et m'a envoyé, muni d'un passeport du général R1CARDOS, dans la ville de Vittoria, où j'ai résidé trois ans en proie à la misère, à l'orgueil des Espagnols, aux reproches et au mépris des évêques et des moines ultramontains. Chassé de là, par l'invasion des armées françaises, j'ai traversé l'Espagne du nord à l'ouest, au milieu des imprécations et des dangers, et me suis rendu à Saint-Jacques de Compostelle, ayant toujours la misère pour compagne, et pour consolation, ma loyauté. Après un an dé résidence, je me suis embarqué à la Corogne pour l'Angleterre..!

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Là, je respire enfin; ma foi se console de

toutes ses disgrâces; je suis au milieu de nos évêques légitimes.-Mon royalisme triomphe; je vois mes princes et puis les servir. Tous mes efforts se dirigent vers le rétablissement de l'autel et du trône; et la légitimité sacerdotale et royale devient le texte et le but de tous mes écrits. J'ai donc successivement publié à mes frais, et fait répandre gratis à Bordeaux, dans la Bretagne, la Vendée, le Poitou, et sur toute la côte occidentale de la France, les ouvrages suivants :

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1o. En 1797, Réflexions critiques, ou Lettre à M. de Calonne, auteur du tableau de l'Europe, avec cette épigraphe: Tu verò repulisti, et despexisti: distulisti christum tuum. Ps. 88., pour combattre le nouveau culte catholique, ou soi-disant tel, , que voulait donner à notre malheureuse patrie cet ancien ministre des finances. Son Altesse Royale, MONSIEUR recut et accueillit cet ouvrage à Édimbourg, par les soins de M. le comte François Descars

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2o. En 1798, Étrennes royales, historiques, politiques et littéraires, destinées à soutenir le royalisme dans l'intérieur de la France, à alimenter sa fidélité, et à prouver que l'intérêt -de tous les rois de l'Europe devait les engager dans une sainte ligue contre la révolution française. Cet ouvrage fut répandu avec profusion

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