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mission des États de l'Allemagne, qui n'étaient pas intéressés dans ces complications, de prendre parti pour une des Puissances contendantes et de contracter des engagements avec elle, mais ils devaient seulement agir en vue du maintien de la paix fédérale et en vue d'amener les questions litigieuses à une décision par les voies fédérales. J'ai cherché à remplir autant que possible cette mission, qui est encore aujourd'hui le but de mes efforts, de concert avec plusieurs de mes confédérés allemands, la Bavière en tête.

Mais pour cela il était indispensable de faire quelques préparatifs, à l'effet de pouvoir mettre nos forces défensives complètes à la disposition de la Confédération.

Menacé de mesures militaires à cause de ces préparatifs, j'ai demandé dans un but conciliant et pacifique à la Diète d'interposer sa médiation; mais j'ai aussi appelé en même temps mon armée sous les armes, pour n'être surpris par aucune attaque imprévue, car le moins puissant aussi se déshonorerait, s'il ne s'opposait avec un courage viril à des menaces non justifiées.

Les hommes en congé et ceux de la réserve ont couru avec un empressement louable à leurs drapeaux, et c'est avec une pleine confiance que j'attends de vous, messieurs des États, de votre sentiment patriotique, que vous accorderez votre approbation aux dépenses indispensables et à mon Gouvernement les autorisations et les crédits qu'exigent la situation des choses et avant tout l'état compromis de notre commerce et de notre industrie.

Néanmoins l'espoir d'une solution pacifique n'est pas encore perdu, et mes efforts tendront sans interruption à atteindre un but si salutaire.

Conformément à ma conviction, que j'ai souvent été à même d'exprimer, je serai également disposé à prêter la main à une réforme de la Constitution fédérale répondant aux vrais besoins de l'Allemagne et à l'opérer de concert avec les représentants de la nation.

L'achèvement d'une œuvre pareille, pour laquelle il ne faudra pas reculer devant des sacrifices réciproques, nous protégera le mieux contre le retour de si tristes circonstances.

Fort de l'amour et de la fidélité de mon peuple, ayant conscience de n'avoir fait de provocation par aucun sentiment hostile, mais d'avoir soutenu avec persévérance le droit d'un peuple allemand et d'une maison princière allemande, je vais avec calme au-devant des vicissitudes de la destinée, et j'ai confiance en la protection du Tout-Puissant dans une juste cause.

GRANDE-BRETAGNE,

Circulaire du comte de Clarendon aux Ministres de la GrandeBretagne près les Cours allemandes et à Berne, au sujet de la réunion d'une Conférence à Paris, le 28 mai 1866.

(Extrait.)

Le Gouvernement de Sa Majesté et les Gouvernements de France et de Russie se sont consultés sérieusement sur la question de faire un effort en commun en vue de préserver la paix de l'Europe.

La seule et dernière chance pour atteindre ce but a paru aux trois Puissances devoir consister dans une invitation à une Conférence des Représentants des diverses Puissances, qui d'après la proportion de leurs armements semblent être sur le point de faire la guerre, à l'effet de rechercher avec les Représentants d'Angleterre, de France et de Russie s'il n'y aurait pas quelques moyens d'arrangement à adopter pour éviter une aussi grande calamité.

Il a paru désirable aux trois Puissances de spécifier les points précis sur lesquels devrait s'engager la discussion; les points dont l'arrangement leur semble le plus nécessaire pour le présent moment sont ceux des Duchés de l'Elbe, le différend italien et la réforme fédérale en Allemagne en tant que cette dernière pourrait intéresser l'équilibre européen.

Les trois Puissances ont en conséquence chargé leurs Représentants à Vienne, à Berlin, à Francfort et à Florence d'inviter officiellement et simultanément les Gouvernements auprès desquels ils sont accrédités à prendre part avec les Gouvernements d'Angleterre, de France et de Russie, aux délibérations communes ayant pour objet la solution de ces trois questions.

Les trois Puissances ont choisi Paris pour siége de la Conférence et ont signalé la nécessité de sa réunion prochaine. Elles ont de plus suggéré qu'il serait plus avantageux que, durant les conférences, les armements militaires fussent suspendus, lors même que les forces déjà enrôlées ne seraient pas même rétablies sur le pied de paix.

Le Gouvernement de Sa Majesté s'est prêté à cette proposition avec la plus grande satisfaction; il s'est joint avec plaisir à cet effort pour préserver la paix de l'Europe et il n'abandonne pas l'espoir que la conférence aboutira à ce résultat. Il a toute assurance que l'invitation des trois Puissances sera acceptée par celles auxquelles elle sera adressée; mais s'il devait en être autrement, ou bien que des événements hors de la portée des Puissances vinssent malheureusement

rendre une solution impossible, il est bien nettement entendu que chacune des Puissances neutres qui auront agi en vue d'amener la réunion de la Conférence, conserveront leur propre manière de voir; que chacune sera libérée de toute obligation et libre d'adopter la ligne de conduite qui lui paraîtra la plus avantageuse pour la paix et le bien-être de l'Europe, ainsi que pour la garantie de son honneur et de ses intérêts.

Vous ne manquerez pas dans la conversation que vous aurez avec le Gouvernement auprès duquel vous êtes accrédité d'appuyer tout particulièrement sur l'importance d'au moins une suspension des armements militaires pendant la Conférence. Toute Puissance serait inexcusable qui essayerait de rendre inefficace la réunion de la Conférence en cherchant à précipiter un commencement d'hostilités. Signé CLARENDON.

PRUSSE.

Dépêche du comte de Bismarck aux Représentants de la Prusse à Paris, Londres et Saint-Pétersbourg, en réponse aux notes identiques d'invitation à la Conférence de Paris, en date du 29 mai 1866.

Monsieur le Comte, MM. les Représentants de l'Angleterre, de la France et de la Russie sont venus me trouver hier pour me communiquer des dépêches identiques par lesquelles leurs Cours respectives invitent le Roi à prendre part à des délibérations qui, selon leur intention, auraient lieu prochainement à Paris dans le but de résoudre les différentes questions qui menacent en ce moment la paix de l'Europe.

Je me suis empressé de placer cette communication, dont Votre Excellence trouvera ci-jointe une copie, sous les yeux du Roi notre auguste souverain, et Sa Majesté, s'associant pleinement aux sentiments qui ont inspiré cette démarche aux trois Cours, a daigné me charger de leur annoncer qu'elle acceptait volontiers la proposition qui lui était faite et que ses Plénipotentiaires se réuniraient à Paris à ceux des autres Puissances.

Le Gouvernement du Roi croit devoir consigner dans cette communication une observation que lui suggère la rédaction de l'invitation. Il ne saurait admettre que ce soit l'affaire des Duchés de l'Elbe qui menace la paix de l'Europe; le Gouvernement du Roi au moins n'a

jamais eu l'intention de résoudre cette question par une lutte armée. Il envisage au contraire l'attitude menaçante et les préparatifs militaires de l'Autriche et d'autres Gouvernements Allemands comme le véritable point de départ des complications qui depuis ont pris des proportions de plus en plus alarmantes. Désirant cependant contribuer autant qu'il dépend de lui à écarter tous les motifs de l'inquiétude qui pèse sur l'Europe, il consent volontiers à soumettre cette question, ainsi que les deux autres mentionnées dans la communication des trois Cours, à des discussions communes. Le Gouvernement du Roi partage du reste entièrement l'opinion des trois Gouverne ments que la réunion de la Conférence doit être hâtée autant que possible, dans la conviction que tout retard ne peut que compromettre les chances de succès.

Je vous invite, Monsieur le Comte, à communiquer cette dépêche à..., et je profite, etc.

Signé: BISMARCK.

ITALIE.

Dépêche du général de La Marmora aux Ministres d'Italie à Paris, à Londres et à Saint-Pétersbourg, en réponse à la proposition d'une Conférence, datée de Florence le 1er juin 1866.

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Monsieur le Ministre, les Représentants de la France, de la GrandeBretagne et de la Russie auprès du Gouvernement du Roi sont venus aujourd'hui me remettre des notes identiques au nom de leurs Gouvernements respectifs, pour inviter l'Italie à prendre part à des délibérations qui auraient lieu à Paris à l'effet de résoudre, par la voie diplomatique, les trois principales questions qui menacent d'une guerre prochaine l'Italie et l'Allemagne.

Le Gouvernement du Roi adhère à cette proposition avec l'empressement que réclame l'urgence des complications actuelles. Il apporte d'autant plus volontiers son concours à la noble entreprise des trois grandes Puissances neutres, qu'il est loin de craindre pour les intérêts qui le concernent le plus directement l'épreuve d'un débat solennel.

C'est un devoir selon nous pour les Gouvernements engagés dans le conflit de ne point éluder les difficultés qui l'ont provoqué : l'efficacité de l'œuvre de la Conférence est à ce prix. Pour notre part, la netteté de notre situation vis-à-vis de l'Autriche nous rend ce devoir facile à remplir.

Le double objet du différend existant entre la Prusse et l'Autriche a été précisé dans les notes que les Ministres des trois Puissances ont bien voulu me remettre ; à défaut de bases de solution reconnues d'un commun accord, c'est là du moins un point de départ qui permettra à la Conférence de donner dès l'abord une direction utile à ses discussions. Le Gouvernement du Roi désire pouvoir contribuer à ce que la réunion des plénipotentiaires des Puissances ait des conséquences favorables aux intérêts de l'Allemagne.

Quant au différend qui divise depuis longtemps l'Autriche et l'Italie, il semble qu'il n'ait pas même été jugé nécessaire d'en déterminer l'objet.

Sous quelque point de vue qu'on le considère, il est impossible de méconnaître ce fait que la domination de l'Autriche sur des provinces italiennes crée, entre l'Autriche et l'Italie, un antagonisme qui touche aux bases même de l'existence des deux États. Cette situation, après avoir constitué pendant de longues années un danger permanent pour la paix générale, vient d'aboutir à une crise décisive.

L'Italie a dû s'armer pour assurer son indépendance; elle est persuadée, d'autre part, que la réunion convoquée à Paris aidera à la solution déjà jugée indispensable, il n'est pas téméraire de le dire, dans la conscience de l'Europe.

Je vous prie, Monsieur le Ministre, de donner, sans retard, communication du contenu de la présente dépêche à S. Exc. le Ministre des affaires étrangères.

Signé LA MARMORA.

CONFÉDÉRATION GERMANIQUE.

Compte rendu officiel de la séance de la Diète germanique du 1er juin 1866, au sujet du désarmement de l'Autriche et de la Prusse.

L'Autriche déclare, relativement à la résolution prise le 24 mai1 par la Diète en vue du maintien de la paix fédérale, qu'elle consent à désarmer vis-à-vis de la Prusse, dès qu'elle aura obtenu des garanties contre le retour du danger de la guerre en Allemagne. Ces garanties étant, après l'insuccès des négociations engagées avec la Prusse, subordonnées à un règlement de la question Schleswig-Holsteinoise

1. Voir plus haut, page 3.

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