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plus depuis vingt ans. Les moyens d'assurer aux peuples un avenir heureux devoient être discutés dans une assemblée solennelle convoquée à Vienne. Les plénipotentiaires de toutes les puissances qui avoient pris part aux derniers événemens, étoient appelés à concourir, dans un congrès général, aux arrangemens nécessaires

chronologique. Paris, 1816 et suiv. 6 vol. in-8°. Ce recueil est un extrait du précédent, dont il renferme les principales pièces, et par conséquent les matériaux sur lesquels cette section a été rédigée. Toutes ces pièces s'y trouvent en françois, ce qui donne à ce recueil l'avantage d'être plus connu de nos lecteurs que celui de M. KLÜBER: c'est pour cette raison que nous nous contentons de le citer, en observant une fois pour toutes que l'on trouve les mêmes pièces dans le recueil allemand.J. L. KLÜBER Ubersicht der diplomatischen Verhandlungen des Wiener Congresses überhaupt, insonderheit über wichtige Angelegenheiten des deutchen Bundes. Francf. a M. 1816, 3 vol. in-8.° Le premier volume de cet ouvrage surtout nous a été utile.—J. L. KLÜBER, Staats-Archiv des teutschen Bundes. Erlangen, 1816; 2 vol. in-8.-F. BUCHHOLZ Geschichte der europäischen Staaten seit dem Frieden von Wien. Vol. 5., Berlin, 1816, in-16.-Du Congrès de Vienne, par M. de PRADT. Seconde édition; Paris, 1815, 2 vol. in-8°. Quoique nous avons trouvé dans cet ouvrage de très-bounes vues de politique, à côté de quelques opinions que nous ne partageons pas, il nous a été en général de peu d'utilité, parce que, dans ce volume plus encore que dans les précedens, nous nous sommes interdit les raisonnemens; mais nous avons été scrupuleux à le citer, toutes les fois que nous, en avons emprunté un fait ou une observation.

pour compléter les dispositions du traité du 30 mai 1814. L'art. 32 de ce traité avoit fixé un délai de deux mois pour l'ouverture de cette assemblée.

Depuis que les nations européennes ont établi l'usage de confier à des ministres et à des agens diplomatiques la défense de leurs intérêts politiques, l'histoire n'a pas offert l'exemple d'une réunion d'hommes d'état, chargée d'une tâche aussi grande et importante que celle qui occupa le congrès de Vienne. Ni celui d'Utrecht, ni même le congrès de Westphalie, ne peuvent lui être comparés. Il ne s'agissoit plus en effet d'opposer une barrière à quelque puissance isolée, qui seroit tentée d'abuser de sa prépondérance aux dépens de ses voisins. L'Europe entière avoit été bouleversée pendant vingtcinq ans; plusieurs états, des monarchies entières, d'antiques républiques avoient disparu; quelques-uns des états qui avoient survécu à la ruine générale, privés de la meilleure partie de leurs ressources, n'avoient plus les forces nécessaires pour maintenir entre eux un juste équilibre de puissance; la constitution germanique même, l'ouvrage des siècles et le chef-d'œuvre de la politique moderne, n'avoit pu résister au torrent révolutionnaire. Il falloit établir sur de nouvelles fondations ce pivot sur lequel reposoit anciennement l'équilibre de l'Europe; les élémens qui devoient entrer dans sa reconstruction, étoient, il est vrai, moins hétérogènes que

pas,

ceux dont avoit été formé l'ancien système germanique; mais en revanche on avoit, à chaque à combattre les prétentions de l'égoïsme qui prenoit toutes les formes pour échapper aux concessions qu'on lui demandoit; au milieu de ces intérêts divers, les droits sacrés de la nation couroient grand risque d'être sacrifiés à des considérations qui doivent être étrangères à ceux qui règlent les destinées des hommes.

Si l'on réussissoit à résoudre le problème de reconstituer l'Allemagne en corps de nation, une nouvelle difficulté se présentoit. Il devenoit nécessaire d'en renforcer les extrémités en y plaçant des états assez puissans pour protéger ses frontières contre l'ambition étrangère. Au midi, l'auguste maison d'Autriche, qui avoit si long-temps porté avec éclat la couronne germanique, et auprès de laquelle les foibles avoient toujours trouvé un appui contre l'injustice des grands, avoit été dépouillée d'une partie de son héritage. L'intérêt général exigeoit qu'on lui rendit son ancienne puissance; mais il étoit impossible de satisfaire ses justes prétentions, sans heurter celles d'un voisin qui avoit rendu d'utiles services dans la guerre 'de la délivrance.

Le Nord présentoit une tâche non moins difficile, la reconstruction de la monarchie prussienne, si utile au système germanique, pour balancer l'influence autrichienne, si nécessaire au système européen, dont elle doit être un des

plus fermes boulevards, si l'on veut garantir l'indépendance des états dont il se compose.

Le sort de la Pologne et du royaume de Saxe étoit intimement lié à cette grande question. Le partage de la Pologne, nous l'avons déjà dit, a été l'excuse des bouleversemens auxquels l'Europe a été si long-temps en proie. Pour enlever ce prétexte aux conquérans futurs, peut-être auroit-il fallu rendre ce pays à son antique et complète indépendance. Cette restauration étant devenue impossible, il ne s'agissoit plus que de règler le partage de manière que chaque état limitrophe trouvât sa tranquillité dans la possession d'une frontière militaire. Le royaume de Saxe offroit à la Prusse la seule possession qui, en arrondissant son territoire, pouvoit lui assurer la véritable force dont elle a besoin pour jouer le rôle de conservatrice de la paix générale, auquel elle est appelée par sa position. Avant de se résoudre à anéantir un état pour l'incorporer à un autre, il falloit examiner la question sous le point de vue du droit, et sous le rapport de la convenance réciproque, c'est-à-dire, de la sûreté de tous les états du continent.

Après avoir reconstruit la monarchie prussienne, l'intérêt de l'Europe vouloit qu'on rétablît entre la France et la confédération germanique un état indépendant qui, trop foible pour devenir conquérant, fût assez puissant par lui-même pour partager avec la Prusse et

l'Autriche la noble fonction de veiller au maintien de la tranquillité générale, et placé de manière qu'au premier signal l'Angleterre pût venir à son secours, Il falloit, sur un autre point, assurer, pour l'avenir, l'inviolabilité du territoire suisse, avec raison regardé anciennement comme un des boulevards de l'Allemagne et de la maison d'Autriche; mais, avant de fixer les rapports qui devront lier dorénavant cette république aux autres puissances, il étoit nécessaire de mettre fin à des divisions intestines qui, ayant exalté toutes les passions, menaçoient de renouveler en Suisse les horreurs d'une civile.

guerre

Dans l'intérieur de l'Allemagne, on avoit à fixer le sort des provinces qui avoient anciennement composé le grand-duché de Francfort, en tant que les anciens souverains n'y étoient pas rentrés ex jure postlimini: il falloit mettre fin à cette administration provisoire sous laquelle se trouvoient placés les départemens ci-devant françois sur la rive gauche du Rhin. Ces provinces devoient enfin connoître les maîtres auxquels elles obéiroient dorénavant. La Bavière étoit en droit de réclamer une indemnité pour les cessions qu'elle avoit faites à son voisin : elle avoit stipulé que cette indemnité seroit contitigue à ses autres possessions, et cette condition ne pouvoit être exécutée sans violer des droits aussi légitimes que ceux qu'elle invoquoit. Les difficultés ne diminuèrent guère lorsqu'on

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