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les vides provenant du défaut d'accotements avec des pierres brutes sur lesquelles on répand de la terre; sur les routes ainsi élargies, on pourra cylindrer, la deuxième fois, une largeur de 4 mètres sur les voies étroites et 450 sur les grandes artères.

L'établissement de ce gabarit a demandé quelques tâtonnements. Nous avions pensé d'abord donner à la route un bombement suffisant pour que l'eau s'écoule rapidement, mais alors dans les alignements droits les voitures suivent toujours la même voie et les terribles jantes si étroites dont nous avons parlé coupent rapidement la chaussée; nous nous sommes alors arrêté au bombement de 0,04 par mètre au centre et 0,07 sur les reins qui donne une partie presque plate suffisamment large pour que les voitures ne passent pas toujours au même endroit.

Nous pensons que les tronçons les plus fréquentés pourront être rechargés tous les 4 ans, l'empierrement de ceux moins utilisés durera 7 ans, enfin certains chemins pourront attendre 10 ou 12 ans avant le retour du rouleau.

L'état des cylindrages de 1910 permet d'espérer que ces durées seront atteintes. Les empierrements ultérieurs n'auront d'ailleurs qu'une épaisseur de 8 centimètres et seront faits avec des pierres à l'anneau de 8 centimètres.

Le mètre cube de pierres est payé 8 fr. Ce prix comprend l'extraction aux carrières désignées par le service forestier et la remise en état de la carrière après l'exploitation, le cassage, l'emmétrage pour réception sur la route, l'épandage, le cylindrage, celui-ci jusqu'à complète satisfaction de l'Agent réceptionnaire.

L'entrepreneur touche en plus 1 fr. par mètre cube de pierre pour la fourniture et l'emploi des matériaux d'agrégation correspondants. Il est responsable de tous accidents, ne doit cylindrer que si la chaussée est humide à moins qu'il ne puisse arroser, en ce cas le tonneau d'arrosage doit être suivi d'ouvriers faisant pénétrer au balai les matériaux d'agrégation et cela sans indemnité.

Le cylindrage doit avoir lieu du 15 mai au 15 juillet. En effet, à partir du mois de juin, les voituriers sont retenus hors de la forêt par les travaux agricoles et les empierrements ont le temps de sécher et de faire prise avant le retour des exploitations à l'entrée de l'hiver, ce qui est fort important.

L'empierrement coûte dans ces conditions 3.500 fr. le kilomètre, blocage des accotements compris, et la dépense annuelle s'élève à 18.000 fr. Le deuxième cylindrage coûtera moins cher, il est vrai, mais même en admettant que le chiffre ci-dessus ne puisse être réduit,le cylindrage

mécanique des routes forestières de La Joux est certainement avantageux pour l'Etat étant, donnée la plus-value des coupes.

On peut en effet estimer à 1 fr. au minimum le relèvement du prix du mètre cube dans les cantons desservis par les nouvelles voies cylindrées.

J. THIOLLIER.

DÉGATS DU VERDIER DANS LES PÉPINIÈRES

Tous les pépiniéristes savent quels dégâts commettent les oiseaux en dévorant les graines de résineux fraîchement semées et surtout les plantules au moment de la germination. La pépinière de Bellefontaine, comme toutes les autres, subit de ce chef des pertes plus ou moins sensibles, mais cette année les dégâts ont pris une importance tout à fait exceptionnelle, et je crois pouvoir signaler les observations que j'ai faites à ce sujet.

D'abord on attribue généralement les méfaits à deux espèces de la famille des Fringillidés : le moineau dans le voisinage immédiat des habitations et le pinson en pleine campagne, ce dernier se montrant particulièrement nocif. Or, au mois de juin dernier, une bande d'oiseaux montrait un acharnement inaccoutumé à ravager nos plates-bandes : pendant quelques jours deux ouvrières n'eurent d'autre mission que de les écarter; et encore, chassés d'une section, les déprédateurs se jetaientils aussitôt dans une autre pour s'attaquer aux lignes de semis qu'ils grattaient avec une véritable fureur. Las de payer des salaires pour un travail peu profitable, je finis par donner l'ordre de recourir aux << grands moyens », en l'espèce un fusil Lefaucheux, qui fait partie de notre matériel. Les victimes purent être identifiées ce n'étaient point des pinsons, mais des verdiers. Cet oiseau est d'ailleurs cité par les ornithologistes 2 comme très dommageable dans les linières et les chenevières; les pépiniéristes peuvent, comme les agriculteurs, le ranger au nombre des ennemis.

1.- Ligurinus Chloris, Køch ex Linn., de la sous-famille des Fringilliens, comme le pinson.

Degland et Gerbe, Ornithologie européenne. Frère Ogérien, Histoire naturelle du Jura.

2.

--

D'autre part, j'ai remarqué, non sans un certain étonnement, qu'aujourd'hui, je parle du 10 juillet, les oiseaux commettent encore des dégâts très sérieux, grattant la terre dans les lignes, et arrachant les semis, bien entendu. Que peuvent-ils chercher ? Des graines qui n'auraient pas levé? Des larves d'insectes? Je l'ignore. En tout cas, le fait est certain, et je me suis assuré que, cette fois, les coupables étaient bien des pinsons; je ne vois plus de verdiers. Par les temps secs les dommages se réduisent à peu de chose, mais ils deviennent sérieux dès qu'une averse a réhumecté les couches superficielles du terrain '.

Je voudrais, en terminant cet article, pouvoir indiquer un moyen d'écarter les oiseaux. Je n'en connais point. J'ai fait essayer différents modèles d'épouvantails: aucun ne m'a paru bien efficace; l'enrobage des graines dans de la poudre de minium n'empêche pas les oiseaux de gratter le sol et après la germination les plantules sont à découvert... L'année dernière j'avais fait tendre au-dessus des lignes de semis de grandes bandes de toile d'emballage; elles ont certainement écarté les oiseaux, mais elles nous ont beaucoup gênés pour l'installation des abris en feuillage contre le soleil et les lignes que nous avions, à titre d'expérience, laissées sans abri de feuillage, sans autre protection que la toile d'emballage, se sont mal comportées pendant l'été 1911, d'ailleurs torride. Cette année donc nous n'avions pas utilisé les toiles.

En somme, le seul expédient qui, à ma connaissance, assure la défense contre les oiseaux reste le semis dans des coffres que l'on peut à volonté recouvrir de cadres garnis d'un grillage métallique: la construction d'un coffre de 8 m. de longueur et de 1 m. 60 de largeur 3 coûte assez cher, ainsi que la fabrication des chassis grillagés ', mais coffres et châssis, bien enduits d'antiseptique 5, durent plusieurs années, et, je le répète, leur emploi garantit contre toute attaque des oiseaux, quels qu'ils soient.

A. JOLYET.

J.

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Cette observation me fait supposer que ce sont peut-être des larves que cherchent ces oiseaux.

2. A Bellefontaine nous utilisons des rangées de branches feuillées piquées l'une contre l'autre tout le long du bord sud de chaque plate-bande.

3.

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4.

Dimensions des nouveaux coffres de la Pépinière de Bellefontaine.
Châssis mesurant 1 m. 70 X 1 m. oo.

5. - J'enduis maintenant les planches des coffres de goudron de Norvège, passé à chaud, bien entendu, car les antiseptiques du groupe des Carbolineum ont certainement une action nocive sur les semis pendant la première et même la seconde années qui suivent la construction du coffre. Pour les châssis grillagés, au contraire, l'emploi des Carbolineum est sans inconvénients.

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La Direction des forêts de Finlande avait confié à M. A. Renvall, professeur à l'Université d'Helsingfors, la mission d'aller étudier sur place les conditions de la reproduction du pin sylvestre à la limite septentrionale de sa station dans la Laponie finlandaise. M. Renvall s'est acquitté de sa mission pendant les étés de 1909, 1910 et 1911; il vient d'en publier les résultats dans une très intéressante brochure qu'il a bien voulu m'adresser et dont je suis heureux de présenter quelques extraits aux lecteurs de la Revue.

La région étudiée par M. Renvall comprend les environs du lac Enare ou Enari, dont les coordonnées géographiques moyennes sont 69° de latit. et 28o de longit. Est de Greenwich, ainsi que la rive finlandaise du fleuve Tana qui sépare la Finlande de la Norvège. Le pin se rencontre jusque vers 70o de latitude le long de ce fleuve et de ses affluents. Le sol est uniformément constitué par des sables, plus ou moins mélangés de cailloux, et d'origine probablement fluvio-glaciaire. L'auteur ne nous donne aucun renseignement sur le climat des provinces d'Enari et de Utjoski où se trouvent ses 23 champs d'observation. Je puis y suppléer dans une certaine mesure en disant que le lac Enari (dont l'altitude est de 114 m.) est couvert de glace pendant dix mois de l'année. C'est dire que la saison de végétation est réduite à son très strict minimum, et c'est, comme on le verra, cette brièveté qui joue le principal rôle parmi les facteurs qui influent sur les conditions de la reproduction du pin.

II

La floraison du pin n'avait jamais fait, jusqu'à présent, l'objet d'études scientifiquement conduites. Elle est certainement influencée par les conditions de station, d'âge des arbres et aussi par leur tempérament individuel. Pour simplifier son étude M. Renvall n'a observé que

I. - Tirage à part de la Fennia, 29, no 14, Helsingfors, 1912.

des arbres entièrement libres, éclairés de tous côtés, croissant en sols semblables. Il n'avait ainsi que des différences d'âge et de climat à considérer.

Un fait curieux est celui-ci que la production de fleurs mâles devient de plus en plus abondante et fréquente chez les pins de Laponie à mesure que les arbres vieillissent davantage. Les vieux pins (de 150 à 250 ans environ) portent souvent des fleurs mâles en abondance, même les années défavorables où les arbres jeunes n'en présentent pas trace. A la suite de cette floraison régulière et abondante certains vieux pins prennent un aspect particulier. Les chatons måles, groupés à la base des pousses annuelles, en occupent presque toute la longueur lorsque cellesci sont courtes, et n'en laissent qu'une faible partie pour l'insertion des aiguilles. Celles-ci se trouvent ainsi toutes placées au même niveau, en forme de collerette à l'extrémité des pousses. M. Renvall appelle pinus equisetiformis les arbres qui présentent ce curieux aspect 1, caractéristique des forêts de Laponie.

D'une façon générale les vieux pins (de 150 ans ou davantage) produisent plus de fleurs que les arbres plus jeunes. Il apparaît très nettement, d'autre part, que les vieux arbres ont une tendance marquée à produire des fleurs måles tandis que les jeunes (relativement) portent plutôt des fleurs femelles. La « tendance sexuelle » des arbres se modifie donc progressivement à mesure qu'ils vieillissent. Des peuplements d'une vingtaine d'années ne présentent que de très rares fleurs femelles sur les individus les plus vigoureux. Les fleurs mâles n'apparaissent que vers 35 ans. A 60 ans, les sujets les plus développés sont franchement monoïques, les arbres moyens ne portent souvent que des fleurs d'un seul sexe, déjà plutôt måle, et les moins vigoureux sont stériles. Les vieux arbres, comme il a été dit plus haut, portent surtout des fleurs måles.

Les fleurs femelles apparaissent d'une façon beaucoup plus régulière que les fleurs måles sur l'ensemble des arbres. Les années de floraison femelle abondante se représentent d'une façon assez régulière tous les 3 ou 4 ans et cela jusqu'à l'extrême limite Nord de la végétation forestière 2. Certaines années favorisent la floraison mâle, d'autres la floraison

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Beissner (Mitteilungen der deutschen dendrologischen Gesellschaft, 1898, p. 20) avait déjà proposé cette dénomination pour des pins de montagne présentant le même phénomène.

2.

- C'est ainsi que les années 1898, 1906, 1909, 1910 et 1911 les pins se sont couverts de fleurs femelles dans toute la région observée jusqu'à l'extrême limite arctique de la station de l'essence.

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