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PRUSSE.

Proclamation du général de Beyer aux habitants de la Hesse Électorale, en date de Cassel, le 21 juin 1866.

Au peuple de la Hesse Électorale !

La guerre ayant éclaté entre la Prusse et la Hesse Électorale, j'ai occupé ce pays avec les troupes placées sous mes ordres, et l'autorité du Prince Électeur se trouve par le fait même suspendue.

Les ministres du Prince Électeur qui ont conseillé à ce dernier une politique hostile à la Prusse ont été démis de leurs fonctions, et je leur ai interdit l'exercice de leur autorité.

Je prends provisoirement les rênes du Gouvernement au nom de Sa Majesté le roi de Prusse.

Le trésor de l'État et la propriété privée seront consciencieusement respectés.

Je donne l'assurance formelle que la Constitution et les lois du pays continueront à être maintenues en vigueur, en tant que l'état de guerre s'y prêtera et que l'unification constitutionnelle de l'Allemagne, à laquelle les Chambres de la Hesse Électorale ont constamment aspiré, ne viendra point modifier l'ordre de choses actuel.

Je prends en mains les pouvoirs que la Constitution a conférés aux différents ministères, en me réservant de charger les fonctionnaires hessois de continuer les affaires courantes, à gérer l'administration de justice, d'intérieur et de finances, conformément à la Constitution.

La marche régulière de l'administration ne sera pas troublée si les autorités, fonctionnaires, serviteurs de l'État, se soumettent de bonne volonté aux mesures et dispositions prises par les fonctionnaires supérieurs que j'ai chargés de continuer à gérer l'administration.

Hessois! Je dois vous remercier de la réception cordiale que vous avez faite à mes troupes, des bons soins dont vous les avez entourées et de la bonne volonté avec laquelle vous vous êtes soumis à des réquisitions inévitables.

Je remplis ce devoir avec plaisir; votre honnêteté et votre loyauté viennent d'être éprouvées dans les jours les plus difficiles.

Votre attitude facilitera la tâche imposée à l'autorité que j'ai instituée provisoirement.

Si mon espoir se réalise, il sera facile, en disposant des revenus du Prince Électeur, de balancer les charges de guerre pesant sur quelques-uns d'entre vous, et l'on acquerra ainsi la possibilité, quelque

difficile que soit l'état de choses actuel, de procurer au pays d'importants allégements et de désirables améliorations.

Je vais prendre les dispositions nécessaires pour l'abolition des lois provisoires encore existantes, pour la révocation des ordonnances inconstitutionnelles, et pour le rétablissement d'un ordre de choses.conforme à la Constitution. Je m'occuperai pareillement de remplir les profondes lacunes qui entravent depuis si longtemps le progrès économique du pays et je favoriserai, dans la mesure de mes forces, les établissements d'instruction publique.

Je ne doute point que, grâce à une confiance réciproque et à l'union de nos forces, nous ne procurions au pays une situation et des jours meilleurs.

Je compte sur vous, comme vous pouvez compter sur moi.

Cassel, 21 juin 1866.

Signé Général DE BEYER.

HANOVRE.

Proclamation du Roi en date de Gœttingue, 'le 24 juin 1866.

A mes Hanovriens !

Je quitte le sol de la patrie à la tête de mon armée qui, à mon appel, s'est ralliée volontairement autour de ses drapeaux, prête à se battre et animée des sentiments les plus généreux de courage et de dévouement.

Je vous quitte pour défendre la cause du droit violé et pour combattre, sous la protection du Tout-Puissant, à côté de mes alliés fidèles, avec d'autant plus d'énergie pour les biens les plus sacrés de la patrie.

La cause de la justice, c'est la cause de Dieu, et sa bénédiction ne nous fera pas défaut.

Ainsi qu'il y a plus d'un demi-siècle, les hommes de la légion angloallemande, dont le souvenir ne périra pas, sont partis pour combattre dans des pays éloignés pour la cause de leur patrie occupée par des ennemis, ainsi que plus tard ils sont rentrés glorieusement pour reconquérir par des faits d'armes à jamais mémorables le sol natal, de même, j'en ai la ferme et joyeuse confiance, nous, les dignes fils de nos pères, retournerons vainqueurs dans nos foyers.

Dans cet espoir et cette consolante confiance, je pars avec mon fi's chéri, le Prince royal, et avec ma vaillante armée.

Hanovriens, vos prières et vos bénédictions m'accompagneront.
A un prochain et heureux revoir, si Dieu le Tout-Puissant le veut !
Goettingue, le 21 juin 1866.

Signé: GEORGE.

AUTRICHE.

Note du comte de Paar, ministre d'Autriche, au général
prussien de Beyer.

Cassel, le 21 juin.

Le soussigné, etc., porte à la connaissance de S. Ex. le lieutenantgénéral de Beyer, que s'étant rendu ce matin à Wilhemshohe pour présenter ses hommages à S. A. R. l'Électeur, il a été arrêté par le poste prussien qui y était de garde et informé que personne ne pouvait passer.

Sur la demande, si la consigne s'étendait aussi aux Représentants diplomatiques accrédités auprès de Son Altesse, l'officier en question répondit affirmativement.

Le soussigné a l'honneur de demander à Son Excellence des explications au sujet de cette conduite qui lui a rendu impossibles les communications avec la personne de S. A. R. l'Électeur.

Le soussigné a l'honneur, etc., etc.

Signé : DE PAAR.

Note du comte de Paar, ministre d'Autriche, au général
prussien de Beyer.

Cassel, le 22 juin.

S. Exc. le lieutenant général prussien de Beyer n'a pas eu la bonté jusqu'ici de faire une réponse à la lettre du Ministre soussigné, en date d'hier.

Le soussigné n'a pas l'intention de soumettre à une critique les procédés employés contre S. A. R. l'Électeur.

Le départ d'ici de l'Envoyé prussien sans qu'il eût été précédé de la rupture des relations diplomatiques et de la demande des passe- • ports, l'entrée des forces prussiennes dans l'Électorat sans déclaration

de guerre préalable, la réclusion de S. A. R. l'Électeur à Wilhelmshohe par des troupes prussiennes, réclusion tellement rigoureuse qu'à certains moments les provisions de pain furent même arrètées, la destitution des Ministres, l'arrestation du Ministre de la guerre de Son Altesse Royale, enfin toute une série de mesures violentes dont celles qui précèdent ne sont citées que pour servir d'exemples, tombent sous le jugement de l'Europe et du monde civilisé.

En attendant, le soussigné n'a qu'à faire remarquer qu'il ne croit pas devoir se laisser troubler par ces procédés dans l'exercice des devoirs dont il a été chargé par son Empereur et maître. Il demande donc pour sa personne le rétablissement immédiat des communications avec S. A. R. l'Électeur auprès de la personne duquel il a l'honneur d'être accrédité.

Pour le moins, il croit devoir s'attendre à une prompte réponse, afin de pouvoir faire au besoin les démarches requises pour obvier au trouble apporté à l'exercice de ses droits et devoirs, basés sur le droit des gens.

Signé DE PAAR.

Une note identique a été adressée au général de Beyer par le ministre de Bavière accrédité à Cassel.

PRUSSE.

Réponse du général prussien de Beyer aux notes identiques des ministres de Bavière et d'Autriche.

Cassel, le 22 juin.

J'ai l'honneur de vous faire part, en réponse aux lettres que vous m'avez adressées sous la date du 21 et du 22 juin, que mes officiers de garde à Wilhelmshohe ont agi confcrmément aux devoirs qui leur sont imposés.

Le général commandant les troupes prussiennes dans la Hesse Électorale,

Signé: DE BEYER.

CONFÉDÉRATION GERMANIQUE.

Compte rendu officiel de la séance du 22 juin 1866
de la Diète germanique.

Dans la séance extraordinaire qui a eu lieu ce soir, l'Envoyé de la Hesse Électorale a notifié à la haute Assemblée que, suivant des nouvelles positives, les troupes prussiennes, après avoir étendu la guerre sur tout le pays, occupé militairement la capitale et caserné des troupes dans les châteaux de l'Électeur, retenaient l'Électeur lui-même dans une espèce de captivité de guerre, et lui rendaient impossible toute communication au dehors, notamment avec ses Ministres.

Sur la proposition du Président, la haute Assemblée a résolu aussitôt de constater la violence faite à un souverain de la Confédération à cause de sa fidélité au Pacte fédéral, de décharger l'Électeur, son pays et la Confédération tout entière des suites de cet acte de violence et de placer les troupes de l'Électorat de Hesse sous le commandement du prince Alexandre de Hesse.

L'Envoyé de la 16 Curie a porté ensuite à la connaissance de l'Assemblée fédérale que le Gouvernement du Roi de Prusse avait déclaré la guerre au Gouvernement princier de Reuss, parce que le Gouvernement de la Principauté restait attaché à la Confédération; l'entrée des troupes prussiennes dans le pays pouvant être attendue d'un instant à l'autre, le Gouvernement princier demande à la Confédération le plus prompt appui.

Le Président s'est référé à la résolution fédérale du 18 courant, relativement aux abus de force exercés contre l'Électorat de Hesse, résolution par laquelle tous les Gouvernements restés fidèles au Pacte fédéral ont été invités à porter secours aux Gouvernements en butte aux procédés violents de la Prusse, la majorité de l'Assemblée fédérale s'est associée aussitôt à cette déclaration.

PRUSSE.

Circulaire du comte de Bismarck aux Représentants de la Prusse à l'étranger, sur le vote dans la séance du 14 juin de la Diète germanique, en date de Berlin le 22 juin 1866.

Monsieur, au moment où cominencent à s'accomplir les conséquences fatales du vote du 14 juin, je crois devoir revenir sur cette

ARCH. DIPL. 1866-III

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