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» avec cette audace qui promettoit la victoire ; non, » je ne veux rien voir en vous de ce que la morty » efface; vous aurez dans cette image des traits » immortels. Je vous y verrai tel que vous étiez à » ce dernier jour sous la main de Dieu, lorsque sa » gloire sembla commencer à vous apparoître ; c'est » là que je vous verrai plus triomphant qu'à Fri»bourg et à Rocroi..... Agréez ces derniers efforts » d'une voix qui vous fut connue. Vous mettrez fin » à tous ces discours. Au lieu de déplorer la mort » des autres, grand prince, dorénavant je veux » apprendre de vous à rendre la mienne sainte. » Heureux si, averti par ces cheveux blancs du » compte que je dois rendre de mon administra» tion, je réserve au troupeau que je dois nourrir » de la parole de vie, les restes d'une voix qui » tombe, et d'une ardeur qui s'éteint. »

FIN DU HUITIÈME LIVRE.

HISTOIRE

DE BOSSUET.

LIVRE NEUVIÈME.

Histoire des Variations.

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On ne peut apprécier tout le mérite de l'His

toire des Variations, et saisir la pensée qui inspira à Bossuet le dessein de cette belle et vaste composition, qu'en se plaçant avec lui dans la position où il avoit trouvé les Catholiques et les Protestans.

La plupart des hérésies que le christianisme avoit vues naître depuis son établissement, convenoient au moins d'un principe commun; elles s'accordoient à reconnoître et à respecter l'autorité de l'Eglise. Chacune d'elles avoit attaqué successivement quelque point de sa doctrine, ou quelques-unes des règles de sa discipline; mais elles ne lui contestoient ni le droit de juger, ni la forme dans laquelle elle prononçoit ses jugemens. L'Eglise, en vertu de la puissance que les paroles et les promesses de Jésus-Christ lui avoient transmise, traduisoit à son tribunal les novateurs,

discutoit leurs opinions, entendoit leurs accusateurs, écoutoit les défenses et les explications des accusés; et, appuyée sur l'Ecriture et sur la tradition, elle prononçoit ses décrets.

Cette forme, prescrite par Jésus-Christ luimême, avoit été invariablement suivie depuis l'origine du christianisme; elle avoit presque toujours suffi pour remplir l'objet de sa divine institution; et quand on se rappelle cette suite innombrable de sectes qui se sont succédées, et dont les auteurs et les erreurs sont presque oubliés sans avoir laissé aucune trace sur la terre, on ne peut qu'admirer la sagesse divine qui a présidé à la constitution de

l'Eglise.

Plus audacieux que tous ceux qui les avoient précédés depuis quinze siècles, les novateurs du seizième avoient tout attaqué, et prétendu tout renverser. Il est vrai que Luther annonça et promit d'abord une humble soumission au jugement du Pape et de l'Eglise. Mais cet homme ardent, incapable de garder aucune mesure, irrité d'un jugement qu'il avoit lui-même provoqué, se hâta de rétracter ses premiers engagemens. Fier de ses succès, enhardi par le nom, la puissance et l'éclat de ses protecteurs, il ébranla tous les fondemens du christianisme, et porta une main téméraire à toutes les institutions de l'Eglise. Il mit en controverse les points les plus importans de la doctrine chrétienne; il foula aux pieds ses institutions les plus précieuses, conserva, ou retrancha à son gré des sacremens que leur origine divine et la tradition de quinze siècles avoient consacrés; altéra, effaça, abroga les rites les plus anciens de l'Eglise; et s'interdit à lui-même tout espoir

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