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gers de la patrie, considèrent comme leur premier et plus sacré devoir de donner leur bien et leur sang pour son honneur?

Dans la prévision pleine de sollicitude de ce qui vient d'arriver, j'ai dû depuis des années reconnaître, comme premier devoir de mes fonctions royales, de préparer la partie civile du peuple prussien pour un grand développement de puissance.

Comme moi, tout Prussien jettera les yeux avec confiance et avec satisfaction sur la force armée qui couvre nos frontières.

Avec son roi en tête, le peuple de Prusse se sentira un vrai peuple

en armes.

Nos adversaires se trompent quand ils croient la Prusse paralysée par des dissidences intérieures.

Vis-à-vis de l'ennemi, elle est une et forte; vis-à-vis de l'ennemi, ce qui était opposé se concilie, pour rester désormais uni dans la bonne et la mauvaise fortune.

J'ai tout fait pour épargner à la Prusse les charges et les sacrifices d'une guerre; mon peuple le sait, Dieu le sait aussi, lui qui sonde les

cœurs.

Jusqu'au dernier moment, j'ai cherché, de concert avec la France, l'Angleterre et la Russie, les voies d'un arrangement amiable et les ai trouvées ouvertes.

L'Autriche n'a pas voulu, et d'autres États allemands se sont rangés ouvertement de son parti.

Qu'il en soit donc ainsi !

Ce n'est pas à moi la faute si mon peuple est obligé de soutenir une lutte difficile, et peut-être de supporter de dures épreuves; mais il n'est pas resté d'autre choix.

Il faut que nous combattions pour notre existence, il faut que nous soutenions une lutte à la vie et à la mort contre ceux qui veulent précipiter la Prusse du grand Électeur, du grand Frédéric, la Prusse telle qu'elle est sortie des guerres de délivrance, du degré où l'ont élevée l'esprit et la force de ses Princes, la bravoure, le dévouement et la moralité de son peuple.

Implorons le Tout-Puissant, celui qui régit les destinées des peuples, qui régit les batailles, pour qu'il bénisse nos armes.

Si Dieu nous accorde la victoire, alors nous serons assez forts pour renouveler sous une autre forme, d'une manière plus ferme et plus salutaire, le lien relâché qui unissait les pays allemands, plus de nom que de fait, et que viennent de déchirer ceux qui redoutent le droit et la puissance de l'esprit national.

Que Dieu soit avec nous!

Berlin, 18 juin 1866.

Signé: GUILLAUME.

CONFÉDÉRATION GERMANIQUE.

Ordre du jour du prince Alexandre de Hesse, commandant en chef du 8o corps d'armée, aux troupes placées sous ses ordres, en date de Darmstadt le 18 juin 1866.

Camarades du 8° corps de l'armée fédérale!

Nommé Commandant en chef du 8 corps de l'armée fédérale, par décision de vos Souverains, j'ai pris, à partir d'aujourd'hui, ce commandement.

Wurtembergeois, Badois, Hessois, Nassoviens, mes regards se portent sur vous avec confiance, et, en vous souhaitant la bienvenue, je la souhaite aussi à ces braves camarades autrichiens qui doivent prochainement faire partie de votre Corps d'armée.

Quoi que l'avenir nous réserve, il nous trouvera fermes de cœur, unis de sentiments, et, dût notre tâche être des plus difficiles, nous voulons l'accomplir, nous l'accomplirons, confiants en Dieu dans le mâle courage allemand, et la bonne cause de l'Allemagne !

Encore une fois, je vous souhaite de tout mon cœur la bienvenue !
Quartier général de Darmstadt, 18 juin 1866

Signé Prince ALEXANDRE DE HESSE,
lieutenant général.

ITALIE.

Manifeste du Roi Victor-Emmanuel, en date du 19 juin 1866.

Italiens!

Sept années se sont écoulées depuis que l'Autriche assaillit à main armée mes États, parce que j'avais plaidé, dans les Conseils de l'Europe, la cause de la patrie commune et que je n'avais pas été insensible aux cris de douleur qui s'élevaient de toutes les parties de l'Italie opprimée.

Je tirai l'épée pour défendre mon trône, la liberté de mes peuples, l'honneur du nom italien et pour soutenir les droits de toute la nation.

La victoire se déclara en faveur du bon droit; la valeur des armées,

le concours des volontaires, la concorde et le bon sens des peuples et l'aide d'un magnanime allié assurèrent presque entièrement l'indépendance et la liberté de l'Italie.

Des raisons graves, que nous avons dû respecter, nous empêchèrent d'accomplir alors notre juste et glorieuse entreprise : une des plus nobles et des plus illustres parties de la Péninsule resta au pouvoir de l'Autriche, quoiqu'une résistance héroïque et une protestation continuelle non moins héroïque contre la domination étrangère nous la rendissent particulièrement chère et sacrée.

Bien que mon cœur en souffrit cruellement, je m'abstins de troubler l'Europe, qui désirait la paix et qui favorisait de ses sympathies la fondation et l'accroissement de mon Royaume.

Mon Gouvernement s'appliqua à perfectionner et à consolider l'organisation intérieure, à ouvrir et à alimenter les sources de la prospérité publique, à compléter les armements de terre et de mer, afin que l'Italie, mise en situation de ne pas craindre une attaque, trouvât plus facilement dans la conscience de sa force les raisons d'une prudence vigilante, en attendant le moment où, avec l'aide de l'opinion des nations civilisées et des principes de sage libéralisme qui prévalait dans les conseils de l'Europe, l'occasion favorable se présenterait de délivrer la Vénétie, de compléter et d'assurer son indépendance.

Bien que l'attente ne fût pas sans péril ni sans douleur, dans des frontières mal définies et désarmées, sous la perpétuelle menace de l'ennemi, qui avait longuement accumulé dans les provinces soumises à son joug de formidables préparatifs d'attaque et de défense; malgré le spectacle navrant du traitement qu'il infligeait aux malheureuses populations que lui avaient données la conquête et un partage inique, je sus cependant, par égard pour le repos de l'Europe, comprimer les sentiments d'Italien et de roi, et la juste impatience de mes peuples; je sus conserver intégralement le droit de décimenter, quand l'occasion viendrait, la vie et la destinée de la nation. Je sus maintenir intacte la dignité de la Couronne et du Parlement, afin que l'Europe comprît que, de son côté, elle devait justice entière à l'Italie.

L'Autriche, en assemblant à l'improviste une armée sur nos frontières et en nous provoquant par une attitude hostile et menaçante, est venue troubler l'œuvre pacifique et réparatrice entreprise pour compléter l'organisation du Royaume et pour alléger les graves sacrifices imposés à mes Peuples par la présence des ennemis sur le territoire national.

A cette provocation non justifiée, j'ai répondu en reprenant les armements qui étaient réduits aux proportions nécessaires pour la sécurité intérieure. Et vous avez donné un spectacle merveilleux et cher à mon cœur par la promptitude et l'enthousiasme avec lesquels

vous êtes accourus à ma voix dans les rangs glorieux de l'armée et des volontaires.

Néanmoins, quand les Puissances amies ont essayé de résoudre par un Congrès les difficultés soulevées par l'Autriche en Allemagne et en Italie, j'ai voulu donner à l'Europe un dernier gage de mes sentiments de conciliation, et je me suis hâté de donner mon adhésion.

L'Autriche, cette fois encore, a refusé les négociations et repoussé tout arrangement; elle a donné au monde une preuve nouvelle que si elle a confiance dans ses forces, elle n'a pas une confiance égale dans la bonté de sa cause ni dans la justice de droits qu'elle a usurpés.

Italiens, vous pouvez, vous aussi, avoir confiance en vos forces, en regardant avec orgueil notre brillante armée et la puissante marine pour lesquelles ni soins ni sacrifices ne furent épargnés. Mais vous pouvez aussi avoir confiance dans la sainteté de votre droit, dont la revendication tant attendue est désormais certaine.

Nous sommes accompagnés par l'opinion publique, qui nous rend justice; nous sommes soutenus par les sympathies de l'Europe qui sait que l'Italie, indépendante et tranquille dans son territoire, deviendra pour elle une garantie d'ordre et de paix, et sera de nouveau un instrument efficace de civilisation universelle.

Italiens!

Je confie le gouvernement de l'État à mon bien-aimé cousin le prince Eugène et je reprends l'épée de Goito, de Pastrengo, de Palestro et de San Martino.

Je sens au fond de mon cœur la conviction que cette fois j'accomplirai pleinement le vœu que j'ai fait sur la tombe de mon magnanime père.

Je veux être encore le PREMIER SOLDAT DE L'INDÉPENDANCE ITALIENNE.

Vive l'Italie!

Signé VICTOR-EMMANUEL.
Contresigné RICASOLI.

AUTRICHE.

Ordre du jour du feld-maréchal Benedeck à l'armée saxonne, en date d'Olmutz, le 19 juin,

Le corps d'armée de S. M. le roi de Saxe a mis le pied sur le sol autrichien.

ARCH. DIPL. 1866-III

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Salut à l'illustre prince qui le commande, salut aux braves placés sous ses ordres !

L'amour et la fidélité voués au Roi et à sa patrie, ont conduit ce corps à abandonner ses foyers volontairement et sans tirer l'épée!

Afin de combattre à nos côtés pour la cause du bon droit et de l'indépendance de la Saxe en Allemagne, il a fait au sentiment sacré du devoir, un pénible et douloureux sacrifice!

Mais c'est avec orgueil qu'il peut regarder ses drapeaux!

Ils brillent du double éclat de la fidélité et de l'honneur.

Le Souverain, le peuple et l'armée de l'Autriche saluent les Saxons avec joie !

Soyez donc les bienvenus, braves compagnons d'armes, dans le camp de l'Autriche !

Les autres alliés fidèles s'approchent également; nous allons tous, comme des frères, aller en avant, marcher au combat, affronter la mort en rivalisant dans notre confiance en Dieu, dans notre persévérance et notre dévouement, dans notre courage et notre bravoure, et pénétrés de cette noble conviction qu'aussi vrai que Dieu nous protége, nous sortirons victorieux avec nos forces réunies, d'une lutte engagée pour une cause juste et sacrée.

Signé: BENEDECK.

CONFÉDÉRATION SUISSE.

Ordre du jour du colonel Solis, commandant la 8o division de l'armée, le 19 juin 1866.

Militaires fédéraux,

L'Europe est à la veille d'une grande guerre; des populations entières descendent sur le terrain les unes contre les autres, et l'ouragan peut se déchaîner à chaque instant. Au milieu de ce bruit guerrier, la Confédération Suisse ressemble à une île qui s'élève au milieu d'une mer de flammes. Notre neutralité est bien assurée par les Traités, mais ces Traités ne nous donnent qu'une garantie trompeuse, si nous n'avons pas la volonté de maintenir notre indépendance et notre autonomie les armes à la main. Le peuple suisse veut et peut protéger sa propre indépendance.

Soldats, le haut Conseil Fédéral vous a appelés sous les armes et m'a confié le commandement de la 8 division pour la défense de la partie du Midi et de l'Est de la Suisse. Je prends avec joie ce comman

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