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Mon bras vous tire d'esclavage,

Vous rendant un peuple nouveau.

Je suis votre sauveur. O ma nation sainte !..

Mon prophète attendu son secours vous apporte,

etc.

François Bonjour arrivera quinze jours après son frère. La Délibération, dont les auteurs sont des légistes peu familiers avec l'Ecriture, dit très sensément d'ailleurs : « La Révolution actuelle a paru au sieur Bonjour une circonstance favorable pour rentrer dans sa cure et continuer son apostolat. »

La situation de ces légistes, richement possessionnés à Fareins ou dans les communes voisines contagionnées, était particulière. MM. Merlino, Jourdan, Bruchet, etc. étaient aussi partisans que pas un de la Révolution, en communion d'idées, par là du moins, avec les Bonjour. Mais cela ne les rapprochait en aucune façon des sectaires qu'ils tenaient pour des fous furieux ou des fripons malpropres. L'idée de laisser les Bonjour s'emparer de l'autorité à Fareins ou de la partager avec eux ne leur vint à aucun moment. Peu nombreux, ils s'unirent, pour avoir une armée, aux Catholiques, et préparèrent avec le curécommis la résistance à l'assaut que l'arrivée des deux prophètes faisait prévoir.

Il serait naïf de consulter le Droit canonique sur le cas de Fareins. De quelque façon que ce cas y soit réglé, le belligérant condamné saura bien tourner la sentence. Le sens commun dit que là où il y a deux troupeaux, il y a place pour deux pasteurs, lesquels n'ont autre chose à faire qu'à vivre l'un à côté de l'autre, sans trop se mordre. Mais le sens commun n'a aucune chance d'être écouté dans ces procès-là. Silence donc à ses radotages!

Il y a deux récits du conflit qui suivit il y en a toujours deux en pareille occurrence (dont souvent aucun n'est honnête). Je suis celui des Catholiques :

F. Bonjour était arrivé le 20 septembre 1789. L'évêque (in partibus) de Sarepta, administrateur du diocèse pendant la vacance du siège de Lyon, était à Fareins, chez un chanoine Vouty. Le 21, « environ cent personnes se présentèrent à lui tumultueusement, disant qu'ils vouloient F. Bonjour pour leur curé et qu'ils alloient l'installer ».

Puis cette foule se porte sur la cure, d'où Comte a disparu, « s'empare des clefs de l'église, se met à sonner les cloches à toute volée ». F. Bonjour monte en chaire et fait à l'émeute « un discours peu propre à la calmer », se contente de dire la Délibération, qu'il faut croire sur ce point. Toutefois un écrivain catholique a imprimé qu'il prêcha là la loi agraire seulement. Cet oubli de toute mesure dans les paroles s'accorderait peu avec celle que l'on mit dans les actes. La foule s'établit dans le jardin de la cure, les Bonjour restant au milieu d'elle: on nous montre François « les bras en croix, les yeux au ciel, l'excitant ». (Lettre du sous-préfet de Trévoux, Sausset ; archives de Trévoux.) Les prophétesses, les miraculées, les possédées que nous savons, « les moines fanatiques », dont nous a parlé Jolyclerc, sont là. Cependant tout ce monde insensé se réduit à arrêter qu'on passera tous ensemble la nuit dans le jardin, qu'on restera là jusqu'à ce que le curé Bonjour soit remis en possession, et « il fut impossible de les faire retirer ». (Délibération.) Mais M. de Sarepta avait écrit pour appeler la maréchaussée de Trévoux.

Le lendemain, M. de Lanoir, le sous-lieutenant, arrive avec deux cavaliers; il remontre à Bonjour que n'ayant pas

fait révoquer « la commise de Comte, les ordres du Roi, il ne peut se remettre en possession », ne se fait pas écouter, verbalise. « Bonjour craignant les suites, engage sa troupe à se retirer; et le jardin de la cure est libre après une occupation de trente-six heures... »

Ceci, le 22 au soir. Le 27 est prise la Délibération des 57. « Louis Le Viste de Briandas, comte de Montbriand, etc., savoir faisons que par-devant le conseiller du Roi, notaire, etc., sont comparus : Messire Claude, marquis de Sarron, etc.; M. Vouty, prêtre, etc.; sieur Jean-Marie Merlino, conseiller, etc.; sieur Albert Bouchet, bourgeois de Lyon, etc., etc, tous formant la majorité des habitants, etc., puisque la contribution aux vingtièmes de la paroisse montant à 1,462 livres, ils en paient 1,350 à eux seuls, etc., etc., lesquels ont dit, etc., etc. » Suit un exposé des faits qu'on sait.

(A suivre.)

JARRIN.

BIBLIOGRAPHIE

Contribution à l'étude de l'ostéologie comparée du Chimpanzé, par le docteur J.-B.-M.-H. Bouvier. (Thèse pour le Doctorat.) Paris,

Gauthier-Villars.

Le navigateur Hannon rapporta de son périple incomplet, il y a 24 siècles, les premiers anthropoïdes. On eut à Carthage le sentiment vague de l'intérêt de sa découverte, car on plaça ces êtres singuliers dans un temple.

Pendant les 23 siècles suivants, les hommes se sont occupés principalement à s'entre-manger, sous deux ou trois prétextes bizarres. Mais, depuis environ cent ans, quelques-uns, renonçant à cette récréation, s'emploient à regarder et à étudier notre petit monde et ses habitants.

En 1766, Buffon décrit un Chimpanzé. M. Broca, en 1877, dit du bipède imparfait des forêts de Guinée que « sa structure organique est extrêmement rapprochée de celle de l'homme ».

M. le docteur Bouvier, dans le cabinet de son frère, le secrétaire de la Société zoologique, avait seize Chimpanzés à sa disposition. Il fait, enfin, de ces aînés de notre race une étude exacte; il met des chiffres, veux-je dire, à la place d'assertions vagues.

Le rapport entre notre taille moyenne et notre colonne vertébrale étant 100, ce rapport chez l'anthropoïde est 80.2. L'humerus de l'homme étant 19.53, celui du Chimpanzé est 25.68. Notre radius étant 73.93, celui du nègre 79.40, celui du Chimpanzé va à 93.75.

Le fémur du nègre est plus petit que celui du blanc de 3.23. Le nègre diffère plus en ce point des anthropoïdes que nous. Il en diffère plus que nous aussi par le rapport du tibia à la taille.

Ces deux derniers faits sont inattendus, si je ne me trompe, et dérangeraient certaines théories.

Mémoire sur la création d'une école d'enseignement professionnel à Bourg (Ain), par E. Chevrier. Bourg, Authier et Barbier, 1880.

Le but de ce travail est, dit l'auteur, p. 26, de « renseigner le public sur l'état de la question, et d'appeler sur l'entreprise la bienveillance et les bons conseils ».

A cette fin, M. Chevrier publie son rapport au Conseil municipal, présenté et adopté à l'unanimité le 9 juin 1877.

Ce rapport expose d'abord les intentions de M. Carriat, qui nous a donné sa fortune par testament « pour servir à la création de diverses écoles publiques et gratuites d'arts et connaissances utiles en faveur de la jeunesse des deux sexes... se proposant surtout (par là) de venir en aide aux familles peu aisées ». (P. 5 et 7.)

«< Aucune combinaison ne réaliserait mieux ces intentions qu'une grande école professionnelle », dit le Rapport, p. 9.

En organisant cette école, «< il faut procéder lentement et progressivement...

>> Il faut développer les connaissances acquises à l'école primaire. >> On devra organiser l'apprentissage pour les professions se rattachant à l'industrie du bâtiment...

» On devra préparer un certain nombre d'élèves à la carrière commerciale...

» L'industrie de la poterie, considérable ici, pourrait prendre de l'extension sous l'influence de cours de dessin, de chimie, etc.

» L'institution peut comporter l'enseignement agricole et horticole... (P. 9 et 10.)

» Plus tard, des cours pourront être faits aux filles, suivant le vœu de M. Carriat. » (P. 18.)

Cet énoncé est suivi d'un passage que voici :

« Nous n'abordons point la question du règlement de l'Institution. Ce règlement fixera... surtout quelles seront les matières de l'enseignement... Le Conseil municipal aura à s'en occuper plus tard. (P. 20.)

M. Chevrier ajoute à son rapport des renseignements sur diverses écoles de Paris, du Hâvre, de Lyon. Ils s'adjoignent utilement à ceux que le Rapport contient sur les écoles de Montargis et d'Orléans. Enfin, il demande aux lecteurs leurs bons conseils ». Il veut, ce me semble, laisser les lecteurs conclure.

Je suis trop étranger aux questions de cet ordre pour avoir ici de conseil à donner.

Notice sur Juvenal, par M. L. Fontaine, professeur de littérature laline à la Faculté de Montpellier. Versailles, Aubert, 1880.

On ne sait ni la date de la naissance de Juvénal, ni celle de sa mort. Il fut élevé par un affranchi qui était peut-être son père. Quoi qu'en ait dit Boileau, il ne fut pas élevé « dans les cris de l'école ». Il fut d'abord tribun ou préfet d'une cohorte de Dalmates auxiliaires, servit en Bretagne et fit partie peut-êtré de cette expédition d'Agricola qui explora et occupa le nord de l'Ecosse et les Orcades. On le voit plus tard, ayant renoncé à la carrière militaire, devenir flamine de Vespasien, puis, à la fin de sa vie, magistrat municipal de la petite ville d'Aquinum, au pays volsque.

Entre sa vie guerrière et sa retraite à Aquinum se place un long

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