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cès décisif; mais par un mouvement d'impatience si frequent dans nos annales militaires, et qui nous a été souvent si funeste, la cavalerie de réserve s'étant apperçue d'un mouvement retrograde que faisaient les Anglais pour se mettre à l'abri de nos batteries, dont ils avaient déjà tant souffert, couronna les hauteurs du mont-Saint-Jean et chargea l'infanterie. Ce mouvement qui, fait à tems et soutenu par les réserves, devait décider de la journée, fait isolément et avant que les affaires de la droite ne fussent terminées, devint fu

neste.

N'y ayant aucun moyen de le contremander, l'ennemi montrant beaucoup de masses d'infanterie et de cavalerie, et les deux divisions de cuirassiers étant engagées, toute notre cavalerie courut au même moment pour soutenir ses camarades. Là, pendant trois heures, se firent de nombreuses charges qui nous valurent l'enfoncement de plusieurs carrés. et six drapeaux de l'infanterie anglaise, avantage hors de proportion avec les pertes qu'éprouvait notre cavalerie par la mitraille et les fusillades. Il était impossible de disposer de nos réserves d'infanterie jusqu'à ce qu'on eût repoussé l'attaque de flanc du corps prussien. Cette attaque se prolongeait toujours et perpendiculairement sur notre flanc droit, l'Empereur y envoya le général Duhesmes avec la jeune garde et plusieurs batteries de réserve. L'ennemi fut contenu, fut repoussé et recula; il avait épuisé ses forces. et l'on n'en avait plus rien à craindre. C'est ce moment, qui était celui indiqué pour une attaque sur le centre de l'ennemi. Comme les cuirassiers souffraient par la mitraille, on envoya quatre bataillons de la moyenne garde pour protéger les cuirassiers, soutenir la position, et si cela était possible, dégager et faire reculer dans la plaine une partie de notre cavalerie.

On envoya deux autres bataillons pour se tenir en potence sur l'extrême gauche de la division, qui avait manœuvré sur nos flancs, afin de n'avoir de ce côté aucune inquiétude, le reste fut disposé en réserve, partie pour occuper la potence en arrière de Mont-Saint-Jean, partie sur le plateau en arrière du champ de bataille qui formait notre position de retraite.

Dans cet état de chose la bataille était gagnée, nous occupions toutes les positions que l'ennemi occupait au commencement de l'action, notre cavalerie ayant été trop tôt et mal employée, nous ne pouvions plus espérer de succès décisifs. Mais le maréchal Grouchy ayant appris le mouvement du corps prussien, marchait sur le derrière de ce corps, çe qui nous assurait un succès éclatant pour la journée du lendemain. Après huit heures de feux et de charge d'in

fanterie et de cavalerie toute l'armée voyait avec satisfaction la bataille gagnée et le champ de bataille en notre pouvoir.

Sur les huit heures et demie, les quatre bataillons de la moyenne garde qui avaient été envoyés sur le plateau audelà de Mont-Saint-Jean pour soutenir les cuirassiers, étant gênés par sa mitraille, marchèrent à la bayonnette pour enléver ses batteries. Le jour finissait, une charge faite sur leur flanc par plusieurs escadrons anglais les mirent en désordre, les fuyards repassèrent le ravin, les régimens voisins qui virent quelques troupes appartenant à la garde à la débandade, crurent que c'était de la vieille garde et s'ébranlèrent les cris tout est perdu, la garde est repoussée, se firent entendre, les soldats prétendent même que sur plusieurs points des malveillans apostés ont crié sauve qui peut. Quoiqu'il en soit, une terreur panique se répandit tout à-lafois sur tout le champ de bataille, on se précipita dans le plus grand désordre sur la ligne de communication, les soldats, les canonniers, les caissons se pressaient pour y arriver: la vieille garde qui était en réserve en fut assaillie, et fut ellemême entraînée.

Dans un instant, l'armée ne fut plus qu'une masse confuse, toutes les armes étaient mélées, et il était impossible de reformer un corps. L'ennemi qui s'apperçut de cette étonnante confusion, fit déboucher des colonnes de cavalerie; le désordre augmenta, la confusion de la nuit empêcha de rallier les troupes et de leur montrer leur erreur,

Ainsi une bataille terminée, une journée finie, de fausses mesures réparées, de plus grands succès assurés pour le lendemain tout fut perdu par un moment de terreur panique. Les escadrons même de service, rangés à côté de l'Empereur, furent culbutés et désorganisés par ces flots tumultueux, et il n'y eut plus d'autre chose à faire que de suivre le torrent. Les parcs de réserve, les bagages qui n'avaient point repassé la Sambre, et tout ce qui était sur-le-champ de bataille sont restés au pouvoir de l'ennemi. Il n'y a eu même aucun moyen d'attendre les troupes de notre droite; on sait ce que c'est que la plus brave armée du monde, lorsqu'elle est mêlée et que son organisation n'existe plus.

L'Empereur a passé la Sambre à Charleroi le 19 à cinq heures du matin. Philippeville et Avesnes ont été donnés pour peint de réunion. Le prince Jérôme, le général Morand et les autres généraux y ont déjà rallié une partie de l'armée. Le maréchal Grouchy, avec le corps de la droite, opère son mouvement sur la Basse-Sambre.

Le perte de l'ennemi doit avoir été très-grande, à en juger par les drapeaux que nous lui avons pris, et par les pas retrogrades qu'il avait fait. La notre ne pourra se calculer

qu'après le ralliement des troupes. Avant que le désordre éclatât, nous avions déjà éprouve des pertes considérables, sur-tout dans notre cavalerie, si funestement et pourtant si bravement engagée. Malgré ces pertes, cette valeureuse cavalerie a constamment gardé la position qu'elle avait prise aux Anglais, et ne l'a abandonnée que quand le tumulte et le désordre du champ de bataille l'y ont forcée. Au milieu de la nuit et des obstacles qui encombraient la route, elle n'a pu elle-même conserver son organisation.

L'artillerie comme à son ordinaire s'est couverte de gloire. Les voitures du quartier général étaient restées dans leur position ordinaire, aucun mouvement rétrograde n'ayant été jugé nécessaire. Dans le cours de la nuit elles sont tombées entre les mains de l'ennemi.

Telle a été l'issue de la bataille de Mont-Saint-Jean, glorieuse pour les armées françaises et pourtant si funeste.

No. XXV.

Appeal to the National Guard of Paris on the 21st of June.

ORDRE DU JOUR.

Paris, le 21 juin, 1815.

Des circonstances graves vont exiger de la part de la garde nationale un service actif. Le lieutenant-général commandant en second espère qu'elle déploiera le caractère de sagesse et de fermeté qu'elle a montré dans tous les tems en ne souffrant pas que des agitateurs troublent, sous aucun prétexte, la tranquillité de la capitale. Au moment où les chambres vont délibérer sur les moyens de sauver la patrie, il faut que leurs délibérations puissent être calmes; en conséquence les postes de la garde nationale y seront doublés, et le service y sera de vingt-quatre heures comme dans tous les autres postes.

MM. les chefs de légion feront tenir dans chaque mairie une réserve de 50 hommes commandée par un capitaine pour se porter par-tout où le besoin pourrait l'exiger et fournir jour et nuit des patrouilles destinées à dissiper tous les groupes quels qu'ils soient: la garde nationale se rappellera combien ce service fait avec zèle et intelligence a contribué

dans des momens de crise à prévenir les malheurs qui auraient pu résulter du choc des partis.

MM. les gardes nationaux sont encore, dans le même dessein, invités à ne point quitter leur uniforme en vacquant à leurs affaires ; ils savent que ce moyen sans fatiguer la garde nationale a le résultat avantageux de la montrer par-tout prête à réprimer le désordre, et qu'il offre la facilité de réunir promptement une force capable d'en imposer à la malveillance.

Enfin, MM. les chefs de légion prendront les mesures nécessaires pour qu'en cas de rappel tous les citoyens puissent se rendre, sans délai, au lieu du rassemblement de leur légion.

Tous les postes généraux doivent faire jour et nuit des patrouilles pour assurer la tranquillité, dissiper les attroupemens et arrêter les agitateurs.

Le lieutenant-général commandant en second confie au zèle et au patriotisme de la garde nationale l'exécution de

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En commençant la guerre pour soutenir l'indépendance nationale, je comptais sur la réunion de tous les efforts, de toutes les volontés, et le concours de toutes les autorités nationales: j'étais fondé à en espérer le succès, et j'avais bravé toutes les déclarations des puissances contre moi.

Les circonstances me paraissent changées. Je m'offre en sacrifice à la haîne des ennemis de la France. Puissent-ils être sincères dans leurs déclarations, et n'en avoir réellement voulu qu'à ma personne! Ma vie politique est terminée, et

je proclame mon fils sous le titre de Napoléon II, empereur des Français.

Les ministres actuels formeront provisoirement le conseil de Gouvernement. L'intérêt que je porte à mon fils, m'engage à inviter les chambres à organiser sans délai la régence par une loi.

Unissez vous tous pour le salut public et pour rester une nation indépendante.

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Proclamation of the provisional Commission on assuming the Government, and subsequent Appeal to the French to arm in Defence of their Country.

Paris, le 24 juin 1815.

Français,

Dans l'espace de quelques jours, des succès glorieux et un revers affreux ont de nouveau ag té vos destinées.

Un grand sacrifice a paru nécessaire à votre paix et à celle du Monde, Napoléon a abdiqué le pouvoir impérial; son abdication a été le terme de sa vie politique; son fils est proclamé.

Votre constitution nouvelle, qui n'avait encore que de bons principes, va recevoir tous ses développemens, et ses principes mêmes vont être épurés et agrandis.

Il n'existe plus de pouvoirs jaloux l'un de l'autre ; l'espace est libre au patriotisme éclairé de vos représentans ; et les pairs sentent, pensent et votent comme vos mandataires.

Après vingt-cinq années de tempêtes politiques, voici le moment où tout ce qui a été conçu de sage, de sublime, sur les institutions sociales, peut être perfectionné encore dans les vôtres.

Que la raison et le génie parlent, et de quelque côté que se fasse entendre leur voix, elle sera écoutée.

Des plénipotentiaires sont partis pour traiter au nom de la VOL. II.-App.

P

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