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accusez! accusez ! qu'importe que les accusations soient fausses ! pas de trêve! pas de repos! »

Voilà son programme.

D

En vain y cherche-t-on un de ces noms qu'entoure la considération publique et qui se recommandent par un patriotisme éprouvé, par des services rendus à la patrie, ou par d'éminentes vertus. Derrière les remparts de la ville du Cap, ils criaient : Vive Salvane! A l'arrivée du brave général L. Barthélemi devant ces remparts, c'est lui qu'ils acclamèrent. Devant la ville des Gonaïves, c'est le général Guerrier. Demain ce sera un autre.

On y trouve des calomnies, des injures, des mensonges, des accusations vagues; mais rien de précis, rien de positif; pas une idée nouvelle, pas même la formule d'un système qui garantisse que l'avenir qu'ils promettent sera meilleur que le présent.

Les excès auxquels ils se livrent sont tellement odieux qu'à aucune époque, dans les plus mauvais jours de notre histoire, on n'en vit de semblables. L'assassinat, l'incendie, le pillage des caisses publiques, le pillage des propriétés privées !... ils n'ont reculé devant aucun crime! et ils ont la perfidie de vouloir faire retomber la responsabilité de ces excès, de ces crimes, sur le Gouvernement.

C'est en vain qu'ils prétendent n'attaquer qu'un seul homme, personne ne peut se méprendre sur ce grossier subterfuge, en réalité c'est à la société qu'ils font la guerre, une guerre à outrance.

Je défendrai la société; je la défendrai en usant de tous les pouvoirs que me donnent la Constitution et les lois, je la défendrai avec autant d'énergie qu'ils mettent d'ardeur à l'attaquer.

Dans cette noble tâche, je compte, Messieurs, sur votre loyal con

cours.

Heureusement qu'à côté des sombres couleurs de cette situation troublée, qui n'existe que dans quelques localités, la situation générale de la République offre un tableau rassurant, qui prouve jusqu'à l'évidence l'isolement des factieux et la résistance des masses à se laisser entraîner dans les insurrections.

Depuis plus d'un an les factieux répètent sans cesse qu'une révolution est imminente, qu'elle apparaît à tous les points de l'horizon politique, que le peuple l'attend.... Quand une révolution est imminente, le peuple se lève et n'attend pas !

Ici, ce n'est qu'une minorité audacieuse qui voudrait faire une révolution; ne pouvant créer l'enthousiasme, elle s'efforce de créer le désespoir.

Pendant qu'ils couspirent et cherchent à ruiner le pays, le peuple, le vrai peuple, travaille et s'enrichit. Nos' marchés regorgent de grains,

de vivres, de volailles; nos exportations de denrées atteignent à des chiffres inconnus même dans les années les plus prospères.

Au 30 juin dernier, nos produits s'élevaient déjà :

En cafés, à 40 millions de livres ;

En coton, à plus de 2 millions;
En bois de campêche, à 50 millions;

En cacao, à 1 million et demi.

Et toutes les autres denrées, dans les mêmes proportions.

Que l'on consulte les cotes publiques et l'on verra que les prix n'ont pas été moins rémnuérateurs que dans les années antérieures.

Les importations, il est vrai, n'ont pas suivi cette progression et la valeur de notre papier-monnaie a diminué. Mais ces deux faits s'expliquent naturellement; les causes en sont connues : c'est d'abord, à l'intérieur, les désastres causés par les insurrections et les incendies, les dépenses stériles qui en sont résultées, puis les inquiétudes qui, en restreignant les crédits, ont diminué le chiffre des affaires. Ensuite, à l'extérieur, la crise financière européenne et les craintes anticipées de la guerre qui, finalement, vient d'éclater.

Voilà la vérité; mise ainsi sous les yeux de tous, j'espère qu'elle suffira à calmer les inquiétudes et à ramener la confiance dans les esprits.

J'ai voulu vous la faire connaître, Messieurs, au moment où vous allez vous séparer et retourner dans vos foyers; car je me plais à croire que vous vous ferez un devoir de la répandre autour de vous afin que les populations sachent bien que ce n'est que par le maintien de l'ordre qu'elles pourront jouir des fruits de leurs travaux, et que l'indifférence et la force d'inertie des peuples à réprimer les désordres leur ont toujours été fatales.

Cette communication aura encore pour effet d'éclairer l'étranger sur la portée des agitations et des troubles que je viens de signaler, et nous conserverons ainsi la considération et le crédit que nous méritons.

J'ai l'honneur, Messieurs, de vous saluer avec la plus haute consi dération.

Signé: GEFFRARD.

PRUSSE.

Adresse au Roi en réponse au discours du trône votée par la Chambre des députés (à l'unanimité moins 25 voix) dans la séance du 23 août 1866.

Très-illustre et très-puissant roi, très-gracieux roi et seigneur.

Votre Majesté nous a réunis autour de son trône dans un moment d'une haute importance historique. La nation remercie humblement la Providence, qui a protégé la vie de Votre Majesté et qui permet que de si grandes choses s'accomplissent.

Les hauts faits qui, en peu de semaines, ont amené notre brave armée d'État en État, de victoire en victoire, jusque sur le Mein, d'une part, et, de l'autre, aux portes de la capitale de l'Autriche, ont rempli nos cœurs de la joie la plus vive et de la plus profonde reconnais

sance.

Nous sommes les interprètes de la gratitude du peuple pour les milliers de nos défenseurs qui sont morts sur le champ de bataille, pour tous les survivants de l'armée permanente et de la landwehr, qui a été créée à une grande époque, pour les habiles capitaines, et surtout pour Votre Majesté elle-même, qui, prenant le commandement dans la lutte décisive, a partagé les épreuves et les dangers des combats, et, par une direction rapide, a mis un terme aux cruelles souffrances de cette guerre.

Les résultats obtenus jusqu'à présent sont déjà d'une haute impor tance: c'est d'abord la dissolution de la Confédération, la séparation d'avec l'Autriche, l'extension de nos frontières et de la puissance de notre État, et enfin la perspective ouverte devant nous que, dans un temps peu éloigné, l'Allemagne, unie politiquement, se développera sous la direction du plus grand État allemand.

Ces fruits, nous en avons avec Votre Majesté la pleine conviction, ne viendront à maturité que par l'entente et le concours du gouvernement et des représentants du pays.

Sans l'assurance du maintien et du complément des droits constitutionnels de la nation, nous ne pourrions pas compter, en Allemagne, sur l'appui des esprits et des cœurs, qui seul donne au pouvoir des forces et de la durée.

Considérant que, depuis un certain nombre d'années, les dépenses de l'État ont été faites sans un budget légalement voté, et, en partie, contrairement aux décisions prises par la Chambre des députés, cette

dernière a constaté avec une vive satisfaction que Votre Majesté a daigné déclarer solennellement que les dépenses faites à cette époque n'avaient pas la base légale consacrée par l'article 99 de la constitution, en vertu duquel le budget doit être fixé toutes les années par une loi spéciale.

Votre Majesté ayant bien voulu reconnaître que le budget ne pouvait se fixer légalement chaque année sans l'assentiment de la Chambre des députés, et qu'il était nécessaire de présenter aux deux Chambres de la Diète un bill d'indemnité pour ce passé, les représentants de la nation peuvent avoir la confiance que désormais la présentation de la loi budgétaire, avant le commencement de l'année parlementaire, éloignera tout conflit.

Nous examinerons avec une scrupuleuse attention les projets soumis aux Chambres relativement au bill d'indemnité et aux finances. Nous examinerons avec la même exactitude les projets que nous saluons avec joie et reconnaissance relatifs à l'incorporation de territoires allemands à la Prusse et à la convocation d'une représentation nationale des États confédérés du Nord; nous avons toutefois la confiance que si le peuple et les Chambres prussiennes doivent renoncer à certains droits en faveur du futur Parlement, l'on assurera aussi à ce Parlement le plein exercice de ces droits.

Pénétrés de la grande importance de l'époque actuelle pour toute la patrie allemande, nous offrons, du fond du cœur, notre concours au développement de son union et de ses libertés, développement que la Providence a mis dans les mains de Votre Majesté.

Nous ne pouvons pas nous refuser à reconnaître qué ce développement rencontrera encore de grandes difficultés dont il n'est pas permis d'attendre l'aplanissement avant la constitution de la confédération de l'Allemagne du Nord. Mais fermement convaincus de la nécessité d'un lien national entre le nord et le sud de notre patrie allemande, nous espérons avec assurance que ce lien sera formé dans un avenir rapproché, surtout lorsque les populations du Sud reconnaîtront le danger déjà généralement pressenti d'un déchirement de l'Allemagne et qu'elles donneront au besoin d'une union solide et nationale avec le Nord l'expression la plus sincère et la moins équivoque.

Majesté royale,

A toutes les grandes époques de l'histoire de la Prusse l'esprit et l'énergie de ses princes ont pu compter sur le dévouement du peuple et l'ont trouvé prêt aux sacrifices.

Qu'il en soit toujours ainsi entre nous, et alors qui oserait être contre nous?

Nous sommes, etc.

La Chambre des députés.

PRUSSE.

Réponse du Roi à l'adresse de la Chambre des députés,
le 24 août 1866.

Messieurs,

Je vous remercie d'abord et je charge M. le Président de Forkenbeck d'exprimer à la Chambre mes remerciments pour son adresse, que je considère non-seulement comme l'expression de la majorité de la Chambre, mais comme celle du pays tout entier.

C'est à bon droit que la Chambre des députés a fait tout d'abord ressortir dans son Adresse les grands succès remportés par les armes prussiennes.

Après le Tout-Puissant, c'est à l'armée que le pays doit témoigner sa reconnaissance.

Jamais l'histoire n'a eu à enregistrer un événement tel que celui auquel nous assistons, jamais l'histoire n'a raconté qu'un pays comme la Prusse ait reçu des grâces aussi abondantes de la protection divine: jainais une guerre telle que la dernière n'a été terminée en si peu de temps et dans des conditions pareilles.

Je suis heureux et fier que Dieu ait, dans sa grâce, précisément choisi la Prusse et moi-même pour accomplir une pareille œuvre, une œuvre à laquelle tant d'autres aspiraient, de même que mon royal frère, qui repose maintenant en Dieu.

C'est pourquoi je considère les événements qui viennent de se passer comme une grâce divine particulière.

Je suis heureux de constater que cette guerre a prouvé l'excellence de notre organisation militaire, organisation que j'ai créée moimême.

Je suis fermement convaincu que l'armée, si elle n'eût pas été organisée ainsi qu'elle l'est actuellement, n'aurait pu supporter des fatigues et des privations aussi grandes.

L'Adresse, en parlant des résultats de la guerre, dit à bon droit que de grandes difficultés restent encore à vaincre.

J'espère cependant pouvoir vaincre ces difficultés avec le secours de Dieu.

L'Adresse fait mention du bill d'indemnité que le Gouvernement a demandé aux représentants du pays; le Gouvernement n'a jamais contesté aux Chambres le droit de voter des crédits.

Il était de mon devoir d'agir comme je l'ai fait à l'époque où l'on

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