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ne possède même plus les manuscrits originaux des auteurs dont je viens de rapporter les noms. Huit manuscrits palimpsestes, quelques traités de médecine jusqu'ici inconnus, et qui pourraient servir à l'histoire de la science, voilà désormais tout ce que la bibliothèque de Saint-Gall présente à l'avidité des savans les autres manuscrits ont été vus et revus à satiété. Du reste, l'accès de la bibliothèque est aisé, et grâces à un excellent catalogue des manuscrits, qui fut rédigé en 1759 par le bibliothécaire Pie Kolb (2 vol. in-fol., manuscrit), on peut se livrer à toutes sortes de recherches avec assurance. Ce sont probablement ces facilités qui ont porté M. Niebuhr à rentrer dans une carrière parcourue par le Pogge avec tant de succès. Malgré les importantes occupations qui auraient pu le détourner d'un travail fatigant, il vient d'exhumer de la bibliothèque, de Saint-Gall les lambeaux d'un écrivain peu connu, nommé Flavius Merobandis; il avait porté les armes avec gloire, sous Théodose et Piacide Valentinien. Tel est l'état de mutilation des manuscrits sur lequel M. Niebuhr a travaillé, que ce n'est qu'à l'aide d'inductions qu'il est parvenu à retrouver le nom de l'auteur. Des cinq morceaux de poésies que j'ai sous les yeux, trois sont trop peu étendus et surtout trop défigurés pour que j'en occupe nos lecteurs; le quatrième, qui semble appartenir à un poème composé en l'honneur du fils d'Aétius, offre quelques beaux vers; le cinquième, qui est le plus étendu, n'a pas moins de 197 vers, qui sont les restes d'un poème où étaient célébrés les exploits d'Aétius lui-même. Quant aux deux morceaux de prose, ils ont absolument le même but ; mais on ne peut y trouver dix lignes de suite qui soient intactes. Reconnaissons que, dans l'état où Merobandis nous parvient, il est impossible de lui assigner un rang parmi les poètes ou les orateurs; mais aussi, flattons-nous de l'espoir que les tentatives de M. Niebuhr exciteront quelqu'autre savant à s'occuper de cet auteur, et qu'un jour nous aurons un poète ancien de plus. Espérons encore qu'elles porteront les amis de l'antiquité à visiter les bibliothèques de la Suisse, beaucoup trop négligées, et dont plusieurs sont dignes de leurs doctes recherches. Je leur signalerai particulièrement celle qui orne la riche et puissante abbaye d'Einselden; ils y trouveront des manuscrits très-susceptibles d'être publiés. Arthur BEUGnot.

262. Collection M. Tullius Cicero's sämmtliche Briefe, etc. complète des épîtres de Cicéron, traduites et commentées par C. M.

cueillie sur les lieux; car je n'oserais risquer volontairement un reproche contre des hommes qui ont rendu de si grands services à l'orthodoxie et à l'intolérance.

WIELAND. Tom. VIIe et dernier, achevé et publié par M. F. D. GRATER. Zurich, 1821; Gessner, x11-550 pag. : prix, 8 fr.

L'histoire de la littérature allemande présente peu de noms plus justement célèbres que celui de Christophe-Martin Wieland (né le 5 septembre 1733 dans les environs de Biberach, et mort en 1813 à Weimar), l'un des génies les plus vastes et les plus féconds des tems modernes. L'Institut de France s'honora en l'associant à ses travaux. Nous essaierons peut-être un jour de donner une idéé juste et complète des travaux nombreux et variés de cet illustre auteur, nous bornant aujourd'hui à l'annonce d'un de ses ouvrages les plus distingués, auquel il a consacré les dernières années de sa vie laborieuse, et que M. Grater vient de terminer par un septieme volume. (Ce volume renferme entre autres choses, la table des matières contenues dans tout l'ouvrage.) Les traductions que Wieland a faites des dialogues de Lucien, des satyres et épîtres d'Horace, et des épîtres de Cicéron, méritent d'occuper la première place parmi toutes les traductions, et peuvent même être considérées comme des ouvrages originaux, grâce à la manière ingénieuse dont Wieland s'est approprié leurs différens sujets. Il n'existe peut-être pas de livre plus propre que celui que nous annonçons à nous familiariser avec l'histoire, les mœurs, les coutumes, les sciences et les arts des Romains du siècle de Cicéron, et à nous faire connaître dans tous ses moindres détails l'immortelle cité des sept collines. Indépendamment d'une excellente traduction des épîtres de Cicéron, disposées dans un ordre chronologique, l'auteur nous y donne un aperçu de la vie de cet auteur, un commentaire détaillé qui offre un grand nombre d'explications, sans lesquelles la lecture de ces lettres serait ennuyeuse et stérile, et des vues historiques et archéologiques aussi heureuses que neuves. Des introductions historiques sont destinées à donner d'avance au lecteur les notions propres à lui faciliter l'intelligence du texte. En un mot, rien n'est omis dans cet ouvrage. Wieland avait achevé, en six volumes, quinze livres de ces épîtres, qui devaient en fornier dix-huit; la mort vint interrompre son travail, et M. Grater s'est chargé du soin de publier les trois derniers livres, pour lesquels il a mis à profit les papiers de son auteur. Il les fait précéder d'une dissertation sur la mort de César et de l'opinion de l'orateur philosophe à cet égard; il donne également des introductions à chaque livre, place sous le texte de sa traduction, très-bien faite, des notes explicatives, et fait, dans les commentaires qui suivent chacun des trois livres, la part de la critique, de l'histoire, de l'archéologie, etc. C'est un travail, enfin, qui fait beaucoup d'honneur à l'homme qui a osé marcher sur les traces d'un tel

devancier. Un appendice renferme des renseignemens biographiques sur Wieland. S......L.., de Strasbourg.

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263. Nouvelles, par Mme Caroline PICHLER, traduites de l'allemand. · Genève, 1821; J. J. Paschoud. Paris, le même, rue de Seine, no 48. Quatre vol. in-12: prix, 9 fr.

Mme Caroline Pichler, née de Greiner, passe, avec raison, pour l'un des meilleurs prosateurs de l'Allemagne; son style est en général noble, soutenu; l'exécution de ses ouvrages répond au mérite de leur conception elle y fait toujours preuve de beaucoup d'esprit, et y montre surtout une grande connaissance du cœur humain. Ses poésies, quoique généralement inférieures à ses autres productions, sont aussi trèsestimées des Allemands. Malgré ces avantages, et quoique deux écrivains distingués, Mmes Isabelle de Montolieu et Élise Voïart, aient fait passer dans notre langue deux des principaux ouvrages de Mme Pichler, elle est encore peu connue du public français. On doit à la première, une traduction de l'excellent ouvrage d'Agathoclès, ou Lettres écrites de Rome et de Grèce, au commencement du quatrième siècle, imprimé en 1812; et à la seconde, une charmante imitation de Coralie, ou Le danger de l'exaltation chez les femmes, qui a paru en 1820. Le seul journal français qui, à notre connaissance, ait mis ses lecteurs à portée d'apprécier les autres écrits de Mme Pichler, la Bibliothéque britannique, maintenant Bibliothèque universelle, a donné des extraits fort étendus et très-bien faits du premier de ces romans, ainsi que des Contes de Hohenberg, de Léonore de Brandner, de la Dignité des femmes, et enfin, des Rivaux, roman dont il a paru une traduction française, en 1822. (Voy. Rev. Enc., Tom. XV, page 378-379.) — Quoique les Nouvelles contenues dans les quatre volumes que nous avons sous les yeux ne soient pas les meilleures de notre auteur, on les lira cependant avec plaisir, surtout celles qui ont pour titre, le Comte de Barcelonne et l'Officier de hussards: elles sont néanmoins bien loin de valoir l'excellent conte intitulé Frédéric-le-Noir, qui est le meilleur ouvrage de Mme Pichler en ce genre. Le traducteur a rendu fidèlement les pensées de son auteur, et a fait avec discernement les coupures que le génie différent des deux langues rendait nécessaires; on peut lui reprocher cependant de la négligence dans le style, défaut qui tient sans doute au long séjour qu'a fait en Allemagne, où elle est encore domiciliée, la dame à qui l'on doit cette traduction. E..

ITALIE.

264.-Ricerche sopra l'intendimento del cane, e degli altri bruti, etc.

Recherches sur l'entendement du chien et des autres animaux, etc.; par M. F. ORIOLI, etc. Pesaro et Bologne, 1823. In 8°.

Cet opuscule a été composé et publié à l'occasion d'un chien qui, élevé par un professeur public de charlatanerie, a joué, à Bologne et à Sinigaglia, le rôle de savant avec un grand succès. Il savait, dit-on, lire, écrire, calculer, et avait beaucoup d'autres connaissances qui supposent quelque instruction dans l'homme qui les possède. Une affaire de pur amusement devint bientôt un objet sérieux de discussion. « L'espèce que nous nommons brute, et principalement l'espèce canine, ne serait-elle point douée de raison perfectible, capable enfin de sentimens moraux? et, si cela est, jusqu'à quel degré jouit-elle de ces facultės? » Dans tous les tems, on s'est occupé de la solution de ces problèmes idéologiques. On connaît ce que Plutarque a laissé sur ce sujet, et qui, plus tard, a été répété et exagéré par J. B. Gelli dans sa Circé. L'historiette du chien d'A. Telesio, oncle du célèbre philosophe du même nom, devint l'objet de plusieurs commentaires sur l'intelligence des chiens. M. Orioli, professeur de physique à l'université de Bologne, très-versé dans l'idéologie, a voulu de nouveau soumettre ce phénomène à une analyse rigoureuse. Il a divisé són mémoire en deux parties. Dans la première, il a rassemblé la plupart des exemples les plus singuliers des chiens anciens et modernes qui, comme autant de béros dans leur espèce, ont mérité une place dans l'histoire. On a publié, en France, une Histoire des chiens célèbres. L'auteur s'arrête surtout au canis familiaris de Linnée. Dans la seconde partie, il tâche d'expliquer toutes les opérations les plus singulières de ces êtres que l'on appelle irraisonnables, et auxquels il accorde, lui, une espèce d'entendement et de volonté (analogum voluntatis). Il s'étudie à déterminer les différences qui existent entre l'homme et la brute, surtout quant aux facultés morales. Il compare les organes de l'un et de l'autre, et reconnaît que si quelqu'un de ces organes est plus développé dans la brute, les autres le sont à un bien plus haut degré dans l'homme, chez lequel la faculté de les combiner, qui lui est particulière, rend ses sensations plus délicates, plus variées, plus exactes. Il examine aussi jusqu'à quel point s'étendent dans la brute l'attention, la mémoire et l'association : cet examen le conduit à conclure que la brute ne jouit pas véritablement de la faculté de juger et de raisonner. L'espèce de jugement et de raisonnement qu'on lui accorde n'est, aux yeux de l'auteur, que le résultat d'opérations purement passives. Ainsi, il ne lui reconnaît point le libre arbitre. En résultat, il nous semble avoir commenté la doctrine de cet ancien, qui disait des brutes qu'elles ne raisonnent pas, mais qu'elles

raisonnent presque. Cette question est plus importante qu'elle ne paraît; et cependant, nous croyons qu'il ne convient pas d'en faire l'objet d'une discussion sérieuse.

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265. - Det Viaggio di Terrasanta, fatto et descritto da ser Mariano da Siena, nel secolo XV, etc. Voyage à la Terre-Sainte, fait et décrit par MARIANO, de Sienne, àu xve siècle. (Texte inédit.) Florence, 1822. In-8°.

266. Philippi Redditi exhortatio ad Petrum Medicem in magnanimi sui parentis Laurentii imitationem ex codice Laurentiano. Florence, 1822. In-8°.

La publication de ces deux manuscrits est due à M. le chanoine Do minique Moreni, déjà très-connu par d'autres services du même geure qu'il a rendus à la république des lettres. Le voyage de Mariano n'est d'aucun intérêt: il est même voisin du ridicule, par la nature des choses dont il est rempli; mais il contient des phrases et des mots, chose précieuse pour un savant académicien de la Crusca, qui trouve ici le sujet de beaucoup de remarques, suivant lui, très-importantes. Le discours de Philippe Redditi avait déjà été publié par l'abbé Lami; mais le manuscrit que met au jour M. Moreni est plus correct, et augmenté d'ailleurs de plusieurs pièces qu'on ne connaissait pas. L'éditeur, toujours conséquent dans sa manière de voir, ne perd pas cette occasion de rappeler les bienfaits que l'Italie doit à la famille des Médicis, qui l'a remplie de gloire littéraire, tout en lui enlevant sa liberté politique. 267. Apologia de secoli barbari, etc. Apologie des siècles barbares, par le R. P. Costantino BATTINI, etc., etc. Colle, 1823. In-8° avec deux planches.

L'auteur de ce livre est un professeur de l'université de Pise, où jadis enseignait Galilée, qui eut le malheur de ne pas naître dans ces beaux siècles dont le P. Battini fait l'apologie. En lisant le titre de son ouvrage, nous avions d'abord pensé qu'il n'avait voulu faire qu'une épigramme, quoiqu'une épigramme de 232 pages nous parût un peu longue. Enfin, il a bien fallu se convaincre que l'auteur avait écrit avec toute la bonne foi et la gravité d'un religieux. Il s'efforce même d'enrôler sous sa bannière tous les grands personnages dont la noblesse tient à ces siècles qu'on appelle barbares; on dirait qu'il veut faire la guerre à tous les écrivains modernes qui, vivant dans un siècle de ténèbres, ont calʊmnié ces beaux siècles des lumières; ce qui serait pour eux bien dangereux, car l'auteur, respectant les jugemens de Dieu, justifie jusqu'aux épreuves du feu et de l'eau bouillante. Mais, sans chercher à interpréter ici ses intentions, nous ne pouvons nous dispenser de dire que son livre

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