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Il ne me reste plus qu'à dire que Notre-Dame est orientée liturgiquement. Elle a la forme d'un parallélogramme et se termine par une abside éclairée par trois grandes baies ogivales montant jusqu'aux voûtes. Les faces latérales sont percées de deux rangs de fenêtres ogivales, les inférieures dans les murs des chapelles et les supérieures dans le mur de la grande nef. L'intérieur de l'église consiste en une grande nef, deux collatérales et deux rangées de chapelles en haut de tout cela, l'abside ornée de son pendentif de pierre. La hauteur sous voûte est de 18 mètres et la longueur de 65 mètres. Les stalles, décrites par M. de Soultrait, ont des détails excellents; les accoudoirs et les miséricordes, d'un bon dessin, sont ou grotesques ou satyriques; les panneaux supérieurs contiennent de saints personnages en bas-reliefs, d'une faible saillie, sentant la Renaissance. Le fonds de l'abside contenait, jusque dans ces derniers temps, un superbe Christ en ivoire qui, au siècle dernier, ornait la salle de réunion des Etats de Bresse. Il est à la sacristie, dans laquelle on peut voir aussi quelques tableaux qu'on dit remarquables. Au flanc septentrional extérieur de l'abside est une crédence saillante dont l'ouverture est grillée. Elle correspondait au Tabernacle où, à l'intérieur, on conservait les espèces consacrées. Après la fermeture de l'église, le soir, on y allumait une lampe ou un cierge indiquant aux personnes pieuses où il fallait diriger leurs prières. M. de Caumont signale l'existence de crédences du même genre dans plusieurs églises de Bourgogne, comme la nôtre de la dernière période ogivale.

Quoi qu'il en soit, que Notre-Dame nous soit chère. Elle a été bâtie par nos pères au prix de grandes privations et au milieu de longues misères. Elle est moins riche, moins luxueuse que Brou, qui est œuvre de prince; mais Notre-Dame, dans sa sévère simplicité, sera toujours l'église du peuple, ainsi que le disait le vieux Paradin, qui constatait dans sa Chronique de Savoie « que des millions de personnes y prient, car il n'y a personne à Bourg qui, une fois le jour, n'aille faire son oraison et dévotion en la dicte église ».

(A suivre.)

BROSSARD.

SONNETS.

LA MUSE A PIED.

« Ils sont trop verts, dit-il... » (LA FONTAINE.)

Oui, Monsieur le Baron : chacun son agrément.
Sur cette même route où poudreux et rapide
Le char de vos coursiers s'envole à toute bride,
Je marche lentement.

J'aime à suivre les bords où mon esprit timide
Dans l'insecte et la fleur trouve un délassement;
J'ai respiré, du jour où le brancard fut vide
De ma pauvre jument.

Des chevaux ! Un cocher! Les bords de la voiture,
L'étouffement, le bruit, la peur d'une aventure,
D'ennuis, de maux, d'effroi doubleraient mon chemin.

Lorsqu'au vent frais d'Avril sa joue est caressée,
La Muse à pied s'en va légèrement bercée,
Souriant au rêveur qu'elle a pris par la main...

(Monsieur le Baron m'avait félicité de ce qu'on m'avait souvent vu aller à pied de Meillonnas à Bourg.)

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Un crayon rendu. — Souvenir à ta gentille enfant, qui croyait qu'un petit frère lui répondait.

Du Droit, que feu Bugnet s'essayait à m'apprendre,
Je ne connais pas même un article aujourd'hui ;
Mais je n'ignore point que l'on ne doit rien prendre,
Ne fût-ce qu'un crayon, s'il est le bien d'autrui.

A retenir le tien je suis loin de prétendre,
Malgré certaine loi qui me donne un appui ;
Je t'affirme son maître, et, si j'use de lui,
C'est pour te prévenir que je vais te le rendre.

Si, peintre, je savais guider son dard subtil,
J'aurais pour mon dessin un si riant modèle,
Que ta charmante Laure y verrait son profil.

De la place où l'écho répétait son babil,
Un petit frère rose arriverait près d'elle.

Est-ce rêver trop mal pour un premier avril ?

4er Avril 1874.

Il est venu ce frère tant désiré; mais, hélas! il est déjà reparti, le 14 octobre 1876.

MONACO.

D'un golfe sans rival, ô cieux éblouissants!
Enchantements des yeux ! Délices des oreilles !
Jardins qui charmez l'âme et l'esprit et les sens!
Êve seule entrevit d'aussi douces merveilles.

Ce Paradis terrestre est parfumé d'encens ;
L'air et l'eau sont d'azur ; les aurores vermeilles ;
A cueillir tous les fruits les doigts sont impuissants,
Et les bouquets trop courts s'échappent des corbeilles.

La brise donne aux fleurs des baisers amoureux; Les colombiers sont pleins de concerts langoureux; L'orchestre incomparable y joint sa voix divine.

Pigeons, sauvés du tir, au nid vous revenez !
Vos morts vont dans la cave où Satan fait cuisine
Des larmes et du sang des joueurs ruinés.

A MON AMI X...,

Ancien Procureur de la République.

Tu méprises les vers! mais en as-tu le droit?
Qui possède un front haut n'a point le cœur étroit.
Tant que Dieu sèmera des enfants et des roses,
Les Muses franchiront tes portes les mieux closes.

Rien n'y peut du Parquet le jargon rauque et froid. L'ivrogne en sa chanson, le curé dans ses proses Priment d'un Substitut les rengaines moroses, Qu'en son coin le recors seul applaudit d'un doigt.

Qu'on soit rimailleur fou, poursuivant dans l'espace Sans trève et sans espoir le bel oiseau qui passe,

Les papillons d'azur et les rêves dorés ;

Ou magistrat tonnant sur l'accusé qui sue;
Quand l'un pose son arc et l'autre sa massue,
Le croque-mort, tous deux, les emporte ignorés...

ANTOINE BOUVIER.

LE FAREINISME

PRÉAMBULE.

Un écrivain compétent avait commencé à traiter ce sujet : il s'est arrêté après la première page.

Les autres historiens de Fareins ne savent pas très bien ce que c'est que le Jansénisme, origine de la secte des deux Bonjour, et pas bien mieux ce que c'est que le Quiétisme qui a dépravé cette secte. De là leur inintelligence du sujet.

De plus, ils se renseignent uniquement chez les adversaires; de là leur rage contre les Fareinistes.

Le côté politique de cette conception bizarre leur échappe plus complètement encore que son côté religieux.

Il y a donc lieu de revenir là-dessus.

M. Perroud m'a transmis des documents importants et inédits, par lui recueillis à la Sous-Préfecture de Trévoux ; ils me renseignent sur l'intervention de la politique dans les affaires de la secte, depuis 1790 jusqu'à 1826.

Un ancien sectaire, tout à fait désabusé, m'instruit sur les personnes.

J'ai dans les mains un recueil de cantiques, qui ne laissent rien ignorer soit des dogmes de la secte, soit de ses espérances d'avenir;

Et une correspondance du prophète François Bonjour avec les siens, avec la femme qui est pour les croyants l'épouse divine, la mère du Paraclet, troisième personne de la Trinité.

Il ne m'appartient pas de dire que ce travail est intéressant; il l'est, je crois, pour ceux qui s'occupent de l'histoire des religions. Il sera peut-être trouvé curieux par d'autres. Et il est, en très grande partie, absolument neuf.

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