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par un agent forestier, lequel, jugeant à titre d'expert, décide de l'opportunité et de la nécessité de l'application de ce moyen, mettant ainsi le propriétaire à l'abri de tout recours en ce qui concerne l'allumage du

contre-feu.

En tout cas le forestier qui, en dehors des Maures et de l'Estérel, allume le contre-feu, soit avec l'assentiment du propriétaire, soit avec l'autorisation du maire 1, ne peut endosser, à notre avis, aucune responsabilité.

S'il n'en était pas ainsi, aucun forestier n'oserait plus, dans les forêts comprises dans sa circonscription, et no amment dans les forêts de l'Etat et des Communes, dont il répond, employer le seul mode d'extinction pouvant donner de bons résultats.

La fréquence et l'intensité des incendies de forêt que nous avons signalées au début de cet article montrent que cette conclusion serait désastreuse pour le maintien du taux de boisement de la France, que l'on cherche encore à relever par des reboisements très coûteux en efforts et en argent. Aussi croyons-nous bon, au moment où la question forestière s'impose à l'opinion publique, de signaler cette situation et d'émettre le veu que l'application des dispositions de l'article 12 de la loi du 19 août 1893 soit étendue à l'ensemble du territoire français.

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La chaîne côtière qui s'étend du nord au sud de Madagascar, séparant le plateau central de l'Océan Indien, est couverte de forêts dont l'épaisseur varie, de l'est à l'ouest, entre 40 et 70 kilomètres. La partie de cette immense bande boisée comprise entre Moramanga et Béforona a reçu le nom de forêt d'Analamazaotra.

Ce nom signifie en malgache « forêt maigre ». Les peuplements forestiers, nous le verrons plus loin, ne méritent pas cette épithète; ils sont en général assez denses. Ce qualificatif n'est vrai que pour les bois hordant les clairières.

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Celles-ci marquent l'emplacement d'anciens villages ou d'anciens campements de chercheurs de caoutchouc et de miel.

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La forêt d'Analamazaotra a, de l'ouest à l'est, une largeur moyenne de 3 kilomètres et, du nord au sud, une profondeur de 40 kilomètres, ce qui représente une superficie d'environ 100.000 hectares, déduction faite des clairières (20.000 hect.). Les limites de cet important massif

forestier sont approximativement au nord, la Fanafana et la Vohitra; au sud, le cours supérieur de la Sahantandra et de Lakato.

Les peuplements couvrent un amoncellement de crêtes et de pics dont. les plus hauts sommets ne dépassent guère 1.200 mètres. Aux deux grands versants exposés, l'un à l'ouest, l'autre à l'est, se rattachent perpendiculairement des versants secondaires. Ces derniers déterminent dans la chaîne côtière des coupures profondes qui livrent passage à plusieurs cours d'eau: Vohitra, Sahantandra, laroka, Lakato.

Sur le versant est, presque entièrement déboisé, le périmètre forestier est très irrégulier. Chaque année, les Betsimisaraka, peuplade excessivement paresseuse, brûlent la forêt pour établir leurs « tavy » et détruisent de belles parties boisées. Une circulaire a, heureusement, limité ces rizières de montagnes en ne les autorisant que « sur les terrains couverts de broussailles ou sur les parties ayant déjà été brûlées pour des cultures anciennes ».

C'est une excellente mesure qui pourra sauver des milliers d'hectares de peuplements forestiers le jour où les administrateurs s'intéresseront aux forêts de leur province. Elle ne causera aucune perturbation dans les habitudes des indigènes ; au contraire, elle les obligera à cultiver les marais.

A l'ouest, le périmètre de la forêt n'est pas nettement délimité, il est bordé de bosquets isolés qui occupent les fonds des ravins. Dans ces endroits, les arbres, à la faveur d'une humidité abondante, ont pu résister aux incendies que les « Bezanozano » et les « Sihanaka » allument à la saison des pluies pour renouveler leurs pâturages.

Climat. Dans cette zone forestière, dont l'altitude varie entre 800 et 1.200 mètres, les précipitations atmosphériques sont abondantes à toute époque de l'année. La température seule permet de distinguer deux saisons: la saison froide et la saison chaude.

Saison froide. — Pluies fines de longue durée, brouillards épais, nuits froides, caractérisent cette saison qui commence en avril pour se terminer en septembre. Les fonctions vitales des végétaux sont ralenties, certaines essences telles que le « Voamboana » (Dalbergia), le << Maitsorinina », l'« Hazotokana » (Synchodendron ramiflorum), le « Ramy » (canarium) et le « Sévalahy » (piptadenia Pervillei) perdent leurs feuilles. Au mois de juillet, la température descend fréquemment à deux degrés au-dessus de zéro.

Saison chaude. Elle est marquée par de forts orages de pluie chaude se succédant à de courts intervalles; les plus violents viennent du sud et de l'est. Ces ouragans occasionnent rarement des dégâts en

forêt. La violence des pluies torrentielles est, en effet, modérée par le couvert des grands arbres et par le sous-bois qui forme une masse extrêmement compacte.

L'eau arrive au sol divisée en fines gouttelettes; une partie est absorbée par l'humus, le reste s'évapore en produisant ces nuages légers, floconneux, que l'on voit s'élever du sol après chaque pluie d'orage. Sol. La forêt repose sur une couche épaisse de latérite provenant de la décomposition des gneiss. La couleur de cette terre, suivant sa teneur en oxydes de fer, varie du jaune au rouge violacé. Sur les flancs de quelques sommets, des rochers énormes surplombent les vallées. Le rocher d'Anévoka est particulièrement remarquable par sa disposition et par ses dimensions colossales.

La terre végétale a, en général, une épaisseur assez faible: 10 à 15 centimètres sur les versants, 25 à 30 dans les vallées. Les essences, pourvues d'un feuillage persistant, apportent au sol une faible quantité de détritus organiques; d'autre part, comme elles vivent en nombre considérable sur une surface trop restreinte 1, la couche humifère est rapidement épuisée. Telles sont les causes qui peuvent expliquer le peu de profondeur et la médiocre fertilité du sol forestier malgache.

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Cours d'eau. Les rivières ont un cours trop rapide pour servir au transport des bois. Leur lit est encombré de troncs d'arbres et de bancs de rochers. La Sahantandra, le cours d'eau le plus important de cette région forestière, présente une vallée très pittoresque qui fait l'admiration des voyageurs. Sur ses eaux limpides, les palmiers et les fougères arborescentes reflètent leur gracieux feuillage. Pour franchir l'arête faîtière, cette rivière est contrainte à passer entre deux murailles de 30 à 40 mètres de hauteur formées de gneiss taillés à pic. Immédiatement après sa sortie de la forêt, elle forme les superbes chutes de «Koma », les plus belles et les plus imposantes de Madagascar.

Populations. A la limite ouest se trouvent les « Bezanozano »>, population docile et essentiellement forestière. Les villages pour la plupart sont bâtis à proximité de la forêt. Le « Bezanozano » consacre une partie de son temps, soit à la recherche du miel, de la cire et du caoutchouc, soit à la chasse des sangliers et des « babakoto » (lémuriens). Il ne fait pas de « tavy ». Il cultive les rizières de marais et élève des bœufs.

1. Dans un peuplement dense on compte de 6 à 7 végétaux arborescents par mètre carré, soit une moyenne de 65.000 plantes ligneuses à l'hectare. A ce nombre, il convient d'ajouter 2,000 lianes appartenant à diverses espèces, plusieurs centaines de palmiers et des fougères arborescentes.

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