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des Ommeïades, appartenant à la fin du premier siècle de l'hégire; on ne peut douter qu'ils n'aient commencé, comme partout ailleurs, par adopter la monnaie locale plus ou moins modifiée dans son type avant d'employer le type musulman pur, dont on connait quelques rares spécimens ; mais j'ignore s'il existe des exemples de ces imitations dans les collections antérieures à celle en argent que M. Adrien de Longpérier a publiée, et qui, émise sous le règne de Moqtedir-billah, appartient à la fin du ш° ou au commencement du ive siècle; elle porte les types bien connus du taureau indien et du cavalier avec le nom du khalife abbasside en arabe.

Ces mèmes types furent adoptés plus tard par les sultans Ghaznévides pour quelques-unes des monnaies frappées dans leurs possessions des grandes Indes. On a de cette dynastie des pièces bilingues en argent et en cuivre qui portent sur l'une de leurs faces l'image grossièrement imitéc du cavalier avec des caractères birmans, tandis que l'autre est purement arabe. Le sultan de Kharisme Mahmoud, s'étant emparé de Bamian, en 617, y fit frapper des monnaies du même genre dont nous devons la connaissance à M. E. Thomas. Plus tard encore, les sultans ghourides et patans du Dehly adoptèrent le mème système, en commençant par l'émission de pièces au type indien pur du taureau et du cavalier, avec les noms en caractères birmans, puis le cavalier seul, avec le revers en arabe. M. Thomas a signalé de mème l'adoption momentanée par les premiers Ghourides de la monnaie de Kanodje, lorsqu'ils en firent la conquête; ces monnaies, qui ne diffèrent en rien de celles des derniers rajahs, portent à l'avers une figure de femme

accroupie et au revers les noms de Mohammed ben Sam et de Mir Mohammed, en caractères birmans.

B. TYPES DE MONNAIES MUSULMANES EMPRUNTÉS PAR DES

CONQUÉRANTS ÉTRANGERS,

1. Lorsque les Mongols pénétrèrent, sous la conduite de Djinghiz khan, dans les États des sultans du Kharisme et finirent par s'y établir définitivement, ils y trouvèrent les différentes monnaies en cuivre, la plupart d'un très-grand module, émises sous les noms variés de sekendery, djemchidy, mansoury, etc., par Mohammed, fils de Tokuch. Djinghiz khan se borna à les imiter, en remplaçant par son nom celui du khalife en-Nacer-billah. Un peu plus tard, ses successeurs adoptèrent des types semblables; ainsi Fraehn a décrit un grand mansoury frappé à Bokhara, par Mäenghké Qaan, en 651, et une imitation de cette monnaie frappée aussi à Bokhara, en 660, portant au centre de l'avers les mots, monnaie de Bokhara, et au revers le nom de la même ville Pou-hoa, en chinois.

2. Deux siècles environ avant ces événements, les Normands étaient parvenus à s'établir en Sicile et à en chasser les chefs sarrasins, mais une grande partie des habitants de l'ile était encore composée de musulmans, et les premières monnaies que firent frapper Robert Guiscard et ses successeurs conservèrent le type et le symbole musulmans avec les noms des princes chrétiens, en arabe; d'autres monnaies destinées à la population chrétienne furent imitées du type byzantin; d'autres enfin étaient bilingues. Ce double système monétaire s'est maintenu sous les rois Suèves qui ont succédé aux Normands. Déjà avant l'arrivée

de ces derniers en Italie, les princes lombards de Salerne avaient, dès le règne de Gisulphe 1o (341 à 368 de l'hégire), imité les dinars du souverain fatimide Moezz, pour leurs sujets de race musulmane, et les Normands qui leur succédèrent en firent autant; plusieurs variétés de ces dinars sont bilingues.

3. Pendant presque toute la durée du xm° siècle (vn® de l'hégire), Saint-Jean d'Acre fut au pouvoir des princes chrétiens; sa population en partie musulmane et les rapports continuels avec les musulmans, nécessitèrent l'émission d'une monnaie au type musulman généralement adoptée en Syrie. M. Henri Lavoix a découvert et décrit de précieux dinars et dirhems de cette époque, entièrement en langue arabe et semblables à la monnaie des Ayoubides, mais avec des légendes contenant la profession de foi chrétienne.

4. C'est encore à cette classe qu'on peut rapporter la monnaie en or au type et en langue arabe, émise sous le règne d'Alphonse VIII et frappée à Tolède, au commencement du xiiie siècle; elle est assez rare dans les collections.

C. TYPES EMPRUNTÉS PAR DIFFÉRENTS DYNASTES VASSAUX A LEURS SUZERAINS.

1. Une première catégorie fort nombreuse est celle de toutes les monnaies frappées au type des Abbassides par les différents gouverneurs de provinces, d'abord au nom et pour le compte des khalifes, puis pour leur propre compte, lorsqu'ils parvenaient à se créer une position tout à fait indépendante, tout en continuant à reconnaître la

suzeraineté des successeurs de Mahomet, sinon de fait, du moins pour la forme; les Tahirides furent les premiers qui s'affranchirent du joug, mais tout en battant monnaie à leur profit, ils n'osèrent pas aller jusqu'à placer leurs noms sur les dirhems au-dessous de ceux des khalifes, en sorte que pendant fort longtemps les numismates les ont considérés comme étant des monnaies purement abbassides. C'est Fraehn qui a retrouvé leur véritable attribution; il est facile maintenant de les reconnaitre par les noms des lieux où elles ont été frappées et qui étaient tombés au pouvoir des Tahirides; savoir: Muhammodia, Bokhara, Qomm, Samerqand, Merw, ech-Chach, Faris, Ispahan, Mutlawakelia, Zerendj, Maaden Bakhines, Aberscher, Mah el-Koufa, Hamadan, Hérat. La connaissance de la moitié de ces localités est due au Pr. Tornberg qui les a signalées sur des monnaies trouvées en Suède.

Après les Tahirides on trouve toute une série de dynastes les Samanides, les Soffarides, les Émirs el-Oméra, les Bouwéides, etc., qui ont tous conservé plus ou moins les types abbassides, mais en amplifiant leurs légendes, d'abord par l'addition de leurs propres noms, puis aussi par l'adoption de surnoms et de titres qui deviennent de plus en plus pompeux et compliqués; nous devons nous borner ici à en signaler l'existence.

2. Une seconde catégorie qui se rattache à la précédente renferme les monnaies dont le type a été aussi emprunté par des princes musulmans à d'autres dynastes exerçant sur eux les prérogatives de la suzeraineté, et qui les obligeaient à adopter leur type monétaire, soit par des motifs de prudence, soit pour obéir à des injonctions positives;

dans cette classe viennent se ranger des monnaies ortoquides en argent, les unes avec le type et les noms des souverains selgiouquides d'Asic Mineure, les autres de même, mais imitant des monnaies ayoubides; l'imitation est complète, on ne peut reconnaître leur véritable attribution qu'en déchiffrant les légendes; d'autres enfin au type houlagouïde, bilingues, en arabe et en mongol, ont été frappées à Maredin, par Qara-Arslan, de la même manière. Après la chute des Abbassides, l'Atabek de Moussoul Loulou. s'empressa de reconnaître la suzeraineté des Mongols et fit frapper des monnaies bilingues portant, à l'avers, une inscription persane en l'honneur de Möngké Qaan.

D. TYPES MUSULMANS IMPOSÉS PAR DES CONVENANCES POLITIQUES OU PAR LA VOLONTÉ DES VAINQUEURS A DES PRINCES

CHRETIENS.

1° La position géographique de la Géorgie a fait nécessairement de cette province et dans toutes les époques de son histoire, le but particulier de l'ambition des autres nations et la grande route naturelle de leurs armées, soit pour y prendre pied, soit pour pénétrer au delà, tantôt au nord, tantôt au midi; elle a mis les habitants de cette belle contrée, et pour leur malheur, en continuels rapports avec les étrangers. De tous temps la monnaie étrangère a circulé en Géorgie; d'abord celle des Grecs, puis celle des Romains, puis, à une époque plus récente, celle des anciens Persans, des Mongols, des musulmans. La monnaie géorgienne, proprement dite, ne joue, au milieu de toutes ces vicissitudes, qu'un rôle assez secondaire, presque toujours elle est une imitation de celle des vainqueurs, et ce n'est qu'assez tard que les

4 SÉRIE. TOME III.

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