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Lettres à lord Aberdeen sur les procès d'Etat dans le royaume de Naples, se réduisaient à ceux-ci : « D'après ce que j'entends dire (as i hear), » « l'opinion générale est que,» « cette croyance est partagée par des personnes intelligentes, »> << j'ai entendu dire (i have heard), » « d'après ce qu'on m'a assuré (as i was assured), » « on a dit (it is said), » « je tiens d'une source respectable, quoique cela ne soit pas d'une autorité certaine (the mode was specified to me upon respectable though not certain authority), »« je crains (i fear), » « je suis convaincu, d'après ce qui est arrivé jusqu'à moi (from what has reached me), » etc., etc.

C'est sur de pareilles preuves que M. Gladstone affirmait que le nombre des prisonniers dans le royaume des Deux-Siciles variait entre quinze, vingt et trente mille. Le gouvernement, ajoutait-il, enlevant tout moyen d'information exacte, ces chiffres ne peuvent avoir aucune certitude (There can be no certainty on that point).

Et M. Gladstone avançait, sur des données aussi précises, que le gouvernement napolitain emprisonnait les gens seulement pour s'en défaire, qu'il refusait des conseils aux accusés, qu'on poursuivait d'une a hostilité féroce » toute indépendance, toute vertu, toute intelligence, enfin qu'on aggravait les peines portées par la loi au moyen de tortures barbares et illégales. Enfin M. Gladstone ajoutait cette injure révoltante adressée directement au roi des Deux-Siciles : « Le prince, qui se dit l'image de Dieu sur la terre, n'apparaît aux populations qu'entouré des vices les plus révoltants. »

Qui eût dit qu'il s'agissait là d'un des rois que son peuple entoure de plus de respect et d'amour?

Quant aux accusations portées, leur fausseté égalait leur violence. On le sait, le gouvernement napolitain a été un des premiers de l'Europe à s'occuper de l'adoucissement des peines infligées aux criminels. L'exposition et la marque étaient pratiquées en France, lorsque ces peines étaient depuis longtemps abolies dans les États du roi barbare des Deux-Siciles.

Lord Palmerston s'empara avidement dé cette diatribe et, procédé inouï jusqu'alors, imagina de lui donner un caractère offi

ciel en l'adressant aux cabinets des grandes puissances. Cellesci accueillirent cette communication insolite avec une froideur significative et le gouvernement napolitain répondit par un Mèmoire, qui ne laissait subsister aucune des accusations de M. Gladstone.

TOSCANE.

L'occupation autrichienne continue en Toscane, triste et inévitable résultat des excès démagogiques.

Si le grand-duc a dû chercher un appui dans l'amitié protectrice de l'Empire, il ramène aussi peu à peu les institutions de son pays dans la voie de la conservation et de l'autorité. Il restaure l'ancienne condition de l'Église en revenant sur les lois joséphines. Il signe, le 25 avril, les bases d'un concordat avec le Saint-Siége.

Une lettre adressée par le souverain Pontife aux évêques toscans, prouva que le concordat en question n'était qu'une convention provisoire, et que le Saint-Père ne le considérait que comme le prélude d'une convention plus ample, par laquelle seraient définitivement réglés dans la Toscane les rapports entre l'Église et l'État.

Voici comment furent évaluées les dépenses pour 1851.

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des finances, du commerce et des travaux publics. 19,594,700

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Les recettes effectuées en 1848, 1849 et 1850 avaient atteint

les chiffres suivants :

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L'année précédente, par un décret en date du 26 août, le duc de Parme avait fait fermer le célèbre collége fondé par le cardinal Albéroni, et obligé les lazaristes qui le dirigeaient à quitter ses Etats. Des négociations eurent lieu depuis lors, à ce sujet, entre S. A. R. Charles III de Bourbon et le Saint-Siège. Elles étaient à la fin de l'année, sur le point d'aboutir et la direction du collége albéronien allait être rendue aux dignes prêtres de la Mission.

CHAPITRE VI.

ESPAGNE. Chute du cabinet Narvaez, le nouveau ministère; attitude du congrès, sa dissolution; élections nouvelles, opposition confuse ; le coup d'État de décembre, ses résultats en Espagne; situation matérielle ; budget ; concordat avec le Saint-Siége; nouvelle expédition des forbans d'Amérique contre Cuba; châtiment, outrages à l'Espagne, réparation; traité avec le Nicaragua. PORTUGAL. Les partis et la royauté, révolte militaire fomentée par le duc de

Saldanha, fuite et triomphe du duc, insurrection d'Oporto; suspension des cortès, entrée de Saldanha à Oporto, démission du ministère, fuite du comte de Thomar; ministère Saldanha, la royauté humiliée; abrogation de la loi de la presse ; la nation, les partis et le gouvernement nouveau ; la démagogie à Oporto; nouveau système électoral, élections; banqueroute partielle.

ESPAGNE.

Déjà ébranlé, dès les premiers jours de 1850, par la retraite de M. Bravo Murillo, ministre des finances, et par les attaques d'un homme éminent, M. Donoso Cortès, le ministère à la tête duquel était placé le général Narvaez chancelait malgré l'immense majorité qu'il avait dans le congrès. Le 10 janvier, le cabinet tout entier donna sa démission; il tombait de lui-même, par impuissance de résoudre les difficultés administratives nées du calme général des affaires et de l'activité des esprits; il tombait sans cause apparente.

Le 16 janvier, le nouveau cabinet, par l'organe de M. Bravo Murillo, fit connaître aux cortès son programme gouvernemental. Le ministère serait tolérant et impartial; il se retrancherait dans le respect de la loi. La loyauté, la justice, l'économie présideraient autant que possible à tous ses actes. Le ministère ne retirerait pas le budget; il se bornerait, dans le cours de la discussion, à modifier certains articles de dépenses, afin d'y opérer des réduc

tions importantes. M. Bravo Murillo promit, de plus, de présenter, dans un bref délai, un projet de loi sur l'arrangement de la dette. Les deux chambres écoutèrent silencieusement ce programme.

Le ministère du 15 janvier était ainsi composé: Finances, M. Bravo Murillo, avec la présidence du conseil ; Affaires étrangères M. Manuel Bertran de Lys, député aux cortès; Guerre, le comte de Mirasol, lieutenant général, sénateur; Justice, M. Gonzalès Romero, députés aux cortès; Marine, M. Bustillos, chef d'escadre, commandant général du département maritime de Cadix; Intérieur, M. Firmin Arteta, sénateur; Commerce, instruction et travaux publics, M. Fernandez Negrete, député aux cortès. En attendant l'arrivée de M. Bustillos, M. Bertran de Lys aurait le ministère de la marine par intérim.

Le nouveau président du conseil et ministre des finances, M. Bravo Murillo, était, dès 1845, considéré comme le chef d'une opposition numériquement faible, mais redoutable au ministère Mon-Narvaez, par la constance et l'ensemble de ses attaques. Sa réputation d'homme d'Etat s'était faite dans ses luttes pour la présidence avec M. Castro y Orosco, dans sa participation au cabinet Sotomayor. Puis, il avait été ministre du commerce, de l'instruction et des travaux publics dans le cabinet présidé par le duc de Valence, et enfin ministre des finances dans le même cabinet. Ses vues économiques, en désaccord avec celles de ses collègues, l'avaient déterminé à donner sa démission.

Le ministre de l'intérieur, M. Arteta, ancien officier du génie et depuis longtemps membre de la chambre des députés, avait toujours fait partie de la majorité qui se forma sous le ministère Mon-Pidal, et qui lutta contre l'administration Pacheco - Salamanca. Quelque temps retiré de la vie politique, il y était rentré comme sénateur, puis gouverneur de Barcelone et bientôt après directeur des travaux publics.

Le ministre de la guerre, M. le comte de Mirasol, avait eu un commandement supérieur pendant la guerre civile. Gouverneur des Antilles, il avait été en outre chargé de missions importantes dans les possessions d'Amérique. Plus récemment, il avait été élevé au poste de capitaine-général de la province de Séville.

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