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ENCYCLOPÉDIQUE,

OU

ANALYSES ET ANNONCES RAISONNÉES

DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES

DANS LA LITTÉRATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS.

I. MÉMOIRES, NOTICES,

LETTRES ET MÉLANGES.

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NOTICE

Relative au TABLEAU ci-joint DES VARIATIONS DE LA TEMPERATURE, PENDANT L'ANNÉE 1822.

Il serait superflu de répéter ici ce que nous avons exposé ailleurs (Voy. Rev. Encycl., T. VI (1820), pag. 237–246. -T. IX (1821), pag. 221-227; et T. XIV (1822), p. 5-8.) sur la construction et l'usage des tableaux géométriques, destinés à figurer les variations successives auxquelles divers effets naturels se trouvent sujets, et particulièrement celles qu'éprouve la température. On se représente aisément qu'en tirant une ligne horizontale qui marque le zéro de l'échelle thermométrique, et en prenant sur cette ligne des parties égales pour désigner chaque jour de l'année (1), on a élevé

(1) Le peu d'étendue de la feuille sur laquelle le tableau météorologique est tracé, n'a permis d'y marquer les températures moyennes que de cinq en cinq jours.

T. XIX.-Août 1823.

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des perpendiculaires à cette ligne, auxquelles on a donné pour longueurs la température moyenne du jour correspondant, mesurée en partie de l'échelle thermométrique. Cette longueur est portée verticalement en dessus de la transversale, quand cette température est supérieure à la glace; et en dessous, quand elle est inférieure à ce terme.

Nous ferons ici quelques remarques sur les variations les plus importantes observées à Paris en 1822; l'inspection de la courbe permet de reconnaître ces écarts et de les compa

rer entre eux.

Dans les mois de janvier et de février 1822, la température a été plus douce qu'on n'a coutume de l'observer à Paris ; à peine a-t-on ressenti quelques gelées, et les glacières n'ont pu trouver de ressources pour s'approvisionner et suffire aux consommations habituelles de l'été. On a vu éclore de bonne heure les fleurs printanières, et un printems chaud a fait présager d'heureuses récoltes.

C'est le mois de juin qui a été le plus chaud de l'année; le thermomètre de Réaumur s'y est élevé à 27 degrés, le 10 de ce mois, jour où la température a été la plus haute : la moyenne de ce mois a été d'un peu plus de 21 degrés. On n'a pas éprou vé, en juillet et en août, les chaleurs ordinaires à cette saison; et même le 31 juillet, jour qui avait été le plus chaud de l'année 1821, s'est trouvé le plus froid de l'été de 1822, puisque le thermomètre y est descendu à 7o 1 de Réaumur. Ainsi, à un printems chaud, on a vu succéder un été froid. Toutefois, les températures de la fin de l'été ont été assez élevées pour suffire à la maturation des fruits et des semences, qu'une chaleur précoce avait singulièrement hàtée.

Quoique le succès des opérations agricoles soit moins fondé sur la température moyenne de l'année que sur les degrés de chaleur à laquelle elle se soutient en été, cependant il est bon de remarquer que la douceur de l'hiver et la chaleur du

printems l'ont tellement emporté sur l'état habituel de ces saisons, que, malgré les pluies et les froids des mois d'été, la température moyenne a été de 9°,7 Réaum., c'est-à-dire, un peu plus élevée que cela n'a lieu communément dans nos climats.

Le mois d'octobre a été soumis à la température moyenne de 13o,2 centigrades, qui équivalent à 10° Réaum.; cette chaleur est supérieure de 1o à celle qu'on ressent d'ordinaire dans ce mois, qui, comme on le sait, s'accorde communément avec la température moyenne de l'année entière.

Les extrêmes de la température ont été le 10 juin d'une part, ainsi qu'on l'a déjà dit, et le 27 décembre, jour où le thermomètre est descendu à 7 degrés Réaum.

Le baromètre a fait ses excursions entre les deux limites suivantes ; il a été au plus haut, le 22 janvier, et au plus bas, le 25 décembre, s'étant élevé d'une part à 28pouc. 5lig.,8, et abaissé de l'autre à 27pouc. 1lig.,7. Cette variation est de 1 pouc. 4lig., 1.

Il y a eu 143 jours de pluie, et 4 jours de neige dans le courant de l'année 1822, et la quantité des eaux pluviales a été de 15pouc., lig., 6. C'est dans le mois de juin que cette quantité a été la plus forte; elle s'est élevée entre le quart et le cinquième de la quantité totale. On a observé 48 jours de gelée, 24 jours de tonnerre, et 7 jours de grêle. Nous renverrons, pour de plus amples détails, au numéro des Annales de chimie et de physique (décembre 1822), ouvrage qui continue de mériter les éloges universels, et où tous les faits utiles aux personnes qui se livrent à l'étude de ces sciences sont exposés avec le soin et le talent dont leurs célèbres auteurs sont capables.

FRANCŒUR.

NOTICE SUR LES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES (Institut de France), pendant l'année 1822.

Nous avons inséré, dans notre dernier volume (T. XVIII, cahier de mai, pag. 247), l'excellent Rapport de M. FouRIER sur les progrès des sciences mathématiques. Depuis la séance publique de l'Institut, où ce rapport a été lu, l'auteur y a joint des développemens sur chacun des objets de ses recherches, en accompagnant quelquefois de courtes remarques les extraits des ouvrages dont il parle, afin d'inspirer le désir de connaître ces ouvrages, et d'en faciliter l'étude. Ce nouveau travail dépasse de beaucoup les bornes qui nous sont prescrites dans ce recueil. Nous nous Bonnerons donc à des indications plus sommaires que celles de M. Fourier, et nous ne reviendrons point sur les objets dont nous avons déjà parlé avec quelque étendue. A ces additions sur les sciences mathématiques, nous joindrons les notices de M. CUVIER sur les travaux relatifs aux sciences physiques, en les abrégeant, et en ne conservant que celles dont il n'a pas été rendu compte dans nos volumes précédens. Nous compléterons ainsi le tableau de ces sciences jusqu'au moment actuel.

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GÉOMÉTRIE. L'auteur de la Mécanique céleste a publié le T. V et dernier de ce grand ouvrage. La question de la figure de la terre y est traitée sous des points de vue que l'on n'avait point encore considérés: savoir, 1o l'effet dynamique de la présence et de la distribution des eaux à la surface du globe; 2° la compression exercée sur les couches intérieures; 3o le changement de dimensions qui serait occasionné par le refroidissement progressif de la terre : il est évident que chacune de ces causes peut influer sur l'équilibre, la figure ou le mouvement de la masse terrestre : jusqu'à présent, ces conditions physiques n'avaient pas été introduites dans la théorie

de la figure du globe. Il est aisé de prévoir qu'elles éclaireront plusieurs questions de géologie et de physique générale.

Les formules analytiques de M. De Laplace l'ont conduit aux résultats suivans : la masse de la terre n'est point homogène. Les couches situées à de plus grandes profondeurs sont plus denses.-Ces couches sont disposées régulièrement autour du centre de gravité du globe, et leur forme diffère peu de celle d'une surface courbe engendrée par la révolution d'une ellipse. La densité de l'eau est à peu près cinq fois moindre que la densité moyenne de la terre (1).-La présence et la distribution des eaux à la surface de la terre, ne causent pas de changemens considérables dans la loi de la diminution des degrés, et dans celle de la pesanteur. - On ne peut admettre aucun déplacement considérable des pôles à la surface de la terre, et tout système géologique fondé sur une telle hypothèse, ne s'accorderait point avec l'ensemble des connaissances acquises sur les causes mécaniques qui déterminent la figure de la terre. La température du globe n'a pas diminué sensiblement depuis le tems d'Hipparque (plus de 2000 ans), et l'effet de cette perte de chaleur n'a pas fait varier, dans le même espace de tems, la durée du jour de la

200me partie d'une seconde centésimale.

MÉCANIQUE. M. Girard a traité des questions très-importantes concernant la fonte de fer et l'emploi de cette matière dans les machines, la conduite des eaux et les chaudières des machines à vapeur. La fonte de fer peut recevoir, au gré de celui qui l'emploie, la forme que la nature donne aux corps pour les rendre capables d'une résistance déterminée avec la moindre quantité possible de matière résistante. Ainsi,

(1) Les roches les plus pesantes n'ont pas la densité moyenne du globe terrestre, et par conséquent, les couches intérieures ne sont pas de même nature que la surface. (N. d. R.)

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