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de plusieurs années a permis de constater que les erreurs, qui pouvaient être commises, ne dépassaient pas 2 0/0.

Au cours de leurs visites, les agents doivent s'assurer que les licenciés ne coupent que les arbres qui ont les dimensions exigées par la loi et qu'ils se conforment aux règlements en ce qui concerne notamment la pratique de l'abatage, le choix des réserves et l'exploitation des chablis.

Par suite de la chute des neiges, les règlements forestiers n'imposent pas l'obligation de couper les arbres rez terre pourvu qu'ils ne soient pas coupés à plus de deux pieds du sol. Bien que dans la partie basse de l'arbre le bois soit plus gros et de meilleure qualité, les bûcherons n'hésitent cependant pas à couper parfois à 80 centimètres ou même i mètre et le service forestier est obligé de leur livrer une véritable lutte pour empêcher de tels abus.

D'autre part, l'éloignement des parcelles exploitées et les difficultés d'accès obligent les licenciés à vidanger leurs coupes par voie d'eau. Aussi, ceux-ci ont-ils une tendance très marquée à ne couper que les bois flottables comme le pin, l'épinette, le sapin et le cèdre, et à laisser sur place les autres essences, qui peu à peu les domineront. Le service forestier s'est ému à juste titre de cette situation, qui aurait pour conséquence de faire disparaître les essences précieuses et il s'efface d'obtenir des licenciés qu'ils réservent par acre deux ou trois arbres qui donneront de la semence.

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La question de chablis n'est pas non plus sans importance et le service forestier se préoccupe très vivement d'obliger les licenciés à en commencer l'exploitation avant les chutes de neige de manière à pouvoir en tirer parti.

Ces quelques notions permettent de concevoir l'importance économique du rôle joué par les agents dans la province de Québec. 11 est juste d'ailleurs d'ajouter que leur tâche est simplifiée par le concours de certaines compagnies concessionnaires qui s'efforcent de faire respecter elles-mêmes dans leurs chantiers, les règlements en vigueur et dont quelques-unes poussent le souci jusqu'à faire marquer les arbres avant d'en permettre l'abatage. Il n'est pas douteux que l'observation du règlement a permis de rendre les exploitations beaucoup plus économiques. M. Piché, Directeur du service forestier, a bien voulu nous affirmer qu'il estimait à 15 0/0 le bénéfice ainsi réalisé au profit de la Couronne pendant l'année 1910-1911.

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Au cours de chaque visite, l'agent mentionne sur le livre de chantier, afin que le jobber en ait connaissance, toutes les observations auxquelles peut donner lieu l'exploitation. Puis il adresse au directeur du service forestier un imprimé spécial, qui résume exactement l'état du chantier au moment de la visite. Si des délits sont commis, le directeur du service forestier en avertit aussitôt le concessionnaire et lui inflige une amende. Il y a peu de chantiers d'ailleurs où l'on ait à constater la récidive d'une faute grave.

Les coupes étant vendues à l'unité de produits, il importe à la fin de l'exploitation de procéder à un dénombrement, qui permettra de contrôler à nouveau les indications portées au livre de chantier. Cette opération est faite, non pas par des agents, mais par des équipes spéciales de mesureurs, qui sont nommés à la suite d'un examen et tenus à une prestation de serment devant un juge de paix. Ces mesureurs sont d'ailleurs employés et payés par les licenciés et c'est d'après les rapports qu'ils fournissent que sont évalués les droits de coupe dus à la Couronne. Il importe donc à un double point de vue que les agents surveillent de très près cette partie de l'exploitation forestière. Tout mesureurest tenu d'inscrire sur le livre de chantier chaque mesurage fait par lui sur une étendue déterminée, de manière qu'au moment de son passage l'agent puisse en vérifier immédiatement l'exactitude en faisant quelques mesurages partiels. La différence admise ne doit pas dépasser 5 o/o.

Le service forestier fait actuellement de gros efforts pour imposer aux licenciés l'obligation d'empiler leurs bois de sorte qu'ils puissent être facilement mesurés. Il arrive, en effet, parfois, que les bois soient disposés sur la glace et qu'au moment du dégel ils soient entraînés par le courant. Ils ne sont évidemment pas perdus pour le licencié, mais comme il est impossible alors d'en faire le mesurage exact, les droits de la Couronne se trouvent lésés.

On a beaucoup critiqué au Canada ce système de mesurage et l'on s'est demandé avec quelque raison pourquoi le Gouvernement ne le faisait pas faire par ses propres agents. Dans l'état actuel des choses, ceux-ci sont beaucoup trop occupés par la surveillance des coupes, pour que l'on ait songé à leur imposer ce surcroît de travail. Il aurait fallu dès lors recruter un nouveau personnel et l'on s'est heurté à des difficultés d'ordre budgétaire.

Il est néanmoins vraisemblable que, malgré la surveillance des agents, cette réforme ne tardera pas à s'imposer si l'on veut sauvegarder les intérêts de l'Etat.

Indépendamment des droits de coupe, chaque licence est soumise depuis 1gro à une rente foncière annuelle de 5 dollars par mille carré 1, ou fraction de mille.

Elle dure un an, du re mai au 30 avril, avec droit de prorogation jusqu'au 1er septembre. Avant le 30 juin de chaque année, les licenciés doivent fournir un état, certifié exact, de tous les bois coupés pour leur compte sur les terres de la Couronne. Cet état doit être accompagné des rapports des mesureurs, contre-maîtres et autres employés chargés de l'exploitation, donnant la quantité, la description et l'origine de tous les bois. Les droits de coupe sont alors calculés d'après un tarif spécial qui varie suivant l'essence ou la nature des produits.

Etant donné le développement considérable pris ces dernières années par l'industrie de la pâte à papier, le Gouvernement a interdit l'exportation de tous les bois à manufacturer.

Chaque fois que le Ministre ou ses représentants ont des raisons de croire que du bois coupé en vertu d'une licence, sur les terres publiques ne doit pas être manufacturé au Canada, il peut être procédé à une saisie et à une vente aux enchères publiques. Les règlements sont à ce sujet extrêmement sévères.

Les membres du service forestier sont également chargés de visiter les lots qui sont mis à la disposition des colons.

Nous avons déjà vu que le Ministre, indépendamment de licences, pouvait céder des portions de terrain à charge par l'acquéreur d'en défricher une partie pour la mettre en culture. Cette cession ne se fait pas en un jour et elle ne devient définitive que lorsque le colon a accompli certaines formalités qui lui sont imposées par la loi. C'est ainsi qu'il est tenu de résider sur son lot et d'y construire une maison, une grange et une écurie. Il doit de même défricher une certaine étendue et mettre le reste en culture. Les agents sont tenus de veiller de très près à l'application de ces règlements et le grand nombre de lots les oblige à des visites fréquentes, qui ne constituent pas leur moindre occupation.

Tels sont dans leurs grandes lignes les devoirs des agents forestiers. Grâce à eux, la gestion forestière a fait de grands progrès dans la pro vince de Québec, mais ils n'y sont pas parvenus sans effort. Il leur a fallu, en effet, combattre cette idée si profondément enracinée dans beaucoup d'esprits, qu'il fallait faire disparaître la forêt pour assurer les fins de l'agriculture.

Il leur a fallu montrer combien la conservation des forêts était néces

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saire à l'hygiène publique, à l'alimentation des rivières et faire ressortir leur valeur au point de vue de l'agriculture, de la pêche et de la chasse, qui jouent au Canada un rôle si important. On est arrivé à l'heure actuelle à attirer l'attention des gens réfléchis sur l'importance de l'aménagement des forêts; mais les masses populaires n'ont pas encore compris tout le bénéfice qu'elles pourraient en retirer et pour les y amener, on songe en ce moment à imposer aux municipalités la surveillance des forêts. Il n'est pas douteux qu'il importe d'agir très vivement sur l'opinion publique, si l'on veut continuer à tirer profit des immenses richesses naturelles de la province de Québec.

COULON.

BOURRELETS DUS A L'ACTION
RÉPÉTÉE DES PICS

Forêt communale de Villarodin-Bourget (Maurienne, Savoie). Altitude: 1760 mètres.

En haute montagne, les pics, ou plus probablement les geais du pin cembro, font aux pins des blessures assez curieuses.

Ils percent dans l'écorce tout autour de la tige des trous espacés de

5 à 12 m/m.

Sur les pins peu résineux (pin de montagne, cembro), la blessure reste peu apparente, mais il se produit au contraire sur le pin sylvestre des bourrelets cicatriciels dont la section semi-circulaire atteint 5 à 6 cm. de diamètre. Les oiseaux viennent raviver ces blessures à intervalles rapprochés et cela pendant plusieurs années.

Rares, en Maurienne, au-dessous de 1500 mètres, ces protubérances affectent au contraire la totalité des pins de la partie supérieure des forêts.

La raison qui fait ainsi agir ces oiseaux nous a toujours échappé; il est probable qu'ils provoquent la formation de cet anneau de résine pour engluer les insectes qui montent le long des troncs et constituer ainsi des pièges garde-manger.

J. THIOLLIER.

BIBLIOGRAPHIE

Le Statut militaire forestier.

Etude sur les conditions d'ob

tention du droit au tarif réduit sur les chemins de fer, par Marcel RAUX, garde général des Eaux et Forêts. Deuxième édition, revue et augmentée, in-8, 32 p. Paris, Lucien Laveur, éditeur, 1912.

Nous avons rendu compte de cette intéressante brochure, lorsqu'a paru la re édition. Ce serait nous répéter que d'en donner un nouveau résumé; disons seulement qu'avec son habituelle conscience l'auteur a tenu à compléter le texte, et même les notes, par des renseignements nouveaux. M. Raux, très convaincu de l'excellence de la cause qu'il défend, a droit à la reconnaissance du Corps forestier pour l'ardeur avec laquelle il combat, tantôt revêtant la toge, et tantôt prenant l'épée; mais il est officier avant d'être avocat et il tient qu'à sa suite tous les forestiers renversent le dicton : cedant arma toga! On ne peut que souhaiter réussite à sa croisade!

J. M.

L'Évaluation des propriétés non bâties.- Réflexions d'un classificateur, par le baron LE PELLETIER. - Paris, Librairie Arthur Rousseau, 14, rue Soufflot, in-8, 24 p. 1912. - Prix: 1 fr.

Réflexions d'un classificateur ! Voilà un titre qui suffit à rendre la brochure attrayante! Car combien un classificateur averti (c'est le cas du baron Le Pelletier) peut-il faire de réflexions utiles sur les procédés employés pour évaluer les propriétés non bâties!

En quelques pages, d'un style clair, ont été condensées des remarques qui permettront aux propriétaires de suivre avec facilité ces questions si ardues et, malgré une déjà abondante bibliographie, si mal

connues.

Comment le baron Le Pelletier a-t-il été amené à écrire sur cette question? Il nous le dit :

<< Nous avons, dans un certain nombre de communes, relevé diverses erreurs, différents vices d'évaluation, remarqué certaines difficultés. Cet examen nous a fourni la matière des quelques pages suivantes. Nous espérons qu'elles aideront à la solution de certaines questions embarrassantes. >>

Toute la justification de ce travail tient dans ces quelques lignes.

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