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L'ennemi tint ferme pendant longtemps, de vijand «hield lang stand: mais quand il s'aperçut que nous étions maîtres, sur son flanc gauche, de quelques monticules que je fis occuper par les corps de chas<< seurs volontaires de la troisième division, il se vit "forcé de commencer promptement sa retraite; nous le poursuivîmes aussitôt sur la chaussée de Louvain. Je venais de donner l'ordre de le poursuivre avec la cavalerie pour tirer avantage de sa déroute, lorsqu'un parlementaire vint à moi sur la chaussée. C'était « lord William Russel; » et Bosscha nous apprend que cette rencontre a eu lieu à Lovenjoul, où l'armée, comme il le dit, avançait en combattant, al vechtende (1); mais, si les Hollandais combattaient les Belges en entrant à Lovenjoul, il est évident que les Belges, en se retirant de Bautersem, avaient continué à combattre les Hollandais, et qu'ils avaient parcouru de cette manière les quatre kilomètres qui séparent ces deux communes.

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“Lord Russel, » dit ensuite le prince d'Orange, << était porteur d'une lettre de sir Robert Adair, ministre d'Angleterre à Bruxelles. Cette lettre contenait la demande d'une suspension d'armes et la nouvelle que l'avant-garde de l'armée française se trouvait déjà dans les environs de Wavre. Après un « instant de réflexion, je déclarai que la seule chose qui pût me déterminer à consentir à une suspension d'armes était l'évacuation de Louvain et la certitude. qu'une armée française se trouvait déjà sur le sol

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belge. Lord William Russel se retira et je continuai à me porter en avant. L'ennemi s'enfuit de toutes parts. »

Il y a peut-être ici un peu d'exagération dans le rapport du prince, puisqu'il n'a pris à ces fuyards ni un drapeau ni un canon.

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A l'approche de Louvain,

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ajoute cette pièce, "nous trouvâmes l'ennemi dans une position très avantageuse sur les hauteurs de Pellenberg, avec des forces considérables. Je le forçai à abandonner cette position en ordonnant à la première division, qui s'avançait du côté de Winghe-Saint-Georges, de se placer de ce côté sur la même ligne de hauteur, et, arrivée sur le plateau, de se porter en avant sur le flanc gauche de l'ennemi. Ce mouvement fut exécuté avec beaucoup de promptitude et de bonheur par le général Favauge qui commandait la 2° brigade de la 1re division. Une courte canonnade, faite de concert « par ce général et par le canon de la 3a division, obli<gea l'ennemi à abandonner cette position militaire "extrêmement forte et à se retirer en toute hâte sur "Louvain.

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Nous occupâmes alors ces mêmes positions et en outre la grande route et les hameaux situés sur notre gauche. Nous nous trouvions à la portée d'un coup de canon de Louvain. J'attendais cependant le « résultat du message que lord Russel avait dû porter << à sir Adair en réponse à sa lettre. Sir Adair vint luimême; il demanda une suspension d'armes. Je dé<clarai ne pouvoir accepter d'autres conditions que

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l'entière évacuation de la ville par Léopold et l'armée belge. Sir Adair prit sur lui de faire exécuter ce que je lui demandais.

« Aussitôt après sa rentrée dans la ville, je vis pa<< raître un officier de l'état-major belge qui vint me demander quelles conditions je voulais dicter. Je les fis rédiger par le chef de l'état-major général, le lieutenant général Constant de Rebecque, et j'exigeai « une prompte réponse. Je la reçus immédiatement, " ratifiée par le général en chef ad interim de l'étatmajor belge, A. Goblet. »

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Cette pièce, publiée par le gouvernement hollandais ave les rapports du prince d'Orange, était ainsi conçue:

Article 1er. La ville de Louvain sera évacuée par « les troupes belges, demain, 13 août, à midi, et remise << aux troupes sous les ordres de S. A. R. le prince d'Orange.

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Article 2. Les portes de la ville et les postes principaux seront remis par les gardes des troupes belges << à des gardes des troupes hollandaises, demain, avant l'heure de midi.

Article 3. Il y aura suspension d'hostilités dès à présent jusqu'à l'heure de midi du jour de demain, « 13 août.

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"Par ordre de S. A. R. monseigneur le prince d'Orange, le lieutenant général, chef de l'état-major général,

Baron CONSTANT DE REBECQUE. Accepté par le général de brigade chef de l'état-major ad interim,

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A. GOBLET.

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Je suis garant que le prince d'Orange a donné sa parole que les troupes belges peuvent évacuer la place < avec armes et bagages et tout son matériel.

« Le colonel aide de camp de S. A. R. << le prince d'Orange,

"Comte DE STIRUM. »

L'armée de l'Escaut, par suite de cette capitulation, se retira immédiatement sur Malines, et les Hollandais occupèrent Louvain le 13 août, à midi. Ce fut une petite satisfaction d'amour-propre que le prince voulut donner à ses soldats; mais la présence de l'armée française les obligea à commencer, le lendemain, leur mouvement rétrograde, et ils repassèrent la frontière, le 19 août, suivis d'étape en étape par les troupes du maréchal Gérard. Tel fut le résultat de cette campagne de dix jours, dans laquelle il n'y a pas eu une seule bataille, pas même celle que l'on a appelée la bataille de Louvain. Elle aurait eu sans doute un autre d'énoûment, si Daine avait culbuté, comme il pouvait le faire, CortHeyligers à Houthaelen et Meyer à Kermpt; si, au lieu d'opérer sur Liége une retraite qui devait aboutir à un désastre, il avait exécuté l'ordre du roi en se portant vers l'armée de l'Escaut; si, en un mot, il ne s'était pas entendu avec le prince d'Orange pour trahir son pays car c'est bien là ce qu'il a fait, et il n'était que trop capable de le faire.

Au lieu de le traduire devant un conseil de guerre après les événements du Limbourg, on se borna à le mettre en non-activité par une disposition du 20 août.

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Le roi lui rendit ensuite les attributs de son grade par un arrêté du 5 novembre 1832, en l'appelant à l'un de nos grands commandements militaires, celui de la quatrième division territoriale à Mons; mais il inspirait si peu de confiance au gouvernement, qu'à l'approche des discussions sur le traité de paix de 1839, et en prévision des troubles qui auraient pu en résulter, on l'éloigna de sa division pour lui donner le commandement supérieur de Venloo (1). On ne lui rendit même son commandement à Mons que le 20 juin 1839, après la signature et les ratifications du traité de paix. Daine occupait encore cette position à la fin de 1839, lorsque les généraux Vander Meere et Vandersmissen formèrent à Paris un dernier complot orangiste dont nous parlerons bientôt; et, malgré la reconnaissance qu'il devait au roi, il n'hésita pas à entrer dans ce complot. C'est ce qui résulte d'une requête adressée par Vander Meere à la chambre des représentants, le 25 février 1856 (2), requête dans laquelle il lui disait entre autres choses:

« Je résolus de m'ouvrir au général Daine, dont « l'amitié m'était un sûr garant de son silence. Sa reconnaissance envers moi l'eût fait paser dans le feu sans songer qu'il pût s'y brûler. Mon intention n'était « pas d'abuser d'un aussi rare dévouement, et j'avais longtemps réfléchi au service que j'allais lui demander et qui me paraissait ne devoir compromettre ni

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(1) Disposition du 30 décembre 1838.

(2) Annales parlementaires de 1856, p. 1145 et suivantes.

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