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avait pu voter un budget légal. J'ai dû agir ainsi et j'agirais de même,

si les circonstance se renouvelaient.

Mais, Messieurs, ces circonstances ne se renouvelleront pas.

BAVIÈRE.

Discours de M. Von der Pfordten dans la séance du 27 août 1866 de la Chambre des députés.

Messieurs,

J'ai reçu l'ordre du Souverain de porter à la connaissance de la haute Chambre le traité de paix conclu le 22 à Berlin entre la Bavière et la Prusse, ainsi que le Protocole y annexé, et de le soumettre à l'assentiment de la Diète en tant que cela rentre dans la sphère de son action.

Je remets donc au très-honorable Président ces actes accompagnés d'une lettre signée par tout le Ministère.

Les ratifications du traité de paix devant être échangées le 3 septembre à Berlin, je prends la liberté de solliciter de vous le règlement le plus accéléré possible de cette affaire.

Je me bornerai pour aujourd'hui à quelques remarques sur la forme des négociations de la paix et sur la teneur du traité.

La guerre a été faite en vertu de résolutions fédérales.

Pour ce motif autant qu'aux termes de conventions arrêtées entre l'Autriche et la Bavière, la paix aurait dû être également négociée et conclue en commun. Mais l'Autriche s'est vue dans la nécessité de conclure séparément avec la Prusse un armistice et la paix.

Dans ces circonstances, le gouvernement bavarois a considéré de son devoir d'obtenir au moins que les négociations fussent conduites en commun avec ses alliés du midi, et il ne s'est résolu à négocier séparément que quand ses propositions dans ce sens ont été déclinées par la Prusse et en partie par ses alliés mêmes.

Le traité de paix impose à la Bavière de lourdes charges pécuniaires et une rectification de frontières entraînant pour elle, du côté de l'Électoral conquis par la Prusse, une petite perte de territoire. Mais il faut considérer à ce sujet, que les prétentions de la Prusse allaient d'abord beaucoup plus loin et visaient en particulier à de considérables cessions territoriales.

L'indépendance et l'autonomie de la Bavière sont restées intactes. L'Autriche s'est engagée, par les préliminaires de paix, à recon

ARCH DIPL. 1866 - IV

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naître la dissolution de la Confédération germanique; elle a donné en outre son assentiment à une réorganisation de l'Allemagne sans la participation de l'Autriche.

La Bavière ne pouvait, en conséquence, ne pas reconnaître pour sa part ces dispositions, et c'est sur notre proposition que la Diète germanique a déclaré le 24 à Augsbourg son action terminée et la Confédération dissoute.

Les préliminaires de paix arrêtées entre l'Autriche et la Prusse ont établi comme traits fondamentaux de la réorganisation future de l'Allemagne que la Prusse instituerait, au nord de la ligue du Mein, une fédération restreinte, et que les États allemands situés au sud de cette ligne seraient libres de former une union dont le lien national avec la fédération du Nord demeurerait réservé à une entente ultérieure.

La Prusse, pendant les négociations de la paix, a maintenu avec fermeté ces points fondamentaux, et mis la main à la création de la fédération du Nord. Toutefois, les traités de paix avec les États allemands du midi, notamment avec la Bavière, n'ont pas abandonné la pensée d'un lien national, mais contiennent bien plutôt des dispositions reposant sur cette pensée.

C'est ainsi que le maintien du Zollverein y est mis en perspective, et que l'union douanière est provisoirement conservée de fait avec une dénonciation facultative et préalable de six mois.

La suppression de tous les droits de navigation sur le Rhin et sur le Mein est convenue.

Pour le mouvement des trains de personnes et de marchandises sur les voies ferrées, dans l'intérêt général des transactions commerciales, des négociations communes doivent immédiatement s'engager.

L'Allemagne vient de traverser une grave crise.

Le mouvement qui, depuis 1848, tendait à la dissolution de la Confédération germanique sous la forme qu'elle avait eue jusqu'à ce jour, et la réorganisation de l'Allemagne, a trouvé une solution violente.

Dans le sens négatif, cette solution est définitive: la Confédération germanique n'existe plus. Sa réorganisation repose encore indécise et obscure dans le sein de l'avenir. Puisse le bon génie de notre nation veiller sur elle!

Le Gouvernement et le peuple de Bavière peuvent aller avec confiance au-devant de cet avenir.

C'est pour obéir aux commandements du droit et de l'honneur qu'ils se sont engagés dans cette lutte. Ils doivent en majeure partie à la bravoure de leur armée, bravoure reconnue à un haut degré par nos adversaires mêmes, d'entrer intacts et debout dans la paix et dans

l'ère nouvelle qui s'ouvre, et de pouvoir concourir avec toutes leurs forces au développement de cette ère.

Pleinement indépendante et autonome vis-à-vis du dehors, libre et forte à l'intérieur par les souvenirs d'une histoire millénaire, par son fidèle attachement au Roi et à la patrie, et par les bienfaits d'une constitution respectée, la Bavière suffira tout d'abord à elle-même et à son propre développement; mais elle n'oubliera jamais qu'elle est et veut rester pays et peuple allemand, et que sa force appartient nonseulement à elle-même, mais à toute la communauté germanique. »

ITALIE.

Note de M. Visconti Venosta à M. d'Usedom, ministre de Prusse Florence au sujet de la conclusion de la paix entre l'Autriche et la Prusse, en date de Florence le 27 août 1866.

Le Ministre des affaires étrangères de S. M. le Roi d'Italie a l'honneur de confirmer la réception de la note du 25 de ce mois que S. Exc. M. d'Usedom, envoyé extraordinaire de S. M. le Roi de Prusse, lui a adressée pour notifier au Gouvernement du Roi la paix conclue entre la Prusse et l'Autriche, et pour exprimer en même temps le vœu que les relations cordiales entre les deux puissances alliées subsistent et puissent se fortifier à l'avenir.

Le Gouvernement du Roi a vu avec satisfaction, dans l'article 2 du traité signé le 23 de ce mois par les plénipotentiaires de Prusse et d'Autriche, un gage pour la prochaine conclusion d'une paix réciproque entre l'Autriche et l'Italie.

Dans la ferme confiance que ce résultat sera atteint dans peu de temps, le soussigné se réserve d'en donner connaissance alors au Gouvernement de S. M. le Roi de Prusse.

Le Gouvernement du Roi est très-agréablement touché des vœux que le Gouvernement de S. M. le Roi de Prusse exprime relativement à la persistance de l'alliance entre les deux États même après la période actuelle, et ses propres vues sont cordialement les mêmes à cet égard.

Nous attachons un grand prix aux liens de sympathie et d'intérêts communs qui sont destinés à unir ensemble la nation italienne et la nation allemande. Ces liens ne feront que se resserrer davantage dans l'époque de tranquillité que la réunion de la Vénitie à la Péninsule doit amener.

L'entente qui règne entre la Prusse et l'Italie acquerra un développement ultérieur encore,quand une fois nous aurons la paix avec nos voisins, comme la Prusse l'a déjà. Le Gouvernement du Roi ne négligera rien, en tant que cela dépendra de lui, pour assurer d'une manière durable aux deux pays les avantages réciproques d'une paix permanente.

Le soussigné prie S. Exc. M. d'Usedom de vouloir agréer l'assurance de sa considération particulière.

(L. S.) Signé: VISCONTI VENOSTA.

PRUSSE.

de

Réponse du Roi à une députation du Hanovre chargée de lui présenter une adresse pour demander la conservation l'indépendance du royaume de Hanovre, 30 août 1866.

Je vous ai reçus avec plaisir, Messieurs, car j'estime les hommes allemands attachés à une dynastie qui, pendant des siècles, a fait mùrir le fruit de l'attachement et du dévouement mutuels. J'estimerais moins les Hanovriens, s'ils n'avaient fait aucune démarche manifestant leurs sentiments tout dévoués pour leur maison royale, ma proche parente.

C'est pourquoi je vous expliquerai en détail les motifs qui, je vous assure, contre mes premières intentions et après des luttes bien graves, m'ont irrévocablement obligé à annexer les États de quelques-uns de mes anciens alliés.

Lorsque je suis arrivé à ma position actuelle, j'ai déclaré ne vouloir faire que des conquêtes morales.

On s'est souvent moqué de ce mot, on s'en est raillé, on l'a même persiflé; et néanmoins je vous assure positivement que si je passe, aujourd'hui dans ma 70° année, à des conquêtes violentes, je ne l'ai fait que forcé par l'inimitié de mes prétendues alliés et par mes devoirs envers la Prusse confiée à ma direction.

Déjà lors de la création de la Confédération germanique, les États qui craignaient que l'essor déjà visible de la Prusse ne portât atteinte à leur influence ont pourvu à ce que le territoire de la Prusse fût séparé par des États indépendants. Grâce à des inimitiés toujours renouvelées, nourries principalement par l'influence de l'Autriche et par la corruption de la presse allemande, française et anglaise, on a profité sans cesse de cette situation pour inspirer l'inquiétude à l'égard de la

Prusse, qu'on accusait de ne songer qu'à empiéter sur l'autonomie de ces États et à faire des conquêtes; on a réussi à opposer des obstacles à tous les efforts que la Prusse, en ménageant consciencieusement les droits de tous ses alliés, a faits pour faire prospérer les intérêts matériels et moraux de l'Allemagne et pour inspirer de l'harmonie à la Diète germanique.

Ces efforts n'ont pas manqué de succès; nos rapports, d'abord assez intimes avec le Gouvernement du Roi Ernest-Auguste, ont bientôt fait place à une attitude peu amicale du Hanovre, hostile même pendant les complications politiques des dernières années, sans que la Prusse y eût donné sujet.

Tel était l'état des choses, quand l'Autriche ne cessait pas d'attaquer et de troubler ma position dans le duché de Holstein, tellement qu'à la fin la situation devint insupportable à la Prusse. Avant d'être poussé à l'extrémité, j'ai réussi à retarder le péril par la conclusion du traité de Gastein, mais non pas à l'écarter entièrement; car pendant la durée de ce traité, les voiles qui avaient recouvert la véritable intention de l'Autriche, de commencer le combat pour l'influence prépondérante en Allemagne, tombèrent l'un après l'autre. La Prusse aurait sacrifié son existence si elle avait refusé le combat.

Deux bases étaient absolument nécessaires pour mener à fin ce grand combat:

1° La conviction de la justice des prétentions prussiennes, sans laquelle on ne pouvait rien espérer de la Providence;

2o L'instrument pour faire la guerre, l'armée prussienne.

Je n'ai jamais douté que l'instrument ne fût solide; car pendant toute ma vie je me suis voué au développement des institutions militaires.

Quant aux prétentions de la Prusse, je les ai crues justes, parce que la Prusse ne pourrait exister si elle renonçait à l'accomplissement de ces prétentions. C'est ainsi que je me suis décidé à accepter le combat, le cœur serré, bien serré, et laissant la fin à Dieu. La Providence s'est visiblement manifestée dans les résultats de cette guerre.

Vous connaissez l'attitude de votre Gouvernement avant et pendant tous les événements. Vous connaissez le vote du 14 juin, contraire au droit fédéral, qui admettait l'exécution à laquelle je ne me serais jamais soumis, mais qui démasquait l'intention de violer le droit fédéral au détriment de la Prusse. Vous connaissez les négociations relatives à la neutralité; vous savez que j'ai vainement proposé l'alliance dans la nuit du 14 juin; vous êtes instruits de la catastrophe de Langensalza, dans laquelle je n'ai pas été le vainqueur, mais qui a eu pour suite l'anéantissement de l'armée hanovrienne.

J'ai sérieusement pesé la mesure que vous désirez empêcher. Pa

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