fe balance mollement entre les diverfes craintes & les diverfes efpérances, entre les idées de peine & de plaifir: efpèce de fituation douce & pourtant mobile, & qui par là réunit deux chofes néceffaires à l'homme; le bien-être, & le changement ou la variété.

La fenfibilité confidérée dans le moral des Fhomme, dérive mès-vraisemblablement de cette fenfibilité qu'on appelle phyfique, & j'entends par là, une difpofition dans les organes qui rend ca pable de fentir diftinétement, de la part des ob jets extérieurs, des impreffions infenfibles peur les autres.

Cette propriété pourroit être regardée comme une efpèce de maladie, ou du moins comme un excès oppofé à celui de la ftupidité.

Quoi qu'il en foit, ceux que la Natare a doués de cette faculté heureufe ou malheureuse, cnti un autre univers, une autre mémoire, un autre tour de penfer, un autre génie que les hom mes indifférens..

Les perfonnes fenfibles ont un autre univers, car notre univers n'eft, après tout, que l'al blage des choles dont nous prenons pohon pour nos lens, & quiconque a des fens nouveaux, eu ce qui revient au même, des fens plus étendus, parce qu'ils font plus mobiles, plus irritables, étend fon univers; comme l'aveugle de Cherelden étendit le fien en dépouillant fa cataracte.

Les perfonnes fenfibles ont auffi une mémoire différente; le phénomène de la mémoire n'eft que celui de la laifon des idées, & les hommes indifférens ne lient leurs idées que par des circoaltances de temps, de lien, de figure, de couleur, & autres idées abftraites qui ne les affectent. point ou ne les affectent que peu au heu que, les perfonnes fenfibles enchaînent étroitement leuts idées par celles de plaifir ou de peine; & ces

ées ne font paint, dans leurs têtes, des idées
abrates, clles rappellent toujours avec elles l'idác
totale & réelle de l'objet qui les a caufées.
Jaide que les perfonnes fenfibles avoient un
tour particulier de penfer & de parler: en effet,
elles ne jugent guère
les objets que
dans les
font entre eux & elles, tandis que
des hommes indifférens s'appliquent à confidérer
rapports que ces objets ont fimplement entre
cux; & ces hommes font précisément ceux qui
deviennent ou qu'on appelle Savans.

Tapports que

Auli les perfonnes fenfibles ne parlent-elles d'ordinaire qu'avec l'émotion du plaifir ou de la peine; c'eft ce qui rend la fenfibilité fi perfuafive & fi eloquente pour tous ceux qui font fenfibles eux-mêmes: un Ecrivain tel que Racine, Fénélon, Rouffcau, doués d'une exquife fenfibilité, peuvent Le comparer à des cordes dont les onulations tris-vives font réfonner & onduler vi yement autour d'eux toutes les cordes qui leur fout heracniques.

Mais fi les perfonnes fenfibles font éloquentes pour ceux qui leur reflemblent à quelque degré, elles paroiffint ben chimériques à tous les autres qui ne leur reffemblent point. Ceux-ci s'étonnent moquent de tous ces mouvemens dont il ne peuvent faifir la caufe, puifqu'elle et vraifemblablement dans la différence de leurs plus intimos.

& fe

Cig nes.

Enin, pour exprimer le caractère de la fenf tilité, de l'imagin-cron & de la raifen, ne pourroiten fas dire que l'objet de la fenfibilité s'étend depuis l'agreable jufqu au delic eux, que celui de magiration embrafie le nouveau & le inerveilJeux. & que l'objet de la raifon commence an Traifeniblable & fe termine à l'évidence? Je fuppofe qu'on montre une belle main, dont cft vcilé, à trois Peintres, dont le pre

k

corps

mier a l'ame fenfible le fecond eft doué d'une imagination vive, & le troisième n'a qu'une raifon froide; je préfume que le Peintre raifonnable definera très-exactement la main, & la mettra dans fon porte-feuille pour l'employer au befoin Thomme d'imagination ajoutera à cette belle main le plus beau corps qu'il pourra fe figurer, & le Peintre fenfible, deflinant la fenime qu'il a le plus aimée, l'unira à cette main que fa fenfibilité y attache par un invincible lien.

Dans les Ouvrages d'un homme fenfible, on trouve fouvent plus d'intérêt que de nouveauté; mais dans ceux d'un homme doué d'une belle imagination, on peut trouver plus de nouveauté que d'intérêt, car une nouvelle combinaison d'ob jets qu'on appele image, vous amufe fouvent comme nouvelle, fans vous intéreffer comme utile à votre bonheur.

Ceci me ramène à ce que j'ai dit, que l'imagination & la fenfibilité s'entr'aident merveilleufement & fe fortifient l'une par l'autre ; il eft. aifé de concevoir cemment cette fenfibilité, fen neus attachant plus vivement à nos idées, nous denne par-là plus de temps & de force pour les combiner en images: d'un autre côté, l'imagination qui raffemble ces objets & les réduit en tableaux, excite fouvent, par cet affemblage, des émotions que chaque objet féparé n'eût point caufées ; ainfi il est très-vrai de dire que la fenfibilité s'accroît par l'imagination, comme 1 imagination par la fenfibilité; plus on fent, plus on imagine, & réciproquement, plus on imagine, & plus on fent: mais où conduifent enfin ces deux facultés enivrantes quelquefois à la gloire, & plus fouvent au malheur.

(Par M, le Marg, de C***, d'Avignon.)

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très-utile aux jeunes Médecins, aux Chirurgiens, aux gens charitables qui exercent la Médecine dans les campagnes; dédiée chier, Ecuyer, Doeur-Régent de la Faculté de au ROI, par M. VaMédecine, &c. Tomes VIII, IXe, Xe. & XIc. In-12. A Paris, chez Méquignon l'aîné, Libr. rue des Cordeliers; & Croullebois, rue des Mathurias.

Mémoires d'Agriculture, d'Economie rurale & domeftique, publiés par la Société Royale d'A

griculture de Paris. Année 1788. 2 Vol. in-8°. ; Trimestre d'Hiver & Trimestre de Printemps. A Paris, chez Cuchet, Libr. rue & hôtel Serpente.

La Guirlande de Julie, offerte à Mademoiselle de Rambouillet, Julie-Lucine d'Angènes; par M. le Marquis de Montaufier; in-8. de 82 pages. Prix, 6 liv. De l'Imprimerie de MONSIEUR. A Paris, chez Didot le jeune, Libr. quai des Auguftins.

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L'Esprit des Impôts & de leur Régime, par F. J. Chaubray de la Roche; in-8°. A Londres. & le trouve à Paris, chez Pichard, Libr. quai des Théa rins; Defense, au Palais-Royal; & Méquignon, au Palais.

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