au Louvre, des draps, des couvertures, des tapis, des schalls et des écharpes de toutes formes et de tous prix; un schall de 4,500 francs, des jupons de femme à 28 sous, des draps du prix de 60 fr. réduit à 46 fr. - Dans un envoi qu'il fit dernièrement en Angleterre, on voulut saisir ses draps à l'entrée, sous prétexte qu'ils n'étaient pas déclarés à leur valeur. Il les offrit à ce prix à la Douane, et le commerce anglais en fut effrayé. A Paris, la réduction de ses prix lui attira une foule d'ennemis et beaucoup d'injures. Mais il n'eu persista pas moins dans les réductions qu'il avait annoncées, et le plus juste appréciateur du mérite et des services rendus à l'État, le Roi le vengea de ces injures, par des suffrages qui paient tous les services. Après M. Ternaux, vient M. Poupard de Neuflise, de Sedan, dont les fabriques (Poupard, Barot, Lemoine, Desmares) sont renommées pour l'uni et le brillant de leurs tissus. Celles de Louviers (Riboulleau, Jourdain, Gerdret) soutiennent leur vieille réputation. Elbeuf (Mathieu Quesné) a fait d'heureux efforts pour atteindre. Reims est toujours saus rivale pour ses casimirs, ses coatings et ses flanelles légères. La ville de Castres a prouvé que l'industrie s'élève aussi dans les provinces méridionales. M. Anne Vaute Guibal a fabriqué le premier ces étoffes croisées et foulées, appelées cuirs de laine; il est parvenu à filer des draps de la laine du Thibet, legers, souples et solides. Dans cette quantité de tissus de laine, l'attention des dames s'est fixée plus particulièrement sur les schalls, et particu lièrement sur les cachemires français des fabriques de MM. Teruaux, La Gorce, Bosquillon, Rey, etc., presque tous d'une finesse de tissu, d'un éclat de couleurs, et d'un bon goût de dessin qui permettent de croire que la France sera bientôt affranchie du tribut qu'elle payait à l'Inde. L'un de ces fabricans, M. Rey, avait publié quelque temps auparavant un écrit plein de détails curieux sur les procédés que les Indiens emploient dans la fabrication des chales (il prétend que le nom doit s'écrire ainsi), et il a prouvé que l'on pouvait mieux faire à moins de frais. Un des produits les plus remarquables de cette classe est une pièce de cachemire fabriquée (par M. Hindenlang fils aîné, de Paris), avec le duvet pur des chèvres kirghises, élevées à la ber gerie royale de Perpignan... Ce duvet a été filé au no 210. L'étoffe en est admirablement travaillée, fine, soyeuse et transparente comme la mousseline. A côté de ces précieux tissus, brillaient encore des schalls en bourre de soie (de MM. Ajac, de Lyon; Dufour, de Saint-Quentin, etc.), dont les couleurs sout plus vives que celles des schalls anglais.. Soieries. De toutes les fabrications françaises, les soieries étaient naguère les plus réputées. Nous n'avons rien perdu en ce genre; mais nos voisins y ont gagné. Cependant, on vante toujours les gazes, les rubans et les bas de Paris et de Nimes; les velours et les lampas de Tours. Mais les produits de Lyon sont hors de toute comparaison. Ou compte qu'il y a soixante-dix mille ouvriers employés dans les fabriques de soieries, 48 millions de capitaux enga gés dans ce commerce, 108 millions de fabrication annuelle, dout on exporte au moins pour 30 millious... On connaît la belle tenture de la salle du trône, de MM. Grand, qui avaient eu une médaille d'or à l'exposition de 1819: les objets exposés cette année par les mêmes (MM. Grand et MM. Dutilleu, Banse, Poidebars, etc.) ne sont pas moins brillans en étoffes d'or et d'argent, tentures, meubles, ornemens d'église: sauf en quelques-uns de ces derniers objets, le meilleur goût s'y joint à la richesse. On est parvenu à fabriquer des panneaux de tapisserie tout d'une pièce ou si adroitement assemblés qu'il ne paraît aucune couture sur le velours ou le satin. Jamais on n'avait vu tenture si magnifique. Dentelles.-La fabrication des dentelles et blondes (Caen, Alençon, Chantilly) a gagné pour le goût des dessins, mais peu de chose sous d'autres rapports. Les tulles de coton en ont restreint la consommation. Cotons. L'esprit de nationalité a eu beau se récrier contre l'importation et l'usage du coton; il n'est plus possible de s'y soustraire: c'est une matière de première nécessité. Anssi la France est couverte de filatures et de fabriques. Rouen est en possession de fournir les tiles communes; Saint-Quentin, dont il faudrait citer presque tous les fabricans, est parvenu à fournir ses articles au mème prix que reviendraient les tissus étrangers. C'est une conquête immense sur l'Angleterre. La Flandre française, jadis si fameuse par ses toiles, cultive, file et fabrique le lin et le chanvre avec succès. Cette culture n'occupe pas moins de 160,000 hectares, et produit environ 58 millions. On file en Flandre du lin dont la livre vaut de 15 à 1,600 fr. On fabrique à Cambrai des mouchoirs supérieurs pour le tissu et la couleur à ceux de Madras. Grâce aux nouveaux procédés chimiques, l'application des couleurs sur les étoffes de laine et de coton a reçu partout des améliorations, surtout en Alsace dans les fabriques de M. Hausmann de Logelbach et de M. Heilmann de Mulhausen. Meubles, etc.-On a cent fois observé que les bourgeois de nos jours étaient mieux ou plus confortablement logés et meublés que les seigneurs d'autrefois. Il s'est opéré en effet sur ce point une révolution singulière dans les goûts et un perfectionnement incontestable dans les produits de l'industrie. L'école de Châlons fondée par M. le duc de La Rochefoucault-Liancourt, celle d'Angers instituée sur ce modèle, ont envoyé à l'exposition toutes sortes de meubles où l'élégance est jointe à la solidité. Hors quelques-uns de formes bizarres, que la mode ou le besoin de contenter même le mauvais goût fait inventer, ceux qu'on fabrique à Paris sont généralement faits sur de bons modèles. Quoique l'importation des bois étrangers soit d'une faible valeur dans la balance du commerce, l'industrie des ébénistes s'est exercée avec succès sur les bois indigènes, tels que l'orme, l'érable, l'acacia, le frêne et l'aulne. MM. Werner, J. J. Vacher Benard ont fait, en ce genre, des meubles d'un goût exquis et d'une fabrication parfaite. En tapis, ou ameublemens de tapisse rie, les étrangers peuvent nous envier les produits de la manufacture royale de la Savonnerie et même de celle d'Aubusson. Il est sorti de fort beaux objets des ateliers de Mlle Lalouette-Dubucquoi, succes seur de sa tante, et de Mlle Gérard. A côté des produits de leur art faits pour les palais ou les grandes fortunes, il est curieux d'observer que M. Chenavart en a inventé pour la demeure du bourgeois le moins aisé. Ils sont fabriqués avec le poilcourt et peu flexible de la vache, qui n'était employé jusqu'ici que par les bourreliers, et dont M. Chenavart est parvenu à tirer un fil bien tordu, mouliné et moelleux. Ces tapis ne reviennent qu'à 35 cent. le pied carré. Le même fabricant a importé ces tapis veruis ou toiles cirées, imprimées en couleur, dont les Anglais se servent pour couvrir leurs tables, et pour tapis d'été dans leurs salles de bains, etc. Quelques efforts qu'on eût faits pour le perfectionnement des cristaux français, nous étions restés en arrière de nos voi sins; mais M. Chabot a observé, pris et perfectionné leurs procédés pour la taille des cristaux. Ceux de Mont-Cenis et du Creuzot ne laissent rien à désirer pour la blancheur et le brillant des reflets. En fait de porcelaine, la Manufacture royale de Sèvres est au premier rang. Les produits qu'elle expose ne peuvent être regardés que comme des objets d'art; mais après eux, on peut citer, entre les produits les plus utiles de l'industrie française, ceux de la fabrique de M. Nast, à Paris; de celle de Villedieu (Iudre), dont il a été envoyé un vase Médicis du meilleur goût. Comme objets d'art, on a admiré deux candélabres en porphire artificiel de Sarreguemines, et comme objets d'utilité publique, les poteries de la même fabrique de M. Utzschnider, comparables aux belles poteries étrusques, pour la matière et pour la forme. Les étrangers n'ont rien de si parfait, de si utile dans l'économie domestique et à l'usage de toutes les classes. Une grande partie de ces améliorations est due à l'application des sciences, et surtout de la chimie aux procédés des arts utiles, et les produits de cette science sont eux-mêmes entrés dans cette exposition. On y a vu des échantillons d'alun parfaitement identique avec celui de Rome, provenant des fabriques de MM. Chaptal, Darcet et Holker, qui donnent par jour 43,323 kilogrammes de produits divers. Arts divers. Un des plus beaux présens que la chimie ait fait à l'industrie, est l'imitation du flint-glass anglais. Au moyen de cette acquisition, on a fabriqué les instrumens d'optique de la plus grande dimension et qui ne laissent plus rien à désirer, tels qu'un télescope de M. Canchoix, un équatorial, conduit par une mécanique de pendule, de M. Gambey, etc. Entre les objets d'art, où l'industric de Paris domiue presque exclusivement, qui ont vivement intéressé les observateurs, on a distingué les médailles en platine de M. Bréant; les nouveaux produits de la lithographie; les pierres artificielles de M. Senefelder; l'invention de la lithochromie ou l'application du procédé lithographique à l'impression des tableaux en couleurs à l'huile; la belle collection des caractères de M. Molé; plusieurs ouvrages nouveaux sortis des presses des Didot, et tés pou une carte géographique de France imprimée en caractères typographiques invenpar M. Firmin Didot; des instrumens de musique (harpes de Nadermann, pianos de Pape, etc.), le métronome et les pées parlantes de M. Maëlzel, et mille autres produits de luxe ou d'utilité qui mériteraient des détails dans lesquels nous ne pouvons plus entrer. Il nous suffit, pour compléter l'idée qu'on peut se faire du mérite et de la variété des produits de cette exposition, de citer les médailles d'or qui ont été données par S. M. le 13 octobre, sur le rapport du jury. RAPPELS DE MÉDAILLES d'or. MM. Riboulleau et Jourdain; Louviers (Eure). Bacot frères; Sedan (Ardennes). Ternaux et fils; Paris. Gerdret aîné; Louviers (Eure). Chatonay Leutuer et compagnie; Tarare (Rhône). Auguste Mille; Lille (Nord). Grand, frères; Lyon (Rhône). Depouilly, Schirmer et comp.; Paris. 2e Division. Metaux. Les entrepreneurs des fonderies de Romilly; Romilly (Eure). Debladis et comp.; Imphy (Nièvre). École royale des arts et métiers de Châlons; Châlons (Marne). Beannier, ingénieur en chef des mines; Haut-Fourneau de Saint-Hugon (Isère). Milleret; Haut-Fourneau de Saint-Hugon (Isère). Dufaud, directeur des mines de Fourchambault; Fourchambault (Nièvre). Mersian; Montataire (Oise). Garrigon, Saus et comp.; Toulouse (Haute- Braunier, ingénieur en chef au corps royal Conlaux ainé et comp.; Molsheim (Bas- Mouchel; Laigle (Orne) Japy frères; Beaucourt (Haut-Rhin). 3e Division. Herhan; Paris. Mme veuve Gonord; Paris. 6e Division. Poteries. Chagot frères; Montceuis (Côte-d'Or). Gernou, successeur de Désarnod; Paris. Fauler; Choisy-le-Roi (Seine-et-Oise). Jean-Baptiste Montgolfier; Annonay (Ardèche). MÉDAILLES D'or: Ire Division. Tissus. Guibal (Anne-Vaute); Castres (Tarn). Dannet et Odiot; Beaumont-le-Roger (Eure). Mathieu Quesné et fils; Elbeuf (SeineInférieure). Anatole Gerdret; Louviers (Eure). Laurent, Cunin Gridaine et Bernard; Sedan (Ardenucs). Chayaux frères; Sedan (Ardennes). Poupard de Neuflize et fils; Sedan (Ardennes). Dautremont et Doyen; Villepreux (Seinc. et-Oise). Giraud, Perrault, Fabry et Montanier; Glaise et Guigoud: Tarare (Rhône). Lagorce et comp.; Paris. Moreau frères; Chantilly (Oise). Mme veuve Defrénnes; Roubaix (Nord). Pelletier (Henry); Saint-Quentin (Aisne). Dutilleu et comp., Lyon (Rhône). Maillé (Philippe); Lyon (Rhône). 68 Degallois, ingénieur en chef des mines; Haut - Fourneau, près Saint-Étienne (Loire). De Windel; Moyauvre et Hayange (Moselle). Boignes, frère, et comp.; Fourchambault (Nièvre). Jackson; Outrefurens (Loire). Bernadac; Sabarre et Ria (Pyrénées- Rémond; Versailles (Seine et-Oise). Roswag; Schelestadt (Bas-Rhin). Coulaux; Molsheim (Bas-Rhin). comme savant et non comme manu- Gonfréville; Rouen (Seine-Inférieure). Jesfrey-Horne; Hallenis, près Saint-Omer Outre ces médailles d'or il a été distribué ou fait rappel de 213 médailles d'argent, et d'environ 300 médailles de bronze. Enfin une ordonnance postérieure (du 23 octobre), a nommé chevaliers de l'ordre royal de la Légion d Honneur: MM. Guibal (Aune Vaute), fabricant de draps à Castres; Frédéric Jourdain, fabricant de draps à Louviers; Gerdret aîné, fabricant de draps à Louviers; Aimé Joly, fabricant de cotons files à Saint-Quentin; Dutillen, fabricant de soie à Lyon; Rey, fabricant de châles à Paris; Hiudenlang, fils aîné, fabricant de châles à Paris; Boignes, l'un des propriétaires des usines de Fourchambault; Gensoul (Joseph), filateur et mécanicien à Lyon; Mole jeune, fondeur et graveur en caractères d'imprimerie; Bréant vérificateur général des essais à la Monnaie de Paris. a FIN. PRÉFACE. TABLE DES MATIÈRES. PREMIÈRE PARTIE. HISTOIRE DE FRANCE. Page ▾ CHAP. Ier. ÉTAT de la France au commencement de 1823. Changemens dans CHAP. II. Présentation de diverses lois. Lear effet sur l'opinion publique. - Plainte portée à la chambre des pairs contre un journaliste (M. Martain- Jugement rendu par la Chambre. — Exposé des motifs du projet de loi pour un crédit éventuel de 100 millions, destiné à couvrir les dé- penses extraordinaires de 1823. Rapport fait sur ce projet. - Commen- cement de la discussion. Discours de M. Manuel. Interruption des - - - - 34 CHAP. III. Proposition de M. de La Bourdonnaye pour l'exclusion de M. Ma- nuel. - Défense de cet orateur. Rapport de la commission sur la pro- position. Discussion à cet égard. Exclusion temporaire prononcée. Expulsion de M. Manuel hors de la Chambre par la force armée. Suites CHAP. IV. Suite de la discussion du projet de loi relatif au crédit supplémen- taire de 100 millions pour le service de 1823. - Adoption du projet par la chambre des députés. Discussion à la chambre des pairs. CHAP. V. Proposition, discussion et adoption du projet de loi pour le rap- pel des vétérans ou soldats libérés au 31 décembre. CHAP. VI. Entrée de l'armée française en campagne. Départ du ministre de la guerre pour Bayonne. Bruits de conspirations. dassoa. Appel de la classe de 1823. CHAP. VII. Discussion du projet pour le règlement des comptes de 1821, et adoption de la loi dans les deux Chambres. CHAP. VIII. Discussion du budget de 1824. — Rapport de la commission de la chambre des députés. Discussion. Nouvelle opposition qui s'élève dans la Chambre. CHAP. X. Événemeus divers. Mesures d'administration publique.- Esquisse |