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des rives de Sebollati qui sera désignée par le commissaire impérial, et une autre demi-lieue sur l'une des rives du Tacuary désignée de la même manière, le gouvernement impérial restant maître d'établir sur ces terrains tous ouvrages et fortifications qu'il jugera convenables.

Art. 5. Immédiatement après la ratification du présent traité, les hautes parties contractantes nommeront chacune un commissaire pour, d'un commun accord, procéder dans le plus bref délai à la démarcation de la ligne sur les points où ce sera nécessaire, conformément aux stipulations qui précèdent.

Art. 6. L'échange des ratifications du présent traité sera fait à Montevideo dans le délai de trente jours, ou avant si faire se peut.

En foi de quoi, etc.

Fait à Rio-Janeiro le douze du mois d'octobre de l'an de Notre Seigneur Jésus-Christ mil huit cent cinquante et un.

Signé (L. S.) HONORIO HERMETO CARNEIRO LEAO.

(L. S.) ANTONIO PAULINO LIMPO DE ABREU.

(L. S.) ANDRES LAMAS.

(Suit la ratification de l'Empereur du Brésil en date du 13 octobre 1851.)

PÉROU.

Le président de la république du Pérou à la nation.

<< Compatriotes,

>> Appelé par vous au poste le plus élevé et le plus honorable auquel puisse aspirer un citoyen parmi nous, investi par vos suffrages de la première magistrature de l'Etat, deux sentiments divers m'agitent celui de l'immense reconnaissance que je vous dois et la crainte naturelle que mes facultés, ma volonté ferme, mes infatigables efforts, ne suffisent point à réaliser vos justes espérances, ni même peut-être à combler les désirs de mon ardent patriotisme.

» Dans ces circonstances, je crois répondre à votre confiance en manifestant sans détour les idées qui dirigeront mon administration et en vous signalant avec franchise le chemin que dans ma pensée nous avons à suivre pour nous approcher du but de nos vœux constants et de notre commune ambition : le bien-être et l'agrandissement du Pérou. Tant qu'il y avait des partis, quand nous nous trouvions encore dans la tourmente que les élections suscitent toujours chez les peuples libres, j'eus plus d'une fois la pensée de m'adresser à vous pour vous faire connaître la conduite que je suivrais dans le gouvernement au cas où mon nom sortirait de l'urne du scrutin national; mais la crainte qu'on ne considérât alors comme une vaine profession de foi ce qui ne peut être aujourd'hui considéré que comme une intention positive, et le désir de ne point voir la manifestation de mes opinions confondue avec une de ces promesses si communes dans les gouvernements comme le nôtre, m'ont décidé à me taire.

» Aujourd'hui, la scène a changé, et en vous exposant mes opinions, je ne crains pas que vous puissiez douter de leur sincérité, ni soupçonner qu'un intérêt personnel m'oblige à la dissi. muler.

>> Mes devoirs, comme chef du pouvoir exécutif, sont tracés par le serment que je viens de prêter: Protéger la religion de l'État, conserver l'intégrité de la nation, observer et faire observer la constitution et les lois. Ces devoirs, que je remplirai fidèlement, tracent la ligne que j'aurai à suivre dans l'exercice de mes fonctions; mais, comme la nature de l'action que la constitution me confère suppose et exige des attributions diverses, je vous crois intéressés à connaître l'usage que je ferai du pouvoir remis en mes mains.

>> Les institutions sont filles du temps. En quelque état qu'on les considère, elles portent toujours le sceau de l'imperfection humaine. Le véritable progrès politique ne consiste pas à proclamer tels ou tels principes, mais à les accommoder à l'état social d'un pays en préparant avec calme et en adoptant avec mesure les réformes indiquées par les nécessités publiques. L'expérience

des premières années a laissé voir dans notre constitution quelques défauts propres aux circonstances où elle fut faite. Heureusement, cette constitution ellemême indique les moyens de suppléer aux lacunes que l'expérience fait connaître. Autant que mon autorité me le permettra, je chercherai le remède convenable d'accord avec la représentation nationale, et en conservant intactes les garanties individuelles parmi lesquelles la première est la liberté de la pensée, je ferai en sorte que les garanties sociales trouvent dans la loi la force qui leur est nécessaire.

» L'absence de quelques lois organiques en harmonie avec les principes de la constitution fait de notre code fondamental comme un recueil de théorèmes politiques sans signification dans la vie sociale, ce qui a pu le faire considérer quelquefois comme un arsenal où toutes les opinions pouvaient, trouver des armes. Un de mes soins spéciaux sera de solliciter du congrès des lois qui complètent notre organisation politique.

>> On a dit que le meilleur gouvernement était celui qui administrait le mieux. Pour bien administrer, il faut que l'action soit prompte, énergique et intelligente, qu'elle atteigne partout pour protéger tantôt la société, tantôt le citoyen, qu'elle puisse connaître toutes les nécessités publiques, pour chercher ou appliquer le remède opportun. Améliorer la loi qui détermine les attributions des autorités civiles, en rendant leurs obligations effectives et en fixant leur hiérarchie; préparer une loi qui organise les municipalités comme corps administratifs chargés de certains intérêts locaux, sont à mon avis des nécessités urgentes.

» L'autorité ainsi placée à sa juste hauteur, affranchie dans son action sous la sanction des lois, servie par des agents dévoués, investis de pouvoirs suffisants et responsables, le gouvernement sera en situation d'entreprendre une multitude d'améliorations matérielles que le pays réclame; les voies de communications sont au premier rang de ces améliorations dans les conditions particulières de notre territoire, pour le développement de notre richesse fu

ture.

>> Toutes les mesures qui tendent à sti

muler l'agriculture et les mines occuperont l'attention assidue du gouvernement. Le Pérou est un pays essentiellement agricole et minier, et, en écartant des obstacles qui arrêtent ces sources de la richesse publique, mon désir est de faciliter leur développement par la création d'écoles spéciales ou d'établissements de crédit qui mettent à la portée de l'honnêteté laborieuse l'instrument efficace de toute industrie : le capital. De même que je crois absurde la protection accordée à 'ces industries factices, sans rapport avec les conditions naturelles d'un pays, dont le résultat est de faire payer cher ce qu'on pourrait avoir à bon marché et d'imposer une contribution au plus grand nombre au profit de quelques-uns, je suis d'avis que l'unique protection rationnelle est celle qui s'adresse au genre d'industrie le plus en rapport avec le caractère d'un peuple, et qui offre le plus de chances de rémunérer amplement son travail et son capital.

>> Les mêmes principes me font penser que la liberté de commerce, une facilité plus grande dans les transactions, la simplification des formalités de douane et un tarif modéré, sont d'impérieuses exigences de notre situation mercantile. Je me flatte que le congrès, s'il veut suivre mes indications, accordera les moyens nécessaires pour y satisfaire. Dans un pays qui a une côte étendue et ouverte, difficile à surveiller complétement, qui manque d'intérêts manufacturiers à protéger, et qui tire des douanes un de ses principaux revenus, les droits élevés et prohibitifs sont au moins un contre-sens. Un système si funeste, avec le temps, placerait notre pays dans une de ces situations difficiles et violentes où se trouvent aujourd'hui d'autres nations par suite d'erreurs héréditaires, situations d'où on ne sort pas souvent sans commotions et sans victimes. Parmi nous, la prospérité du commerce ne demande qu'une chose, c'est qu'on lui accorde toute la liberté compatible avec les intérêts du fisc, et que le gouvernement ne s'occupe que d'améliorer l'état de nos ports, en ce qui touche leur bonne police, leur commodité et leur sécurité.

>> Il y a une classe composée d'artisans et autres personnes consacrées aux pe

tites industries, laquelle vit de son travail quotidien, dont le produit est entiè rement absorbé par les plus strictes nécessités ; cette classe, dans ma pensée, mérite la protection spéciale du gouvernement; la patente, ou contribution industrielle, qu'elle paie, est un impôt qui pèse sur son aisance ou absorbe ses faibles économies sans une notable utilité pour l'Etat. Je suis d'avis qu'il convient d'exonérer la classe laborieuse de cette charge, autant en raison de la situation nécessiteuse des personnes sur qui elle pèse que parce que les bons principes condamnent ces contributions, qui, paralysant le travail dans sa source, sont d'une perception difficile et vexatoire et de peu de profit pour les rentes publiques.

» Mon illustre prédécesseur, guidé par son patriotisme élevé, et à l'ombre de la paix dont a joui la république, a pu consacrer son attention au rétablisse ment du crédit public. Ses soins ont produit des fruits féconds, et aujourd'hui il est accompagné dans sa retraite par la gloire de ses éminents services. Il reste néanmoins encore quelque chose à faire dans cette voie, et, en suivant ses traces, je ferai en sorte que la représentation nationale donne au crédit la solidité dont il a besoin, en reconnaissant, comme la raison le conseille, toutes les obligations de l'État, quelle que soit leur origine et quelle que soit leur importance. Une nation ne peut exister ni prospérer sans crédit, et celui-ci ne peut s'obtenir tant qu'il y a une seule obligation en souffrance qui puisse faire accuser sa bonne foi, ou mettre en doute ses sentiments de justice.

>> La plus grande difficulté, peut-être la plus grave que doive rencontrer mon administration pour réaliser ses plans en faveur du commerce, de l'industrie et du crédit national, c'est la monnaie étrangère qui, sans valeur légale, par un abus et une tolérance inexcusables à Forigine, a envahi nos marchés, et est aujourd'hui presque la seule valeur circulante que nous ayons. En dehors même du discrédit qui résulte pour une nation de se soumettre à un type étranger pour son change, en dehors de la fraude autorisée dans les transactions par une monnaie où manque l'aloi, le mal est arrivé à un tel point, qu'il me

nace toutes nos fortunes; il faut y porter remède, ou le contenir du moins et nous sauver, si nous le pouvons, de cette contribution qui, sous la forme la plus onéreuse et la plus immorale, s'est imposée à notre industrie.

>>>> Pour adopter, sur ce point, un plan efficace, il faut sans doute disposer de fonds suffisants, afin de couvrir les déficits que le trésor devra nécessairement prendre à sa charge. C'est au congrès à les accorder; pour ma part, j'y aiderai en faisant dans les budgets toutes les économies compatibles avec le service et les obligations de l'Etat.

L'accroissement des revenus publics dans ces dernières années me fait espérer que nous pourrons faire face aux nécessités les plus indispensables. Une de ces nécessités que l'opinion signale et à laquelle je désire satisfaire par tous les moyens en mon pouvoir, c'est le développement de l'immigration européenne. Cette immigration n'est pas seulement utile pour suppléer aux bras que réclame notre agriculture défaillante et pour donner une impulsion à notre industrie, mais encore pour introduire un nouvel élément de force et de vie dans notre corps social et politique. Les circonstances désavantageuses où se trouve le Pérou pour attirer ce courant d'hommes laborieux que l'Europe ne peut nourrir et qui cherchent sur notre continent asile, commodités et fortune, nous font une obligation de leur enseigner le chemin de nos côtes au moyen de quelques sacrifices pécuniaires qui ne seront jamais excessifs comparés aux résultats qu'ils produiront; à mon sens, ces sacrifices doivent moins être considérables qu'opportuns et bien dirigés. Sans favoriser des spéculations hasardeuses qui pourraient elles-mêmes rendre impossible l'objet que nous nous proposons, le gouvernement s'appliquera à rechercher les moyens les plus propres à attirer, établir et fixer sur notre sol l'émigrant européen le plus avantageusement possible pour lui et avec le moins de charges pour le trésor.

La prompte et exacte administration de la justice est un de ces moyens, son but étant de garantir deux choses que les hommes cherchent dans toutes les régions: la sécurité personnelle et l'inviolabilité de la propriété. Les condi

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Si la prospérité matérielle du pays réclame l'attention du gouvernement, l'instruction et l'éducation religieuse et morale du peuple méritent principalement tous ses soins. Il est impossible que les intérêts matériels atteignent à un degré notable de développement sans une instruction générale; il n'est pas possible qu'un pays soit heureux, si on n'a point nourri en lui les idées saines, les sentiments d'ordre, de justice et de moralité. Il appartient au clergé de propager l'instruction religieuse; le gouvernement doit se borner à l'appuyer dans l'exercice de sa mission sacrée, laissant à l'autorité ecclésiastique toute sa liberté dans la limite des lois.

L'instruction primaire sera de la part du gouvernement l'objet de soins particuliers comme étant la base de l'éducation populaire. Elle peut être considérée comme une sorte de dette publique; elle doit être mise à la portée de tous, être distribuée libéralement, et même, en certains cas, prendre un caractère obligatoire... Pour réaliser un plan quelconque d'instruction publique, le gouvernement a à lutter contre un inconvénient : l'absence de professeurs capables, et il n'y a d'autres moyens de lever cet obstacle que de former d'avance des maîtres et de faire de l'enseignement une carrière qui assure le bien-être de ceux qui l'embrassent.

mes

L'armée a un double titre à ma considération. Elevé dans ses rangs, plus chers souvenirs me lient à elle, et elle a mes plus vives sympathies. Chef de l'Etat, je vois en elle l'exemple de la subordination aux lois et le ferme appui de l'ordre public. Ses services durant la dernière administration, comme ceux de la marine, assurent à la force armée parmi nous la reconnaissance nationale.

Dans la direction des relations extérieures, ma ligne de conduite est simple, comme je crois qu'il convient à nos intérêts. Nous n'avons à demander aux

autres nations que justice, respect pour nos droits comme Etat indépendant, et des facilités pour notre commerce. Nos actes internationaux seront conformes à l'équité, au respect des droits des autres peuples et aux intérêts mutuels du commerce.

Concitoyens,

Ordre, liberté pratique, réformes administratives, améliorations matérielles, tels sont les objets auxquels je consacrerai mes soins. La défiance de mes propres forces doit me porter à rechercher la coopération des hommes laborieux et capables de m'aider dans l'accomplissement de ma tâche, et à faire aussi appel à votre union pour que vous aidiez tous au progrès de la patrie commune : travaillons de bon accord pour que le Pérou atteigne de nos jours à ce degré de bien-être auquel notre patriotisme peut raisonnablement aspirer. Ni aux individus, ni aux peuples il n'est donné d'anticiper sur le temps: la prospérité et la puissance d'une nation sont le fruit du travail successif de bien des générations. Chacune d'elles a sa tâche qui lui est assignée par la Providence. Remplissons la nôtre conformément à ses vues, et, sur le sol qu'elle a daigné nous donner, dans le temps qu'elle a bien voulu nous marquer, avec les moyens qu'il lui a plu de nous accorder, efforçons-nous, par nos constants efforts, de nous attirer la considération et le respect des autres peuples, et laissons un nom honorable à nos enfants.

Lima, 20 avril 1851.

JOSE RUFINO ECHENIQUE.

HAITI.

PROCLAMATION de l'empereur Soulouque.

Liberté, indépendance, empire d'Haïti.

Aux habitants de l'ouest :

<< Moi, Faustin Ier, empereur d'Haïti, depuis longtemps la discorde a troublé la malheureuse Haïti, et elle nous divise encore malgré la raison et nos intérêts, qui sont les mêmes pour tous. Nous déplorons cette division, et, dans

plusieurs circonstances, accomplissant notre devoir, nous vous avons engagés, comme frères et enfants de la même famille, à y mettre un terme en vous réconciliant pour notre bonheur et le bienêtre de notre pays. Nous regrettons la durée de cet état de choses qui est la plus grande calamité qui puisse frapper une nation jeune, qui a surtout besoin de paix, d'union et de concorde. Calculez avec calme tous les sacrifices qu'exige de chaque côté la guerre qui règne entre nous, et veuillez y mettre un terme. L'humanité le demande, et le même sang qui coule dans nos veines nous en fait un impérieux devoir. Qui pourrait douter du vif désir qui nous anime et des voeux de notre cœur pour cette réconciliation si hautement sollicitée par les besoins de la société? La trêve proposée par les puissances conciliatrices, le 18 juin 1850, n'existe-telle plus? N'en avez-vous pas ressenti les bons effets? C'est un premier pas pour arriver à une réconciliation, résultat que désirent si vivement les nations civilisées qui prennent intérêt à notre destinée, à notre bonheur et à nos progrès sociaux et politiques. Il est temps, chers compatriotes, de mettre un terme à nos querelles. Nous venons vous proposer d'ouvrir des négociations. Nous ommerons, chacun de notre côté, des députés qui seront chargés d'établir les bases d'un arrangement destiné à couper court à une situation si désastreuse dont nous ressentons tout le poids, et à nous garantir les bienfaits de la paix et de la tranquillité.

» En même temps, venez, avec sécurité pour votre commerce et vos affaires, cultiver avec nous des relations amicales; venez, un marché est ouvert à vos productions; d'immenses avantages seront le résultat de nos échanges réciproques, et cet état de chose répandra dans le peuple la joie et le bien-être. Tirons

un voile sur le passé et remplissons par notre réconciliation l'attente des amis de l'humanité.

>> Nous avons donné sur toutes nos frontières l'ordre de protéger les personnes et les propriétés, afin que l'on vous fit la réception la plus cordiale. De votre côté, donnez les mêmes ordres. Répondez à nos vœux et acceptez notre proposition comme des frères à qui le mot de pays est cher.

>> Et vous qui commandez dans l'est, pensez aux incalculables calamités que doit nécessairement entraîner un système de désunion. L'intérêt de l'humanité, celui de la civilisation, celui de notre bonheur futur réclament impérieusement la paix. Ne restez pas sourds à la voix qui vous demande l'union; car, en refusant d'écouter cette voix, vous assumeriez une terrible responsabilité dont la postérité vous demandera un compte sévère ainsi qu'à vos enfants.

>> Donné en notre palais impérial du Port-au-Prince, le 14 mai 1851, la quarante-huitième année de l'indépendance et la deuxième de notre règue. >> FAUSTIN.

» Par l'empereur :

» Le duc de BANDE-DUNORD, ministre de l'intérieur et de l'agricul ture; D'HIPPOLYTE, duc de TIBURON, ministre de la guerre et de la marine; DuFRENE, duc de SAINTLouis, ministre des finances et du commerce, chargé par intérim du portefeuille de la justice et de l'instruction publique.

» SALOMON JUNIOR. »

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