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»ment unis, et qu'il n'avoit pu amener à la » vérité qu'avec tant de travail et de peine...... » Qui pourroit après cela espérer de se rendre » maître de tant d'esprits remués par tant de » passions; que le pire de tous les partis étoit » d'abandonner lâchement la cause de l'Eglise » dans l'incertitude du succès. Où seroit donc le » zèle et le courage des évêques, s'il leur man>>> quoit en cette occasion? qu'au surplus il avoit » une ferme espérance que l'erreur seroit con>> damnée ».

Aussitôt que le Pape eut nommé des examinateurs pour émettre leur opinion sur le livre de l'archevêque de Cambrai, on vit commencer entre Bossuet et Fénélon ce combat d'écrits, qui se succédèrent pendant dix-huit mois avec la plus étonnante rapidité, mais qui, selon la * OEuvres sage réflexion du chancelier d'Aguesseau * afflilier d'Aguesgèrent l'Eglise par «< la division de deux hommes seau, tome » dont l'union lui auroit été aussi glorieuse qu'u» tile, s'ils avoient su tourner contre ses enne>> mis les armes qu'ils employoient l'un contre >> l'autre >>.

du chance

XIII.

XV.
Des diffé-

rens

écrits

de Bossuet.

Bossuet avoit été un peu gêné dans la rédaction de la Déclaration par la déférence qu'il avoit Summa doc cru devoir à ses deux collégues. Devenu le maître d'exprimer avec plus de liberté ses sentimens,

trinæ.

T. XXVIII.

lorsqu'il parloit en son propre nom,
il composa
un écrit, sous le titre de Sommaire de la doc-
trine du livre de l'explication des maximes des
saints. Il le publia en latin et en français; et il
chargea son neveu de le présenter en son nom au
Pape et aux cardinaux.

Son objet étoit de prouver «< que les maximes » de ce livre, dans les endroits clairs et intelli»gibles, sont pour la plupart, fausses, dange>> reuses et mauvaises par leur fin; dans les >> endroits obscurs et embarrassés, elles sont sus»pectes et induisantes à l'erreur; il le termine, >>> en disant :

» Je supplie l'auteur de regarder cet écrit, tel quel, avec un esprit d'équité, en considérant >> ce que je dois dire, plutôt que ce qui lui seroit » agréable. Je me réjouis de ce qu'il s'est soumis, » lui et son livre, au saint Siége apostolique, et » j'espère que le souverain pontife tranchera les » nœuds, réprimera une sagesse, qui, en s'éle» vant, s'en va en fumée; et que pour achever » le triomphe de la vérité sur le Quiétisme, déjà » abattu par l'autorité de ses prédécesseurs, il >> effacera les couleurs et le fard sous lequel on >> le déguise >>. Ce premier ouvrage de Bossuet fut immédia-cinq écrits de tement suivi d'un recueil de divers écrits, ou

Recueil de

Bossuet.
T. XXVIII.

mémoires concernant le livre de l'Explication des Maximes des saints.

Bossuet y exposoit les principales erreurs qu'il reprochoit à Fénélon, telles que celle de reconnoître comme le plus parfait amour de Dieu, celui où l'on détache le motif du salut et le désir de sa

propre béatitude; de supposer qu'il est permis de se livrer au désespoir, et que c'est même une perfection d'être prêt à faire le sacrifice de son salut éternel.

Bossuet rendoit ensuite compte de ce qui s'étoit passé à l'archevêché au sujet des conférences. Il se justifioit de l'intention qu'on lui supposoit de vouloir détruire la véritable oraison, expliquoit le sens de différens passages de saint François de Sales, que Fénélon alléguoit en faveur de son systême; il établissoit enfin des principes pour l'intelligence des Pères, des scolastiques, et des auteurs mystiques.

Bossuet réunit à ce recueil d'écrits, un ouvrage Préface encore plus étendu sous le titre de Préface sur l'Instruction pastorale de M. l'archevêque de le de M. de Cambrai du 15 septembre 1697.

sur l'Instruc

tion pastora

T. XXVIII.

Cambrai. Il est impossible de méconnoître dans cet ouvrage, comme dans tous ceux de Bossuet, ce génie unique et inimitable, qui trouvoit toujours

le

moyen de répandre la chaleur et la vie sur les

sujets qui paroissoient les plus étrangers aux grands mouvemens de l'éloquence.

Après avoir montré que Fénélon n'avoit pris que dans son esprit le systême de théologie qu'il proposoit, Bossuet finissoit par dire :

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« Résistons donc de toutes nos forces à cette >> audacieuse théologie, qui, sans principes, >> sans autorité, sans utilité, met en péril la simplicité de la foi. Ne nous laissons point éblouir » par des paroles spécieuses. Ici les ménage» mens seroient dangereux. Plus on se cache, » plus il faut percer les ténèbres souvent affectées; plus l'erreur s'enveloppe et se replie, pour ainsi parler, en elle-même, plus il la faut mettre au » jour ».

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Et dédaignant les vaines imputations qu'on affectoit de répandre sur ses motifs et sur ses procédés, Bossuet dit avec une noble fierté :

« Quant à ceux qui ne peuvent se persuader » que le zèle de défendre la vérité soit pur et >> sans vue humaine, ni qu'elle soit assez belle » pour l'exciter toute seule, ne nous fâchons

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point contre eux. Ne croyons pas qu'ils nous » jugent par une mauvaise volonté; et après » tout, comme dit saint Augustin, cessons de » nous étonner qu'ils imputent à des hommes des » défauts humains ».

Bossuet n'ignoroit pas que son opinion, si fortement prononcée contre la charité désintéressée, pouvoit blesser le sentiment de quelques personnes estimables, qui aimoient à nourrir leur piété des plus sublimes idées de la perfection chrétienne, et qui, sans partager les opinions dangereuses des Quiétistes modernes, auroient vu avec peine qu'on eût dévoué au mépris les auteurs mystiques approuvés dans l'Eglise.

Il savoit également que, parmi les corps réguliers, il en étoit qui n'auroient jamais consenti qu'on eût porté la plus légère atteinte à la doctrine de sainte Thérèse, et du bienheureux Jean de la Croix. Ce fut pour dissiper leurs inquiéMystici in tudes qu'il composa son traité Mystici in tuto, où il professoit le plus grand respect pour les maximes de la bonne et saine spiritualité.

tuto.

T. XXIX.

Un motif du même genre. l'invita à rassurer les scolastiques, qui se refusoient à admettre la partie de sa doctrine, où on lui reprochoit de confondre le motif spécifique de l'espérance avec celui de la charité. Ce fut l'objet de son traité Schola in Schola in tuto, où il établit que tous les théologiens de l'Ecole pensent absolument comme lui, sur l'espérance et la charité; qu'aucun d'eux n'exclut de l'amour pur le motif de la récompense, et qu'ils enseignent au contraire que les

tuto.

Ibid.

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