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Bien que la ville de Doesbourgh, située dans le ci-devant comté de Zutphen, soit très-ancienne, peut-être même fondée par les Romains, elle fut toujours très-pauvre en monuments numismatiques. Jusqu'ici, il n'y avait que les deux jetons décrits par Van Loon (t. I, p. 519, n° 1 et 2), qui rappelassent l'existence de cette ville aux numismates.

Nous eûmes le bonheur de découvrir un méreau inconnu et unique jusqu'ici, qui vient augmenter la série d'une troisième pièce.

Voici la description de ce méreau, frappé en plomb:

Face. Un oiseau, et au-dessous le nom de la ville : DOESBORGH.

Rev. L'inscription VRY | BRUG, en deux lignes.

Quand et pourquoi ce méreau fut-il frappé?

L'inscription VRY-BRUG (libre passage du pont) nous fit tout d'abord penser au pont sur l'Yssel, près de cette

ville, où, depuis des siècles, chacun, excepté les habitants, payer le passage.

doit

Nous supposàmes qu'on distribua autrefois des méreaux aux habitants qui sortaient, et que ceux-ci les rendaient avant de rentrer en ville. Mais alors ce méreau ne serait pas si rare et le souvenir de cette coutume ne serait pas tout à fait effacé.

Notre méreau doit donc avoir une autre origine; voici ce que nous supposons.

Au commencement du xvin° siècle, le pont sur l'Yssel fut prêt de tomber en ruines, et une rénovation devint inévitable; mais, comme à l'ordinaire, l'argent manqua. Cependant la ville fut tirée d'affaire par la propriétaire d'un château voisin. La dame de Middachten donna la permission de prendre le bois nécessaire à la reconstruction du pont dans les forêts, près de Dieren. La ville accorda ensuite aux propriétaires du château et à leurs domestiques exemption de péage pendant quelques années.

Il est très-probable que notre méreau fut frappé alors, et que la ville en distribua un certain nombre aux habitants du château de Middachten.

Nous ne savons comment expliquer l'oiseau qui se trouve sur l'avers. Ni la ville ni le château ne portent cette figure dans leurs armoiries. Peut-être l'oiseau n'est-il ici que l'emblème du libre passage.

HOOFT VAN IDdekinge.

CORRESPONDANCE.

Lettres de M. le COMTE NAHUYS, à M. R. CHALON, au sujet

de l'esterlin de Vorst.

Utrecht, le 22 novembre 1864.

Monsieur le Président.

Dans votre sixième et intéressant article : « Curiosités numismatiques, >> vous donnez, sous le n° VII, la description d'un esterlin de Zwéder de Vorst, Voorst ou Voerst, représenté sur la pl. XIII, no 7 (1).

Sur le revers de cet esterlin, vous lisez : SVE | DER | VS*: | DLO *, ce qui vous fait présumer qu'il s'agit ici de quelque seigneurie possédée par un Zwéder de Vorst, dont le nom commençait par un L et un O.

Non-seulement, je partage complétement votre opinion, mais je suis même porté à croire qu'il se pourrait qu'il s'agit ici de la seigneurie (Herrschaft) principauté de Lon Loon ou Loen, en Westphalie, sur laquelle Zweder de Vorst, le brigand de 1561, comme vous le nommez, fit valoir ses prétentions. Vous croyez, que l'esterlin en

(') Revue Numismatique Belge, 4 serie, t. II, pp. 222-229.

question ne peut pas être de ce Zwéder de Vorst, mais qu'il appartient à un de ses prédécesseurs, du même nom, probablement son grand-père.

Pour admettre que les lettres LO, qui figurent sur cette monnaie, soient une abréviation de Lon, il faudrait bien qu'elle eût été fabriquée par ce Zwéder de Vorst, entre 1353 et 1400, époque pendant laquelle il fit valoir ses droits sur ce domaine. Ceci, je l'avoue, offre une grande difficulté, car il y a une différence d'un siècle environ, entre l'époque à laquelle l'esterlin de Louvain du duc Jean I (1261-1294) fut frappé, et celle ou vivait Zwéder. Bien que l'appropriation d'un type monétaire, après un espace à peu près d'un siècle, soit peut-être un fait sans exemple dans la numismatique, je veux cependant citer quelques détails sur l'histoire de la vie de Zwéder, que vous qualifiez du nom de brigand, qui prouveront combien cet esterlin de Louvain lui convenait, tant pour ajouter du poids à ses prétentions sur la seigneurie de Lon, que pour y faire paraître, avec l'abréviation du nom de Vorst, celle du nom de la seigneurie (Herrschaft) principauté de Ahuis, que sa femme lui apporta en dot; de sorte que la seule différence de l'époque ne me semble pas offrir une raison suffisante pour refuser définitivement cet esterlin à ce Zwéder de Vorst.

En 1353, il fit valoir ses droits sur la seigneurie de Lon, alors sous la domination de l'évêque de Munster (1). En 1393, Ludolphe de Ahuis donna à sa fille Johanna,

(2) NICOLAUS KINDLINGERS Münsterische Beiträge zur Geschichte Deutschlandes, hauptsäclihch Westfalens. Dritten Bandes 2 Abth., pp. 426-429, no 154.

fiancée de Zwéder, en dot la seigneurie de Ahuis, se réservant à lui, ainsi qu'à son frère Henri et au fils de celui-ci, également nommé Henri, quelques droits ('). Par suite de ce don et de la célébration du mariage, Zwéder devint seigneur de Ahuis, et en cette qualité, il confirma encore, dans l'espace de cette même année, par acte dont l'original se trouve aujourd'hui en ma possession, les divers droits et priviléges que son beau-père Ludolphe avait accordés à la ville, aux échevins, aux citoyens et aux

vassaux.

L'an 1400 fut une année pleine d'adversités pour lui. Après avoir été fait prisonnier par Otton de Hoya, évêque de Munster, il fut obligé de lui donner en gage, pour frais de guerre, qui s'élevaient à 1,200 florins d'or (rynssche guldene, gued van golde und swar genoch van gewichte) la seigneurie, le château et la ville de Ahuis (*). Aussi futil contraint de céder tous ses droits et prétentions sur la seigneurie de Lon en faveur de l'évêque de Munster (3).

Les lettres L-O-V-A qui se trouvent dans les angles de la croix de l'esterlin, s'il peut être attribué à ce Zwéder de Vorst, auraient toutes leur signification. LO pour Lon; V, pour Vorst; A, pour Ahuis, et, dans ce cas-là, cette monnaie devrait avoir été frappée entre 1393 et 1400.

Zwéder fut aussi seigneur de Keppel ou Ceppel; si donc il résultait d'une nouvelle inspection minutieuse de cette

(') J. NIESERT. Beiträge zu einem Münsterischen Urkundenbuche. 1. Band, 2. Abth., p. 400, no 131.

(*) J. NIESERT. Beiträge. ↑ Band, 2 Abth., p. 407, no 132.

() N. KINDLINGERS, Münsterische Beiträge. III Bandes 2 Abth. p. 548, no 494.

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