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13 fructidor. Réorganisation du District, commune, tribunal, etc.

par Boysset.

Arrestation de Nicod dit Marat, agent national; de

Ducimetière dit Brutus, qui seront conduits à Bourg.

et renouvellement de la Société populaire.

Dissolution

15 (1er septembre). Arrestation de 3 membres du ci-devant Comité de surveillance.

24.

· Réquisition de 930 livres de beurre pour Paris. Le 12 vendémiaire, Boysset élargit les deux Perrault.

Je désire que ces notes si incomplètes donnent, à des gens mieux placés que moi, l'idée d'étudier l'histoire de leur district ou de leur commune pendant la Révolution.

On aura vu ici que cette histoire n'est pas partout semblable. C'est le résultat (indiscutable je crois) d'un premier triage et débrouillement fait trop vite, et surtout sans la connaissance suffisante des hommes, des faits, que l'on n'a bien que sur place.

Que ceux qui voudraient tenter de reprendre ce travail sur nos Districts, me permettent de leur offrir un conseil ou deux. Ce qui m'en donne la confiance c'est que je crois avoir mesuré les difficultés du sujet.

1o A l'époque révolutionnaire les documents publics sont la base, de beaucoup principale, des renseignements : ce temps n'ayant peur de rien a tout affiché hautement.

Ces documents sont le plus souvent fort verbeux. Quand ils contiennent trois lignes utiles, il ne faut pas leur en emprunter quatre. Quant à les publier intégralement, ce serait défier la patience des lecteurs.

2o La tradition orale et la légende, c'est tout un. Il y a très peu à s'y fier. Si on veut s'en servir, il faut traduire leur langue qui est celle de l'imagination dans la langue du bon sens et on chicanera la traduction.

3o Les documents privés imprimés et manuscrits sont fort dangereux à suivre. Ces témoignages sont pour l'ordinaire de gens mêlés à la lutte, en ayant souffert, et qui devant leur papier blanc ne sont retenus ni par leurs colères, ni par leurs rancunes. Ils se vengent à leur aise, portes closes. On comprend ces fureurs chez des combattants. Mais ceux qui se les inoculeraient et les resserviraient après quatre-vingt-dix ans, ne récolteraient à ce métier que dégoût et mépris.

4o Est modus in rebus. Proportionnons-nous à notre sujet qui est petit. Ce qui nous concerne, nous, notre famille, notre clocher, nous paraît toujours fort digne de mémoire. Mais voyons bien; on n'en juge pas ainsi de l'autre côté de la rivière. Que dis-je ? de l'autre côté de la rue... on en rit de l'autre côté du mur mitoyen. Pour nous défendre de ce patriotisme domestique, le meilleur moyen est de faire court.

L'on va me dire que je n'ai pas prêché d'exemple. C'est vrai. J'avais projeté de faire ce volume plus court de 150 pages je n'ai eu ni le temps ni la force.

JARRIN.

CHIEN ET CHAT,

Jadis un vieux musicien

Vivait heureux avec deux bêtes,

Un jeune chat, un jeune chien.
Entre eux trois le logis était toujours en fêtes.
Le vieux riait sous ses lunettes

Quand ses deux compagnons sautaient,
Grimpaient, couraient, se poursuivaient,
Mais en amis, sans coup de patte, ni querelle.
Ils mangeaient à la même écuelle
Et couchaient au même chenil.

Mais voilà qu'au terme d'avril
Arrive le propriétaire.

Je ne veux plus de vous, dit-il, pour locataire.
D'abord vous payez mal; puis le jour et la nuit
Vous vivez dans le bruit.

Le chien aboie et le chat miaule;

Le maître au piano fait l'accompagnement;
Les voisins réveillés ne trouvent pas çà drôle...
Cherchez un autre logement.

Aussitôt fait. Le pauvre croque-note
Déménage dans une hotte,

Laissant son piano pour gage du loyer,
Puis, suivi de son chien, cherche un autre foyer.
Il en trouve un, mais non sans peine,
S'installe, étend un vieux tapis de laine

Pour ses deux compagnons, au pied de son grabat.
Puis, les cherchant des yeux : « Mais où donc est le chat?
Hé, Minet! Nous l'aurons sans doute

Egaré le long de la route.

Allons, Médor, va chercher le trainard! »

Médor se met en quète sans retard,
Passe chez toutes les tripières,
Chez la mère Michel, hélant le vagabond,
Aboie à toutes les gouttières,

Nul miaulement ne lui répond.

Il revenait baissant l'oreille,

Quand, devant le logis abandonné la veille,
Il entend des ronrons et s'écrie: « Il est là !
Raminagrobis, te voilà !

Tu n'as donc pas suivi le maître...
Ce n'est pas bien de disparaître
Quand nos amis sont malheureux ! »

Le chat répond d'un ton mielleux :
« Si tu savais combien j'admire ta conduite,
Cher ami! Mais pourquoi veux-tu que je t'imite?
Je ne suis pas Médor, mais Raminagrobis.

Le chien s'attache à l'homme, et le chat au logis.
Libre à toi de chérir ce vieux Cadet-Rousselle,
De le suivre en tous lieux, comme un barbet fidèle.
Ce qui me plaît à moi, c'est ce vieil escalier,
Ces murs à l'aspect familier,

Le coin de cette cheminée

Où, depuis si longtemps, je dors l'après-dinée...
Vous suivre ailleurs ?.. Ce ne serait plus çà !
J'y suis, j'y reste, et glose qui voudra!

Mes compliments au vieil artiste! »

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AMBROISE LAHALLEUR.

Le premier décadi de frimaire an II, le Représentant en mission Huguet appela les populations des campagnes du district de Montbeney à une fête civique dont le principal attrait fut l'abjuration solennelle de douze religieuses. La dernière de ces filles qui comparut en la chaire de Saint-Andoche (devenu le temple de la Raison) fut Jeanne-Marie Lehalleur de Vaumurier. Ces Vaumurier ont acheté des lettres de noblesse du duc de Savoie Charles III, en 1598. Les deux derniers mâles venaient de se faire tuer en Vendée.

La citoyenne Lehalleur avait gardé sa robe blanche de bénédictine, mais elle avait un ruban rouge dans ses cheveux blonds dénoués. Elle était grande, maigre, sans grâce; ses yeux étaient assez beaux, ses traits aquilins et durs; sa physionomie et son attitude étaient d'une Némésis. Elle dit d'une voix ferme et froide : « J'abjure des engagements qui n'ont pas été volontaires et dont j'ignorais le sens quand on me les a dictés. » Une longue acclamation suivit.

Mile Lehalleur se retira ensuite en sa masure de Vaumurier, inhabitée depuis cent ans environ et assez délabrée. La suppression de la main-morte réelle, encore existante dans cette province en 89, avait supprimé les revenus de la famille. La maison de ville avait été vendue

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