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278. · Annales Academiæ Lugduno-Batava. — Lovaniensis. — Gandensis ultrajutinæ, an 1822; 3 vol. in-4° et 1 vol. in-8°.

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L'université de Liége, dont les travaux ont fixé l'attention de la Revue (Voy. T. XVIII, p. 622—624), n'est pas la seule qui rende à l'instruction publique d'utiles services. La Belgique a six institutions savantes du même genre et où la jeunesse reçoit l'enseignement le plus libéral. Il suffira, pour s'en convaincre, de traduire l'énoncé d'une question philosophique proposée par l'université de Leyde, et pour la solution de laquelle M. Guillaume Delprat, de la Haye, a obtenu un prix: « Exposer et discuter les doctrines d'Épicure et de Zénon, parmi les anciens, de Leibnitz et de Kant, parmi les modernes, sur l'alliance de la vertu et du bonheur. Dans nos universités règne en effet cette philosophie qui, suivant l'expression de M. Cousin, voit dans l'homme autre chose que son enveloppe; qui lui reconnaît une autre activité que l'irritabilité des organes, une autre source d'idées que les impressions des sens, une autre règle que l'intérêt personnel, une autre destinée que les jeux du sort et les chances de cette vie.

DE R-G.

279. — Specimen litterarium inaugurale, exhibens Dionis CHRYSOSTOMI Orat. VIII, animadversionibus illustratam, etc. a Frano. Nicol. Gist. BAGUET, Nivellensi. Thèse littéraire sur le huitième discours de Dion Chrysostôme (sur la vertu), etc. Louvain, 1823; Demat. In-8°.

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L'érudition se contente de peu de juges, et trop souvent même ces juges lui manquent. Je ne sais si, dans la ville de Louvain, si célèbre par son antique université, la thèse dont je viens d'abréger le titre, a eu quelques lecteurs; mais je sais bien que, dans notre capitale de France, où l'on trouve tant de prétendus gens de lettres, qui veulent même passer pour gens instruits et pour habiles critiques, M. Baguet, malgré ses travaux si dignes d'être encouragés, et ce beau nom de Chrysostôme que porte son auteur, serait à peine connu hors de l'enceinte des écoles. Je suis loin de croire qu'une simple notice puisse donner une idée suffisante de cet ouvrage, ou même que le jeune savant qui vient de le publier, attache quelque prix à nos éloges ; il doit être convaincu, ou du moins il se convaincra par la suite que ces graves études n'ont point á espérer de plus douce récompense que le plaisir qu'elles procurent à ceux qui les cultivent. Cependant, je ne veux point que le hasard, qui a fait tomber ce livre entre mes mains, soit perdu pour ceux qui aiment encore les travaux philologiques; et j'en profite pour leur apprendre qu'ils trouveront ici un très-ample commentaire latin sur le

huitième discours de Dion, commentaire précédé du texte, et suivi de deux Index rédigés avec soin. Le discours même, indépendamment de tous les trésors d'érudition dont il est environné, mériterait l'attention des lecteurs instruits; le titre seul intéresse, Diogène, ou de la Vertu. Mais il me semble qu'ils applaudirout surtout au zèle scrupuleux et aux longs efforts de l'éditeur pour rétablir un texte souvent mutilé, pour éclaircir les phrases douteuses, pour expliquer certaines locutions par le témoignage des anciens écrivains ou par l'autorité des commentateurs ; et ils admireront encore plus cet appareil d'érudition dans un jeune homme qui nous apprend lui-même, avec une franchise modeste, qu'il n'y a guère plus de quatre ou cinq ans qu'il se livre à ce genre d'études. Il serait difficile de mieux employer son tems. M. Baguet avait déjà publié en 1821, dans les Annales de l'Académie de Louvain (Voy. Rev. Encycl., T. XIX, p. 411), des recherches précieuses sur l'ancienne philosophie, et spécialement sur Chrysippe; et on lui doit peut-être quelques autres ouvrages que je ne connais pas encore. C'est avec cette ardeur et cette persévérance dans le travail qu'il ne peut manquer un jour de marcher sur les traces des savans Belges qui ont illustré autrefois la littérature classique. Déjà même son exemple est propre à réveiller, parmi la jeunesse de son pays, l'amour de l'érudition grecque et latine, qui n'est dédaignée que par des esprits superficiels, et qui laisserait un vide si elle venait à dépérir, puisque tout se tient dans les connaissances humaines. De nouvelles études, faites avec le même soin, donneront certainement au style et au goût de M. Baguet plus de maturité; il réprimera, par exemple, cette effervescence de novice qui l'a peut-être ici emporté trop loin, et il verra qu'il est possible de donner un peu moins de 129 pages de commentaires sur 9 pages de texte, et que ces longues kyrielles de noms propres qui remplissent ses notes, ne sont le plus souvent qu'un luxe frivole et stérile. Rien de plus aisé que de citer avec profusion; il l'est beaucoup moins d'expliquer avec succès. L'auteur nous promet une édition complète de Dion Chrysostôme: où en serions-nous s'il suivait partout la même proportion? Peut-être aussi doiton voir avec peine un autre Belge former un projet semblable, et M. Baguet persister dans le sien. C'est s'occuper un peu trop d'un vieux sophiste, et multiplier les livres sans nécessité. Pourquoi ces deux savans ne réuniraient-ils pas leurs lumières et leurs recherches? Outre que l'édition serait plus complète, l'Europe savante ne pourrait voir qu'avec intérêt cette association de talens et de veilles entre deux compatriotes. Ces travaux ne sont point du genre de ceux qu'on ne puisse partager, et

il nous semble, d'après ce que nous connaissons de M. Baguet, qu'il n'est personne qui ne doive s'honorer de les partager avec lui. J. V. L.

LIVRES FRANÇAIS.

280 (*). Dictionnaire classique d'histoire naturelle, par MM. AuDOUIN, Ad. BRONGNIART, DECANDOLLE, EDWARDS, GEOFFROY SAINT-HILAIRE, LATREILLE, A. RICHARD, BORY DE SAINT-VINCENT, etc. Tom. III. CAD-CHL; Paris; août, 1823; Rey et Gravier; Baudouin. Un vol. in-8° de 592 pages; prix, 8 fr. Troisième livraison de planches, en noir 4 fr. ; coloriées 6 fr. ( Voy. Tom. XIV, pag. 149. Tom. XVII, pag. 346. )

Nous annonçons avec plaisir que les éditeurs et les rédacteurs du Dictionnaire classique ont surmonté les obstacles qui entravaient la publication de cet important ouvrage; le IVe volume paraîtra dans les premiers jours de septembre, et ainsi de suite, de quatre en quatre mois. De cette manière, on n'aura plus à craindre que les derniers volumes ne soient pas en harmonie avec les premiers, inconvénient qui se fait sentir dans le grand Dictionnaire des sciences naturelles. — Le IIIe volume du Dictionnaire classique, prouve, comme les deux autres, que les auteurs ont une connaissance approfondie des matières dont ils s'occupent, et qu'ils sont parfaitement au courant des progrès de la science, progrès auxquels la plupart d'entre eux contribuent par leurs travaux journaliers. Les articles sont généralement rédigés avec netteté et précision, et le dictionnaire deviendrait réellement classique si les auteurs en retranchaient quelques réflexions morales et politiques, fort spirituelles, sans doute, mais étrangères à la science, et qui pourraient donner à un ouvrage destiné à être durable, une empreinte fâcheuse des passions du moment. L'article caméléon, écrit avec le talent ordinaire de son auteur, offre un exemple de ces digressions que nous voudrions voir disparaître. Une description claire et intéressante de ce curieux animal est suivie de ce passage: A ce mot de caméléon, mille idées de versatilité, d'inconstance, d'ingratitude et de basse adulation se réveillent dans notre esprit; plus que jamais surpris de la facilité avec laquelle on passe aujourd'hui d'une opinion à une autre, nous cherchons un terme de comparaison qui exprime d'un seul mot tous les genres d'infidélité et de flatterie. Le caméléon change, dit-on, de couleur presque subitement selon les corps qui l'environnent; le caméléon est donc le portrait de ces hommes qui, changeant aussi de couleur, nʼattendent pas pour revêtir celle du jour qu'ils aient complètement dé

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pouillé celle de la veille.» Après ces réflexions, qui sont tout-à-fait hors du domaine de l'histoire naturelle, l'auteur rentre dans son sujet, en disant Mais ce caméléon, dont le nom retrace le dernier degré des lâchetés humaines, est, moins que l'homme lui-même, prompt à chan. ger. De blanc ou de grisâtre qu'il est habituellement, c'est par degrés, et comme en y accoutumant l'œil de l'observateur, que sa peau se bigarre de teintes jaunâtres, purpurines ou rembrunies. La crainte et la colère, les rayons du jour ou l'obscurité sont les causes d'un changement qui, tenant à des causes physiques, n'est jamais ni aussi considérable, ni aussi prompt qu'on le croit, d'après les préjugés reçus. » L'article cataracte donne lieu à une observation du meine genre. — On voit, par l'article calandre, qu'on doit à M. Audouin, jeune savant trèsdistingué, de quelle utilité la connaissance des mœurs des insectes, dont il fait une étude particulière, peut être à l'économie rurale. C'est sur cette connaissance qu'est fondé un des meilleurs moyens de détruire la calandre du blé, appelé aussi charenson : on forme un petit monticule de blé ou, mieux encore, d'orge, auprès du monceau de blé attaqué, qu'on remue à la pelle. Les calandres qui s'y trouvent se réfugient presque toutes dans le petit tas d'orge ou de blé; on les y retient avec un balai, et au bout de quelques jours, on les fait périr, en versant de l'eau bouillante sur ce monticule. Un second moyen consiste à entretenir dans les greniers, à l'aide d'un ventilateur, une température assez basse pour que les calandres soient dans un état d'engourdissement qui les empêche de s'accoupler et même de se nourrir. M. Clément a découvert que l'air d'esséché avec la chaux peut servir à la conservation des blés, par la propriété qu'il a de faire périr les œufs, les larves et les insectes parfaits. Les rochers long-temps mouillés, les pierres polics, dont sont revêtues des fontaines et des réservoircs fermés, divers corps solides inondés ou exposés à l'humidité, présentent à leur surface une mucosité semblable à une couche d'albumine, qui ne se manifeste qu'au tact, dont la transparence empêche d'apprécier la forme et la nature, et dans laquelle le microscope ne peut faire distinguer aucune organisation. Cette mucosité finit par se ternir et par devenir visible, soit en se colorant en vert, soit en prenant une teinte de rouille souvent très-foncée. La couleur verte est due à la formation de molé. cules organiques végétales, d'apparence sphérique ; la teinte de rouille a lieu lorsque la mucosité est pénétrée d'animalcules de la famille des bacillariées, et particulièrement de navicules rousses. C'est de cette substance inuqueuse que M. Bory de Saint-Vincent forme le genre chaos, la plus simple des cryptogames, et par conséquent des végé

taux, et que ce savant regarde comme le type de la famille à laquelle il propose de donner le nom de chaodinėcs. Il la divise en seize genres, qui s'éloignent considérablement les uns des autres, à mesure que leur organisation se complique par l'agglomération des corpuscules organiques; ces derniers, bien différens du genre chaos, se composent de végétaux dont les rameaux confervoïdes sont enduits de cette mucosité albunimeuse, caractère distinctif de la famille des chaodinėęs. Nous terminerons cette annonce, en appelant l'attention de nos lecteurs sur les articles caféier, canard, cantharide, carnassiers, castor, cellules, cérébrospinal, cerf, cétacés, chameau, champignons, chat, chaux, cheval, chèvre, etc. La troisième livraison de planches, qui représente des objets peu connus, est gravée et coloriée avec beaucoup de soin. A. M~.

281. - Mémoire sur la distribution géographique des animaux vertébris, moins les oiseaux, lu à la premième classe de l'Institut, le 25 février 1822; par M. A. DESMOULINS, D. M. In-4°, 10 pag.

Tandis que M. Desmoulins lisait son mémoire à l'Institut, le Journal de physique l'insérait dans son cahier de février 1822. Ainsi, l'auteur a soumis son ouvrage à deux juridictions, le public et l'Institut. En fait de littérature, ces deux puissances judiciaires se montrent jalouses de leur indépendance, et affectent quelquefois de se trouver en opposition; mais, lorsqu'il s'agit de sciences, plus de divisions, la plus parfaite unanimité. Communément, le public attend les décisions de l'Institut, et les adopte de confiance; mais, lorsque les savans se taisent, il arrive quelquefois que le public prononce sans eux. Enfin, il arrive aussi, et trop souvent, que personne ne veut juger les auteurs, et qu'il leur est impossible d'obtenir même une condamnation. Le mémoire de M. Desmoulins ne mérite certainement pas cette infortune, et cependant, il pourrait l'éprouver, sans que ses juges fussent très-répréhensibles: c'est parce qu'il n'est pas toujours assez clair. En effet, le lecteur qui cherche l'instruction, le savant même, n'auront-ils pas besoin de se recueillir et de méditer quelque tems, avant de comprendre l'alinéa suivant : « Ainsi la vie animale ne s'éteint pas dans les bautes régions par l'intolérance des forces physiques actuelles : les lois de cette restriction se confondent donc avec celles du développement des corps organisés. Aussi, M. Ramond conclut-il que, dans l'état actuel de nos connaissances, il est plus raisonnable de croire qu'au tems de la manifestation sur notre planète de la puissance créatrice, elle a répandu à la fois dans toutes ses parties des types dont l'organisation est assortie à la condition physique de chaque localité. » En détachant ces pensées, et en les isolant de tout ce qui les précède, on les présente de la manière la

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