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chain, le second au mois de mars suivant, et le troisième en novembre 1867, et qu'une fois l'évacuation accomplie, le Gouvernement français adoptera immédiatement vis-à-vis du Mexique une politique de non-intervention, pareille à celle qui est pratiquée par les États-Unis. Des doutes ont été conçus et exprimés en certains cercles sur la bonne foi qu'apportera le Gouvernement français à l'exécution de cette mesure. De pareils doutes n'ont pas été admis par le Président, qui a reçu des assurances réitérées et même récentes que la complète évacuation du Mexique par les Français sera consommée aux époques convenues, ou même plus tôt suivant les convenances climatériques, militaires et autres.

Il y a des motifs de supposer que deux questions incidentes ont déjà engagé l'attention du Gouvernement français, savoir: premièrement si le départ du prince Maximilien pour l'Autriche ne devrait pas avoir lieu avant la retraite de l'expédition française; secondement, s'il ne serait pas préférable, à cause des convenances climateriques, militaires et autres ci-dessus mentionnées, de retirer toutes les forces expéditionnaires en une seule fois, au lieu de les retirer en trois détachements successifs, et à diverses périodes.

Néanmoins, l'Empereur Napoléon n'a pas fait de communication formelle à ce sujet au Gouvernement des États-Unis. Lorsque la question s'est incidemment produite, le Département d'État a répondu, par l'ordre du Président, que les États-Unis attendent l'exécution de la convention pour l'évacuation dans les délais fixés avec le Gouvernement français, et qu'ils se réjouiraient de voir cette évacuation s'opérer encore plus promptement qu'il n'a été convenu. Dans ces circonstances, le Président s'attend à ce que, dans le courant du mois prochain (novembre), une partie au moins des forces expéditionnaires françaises quittera le Mexique, et il pense qu'il n'est pas improbable que le gros des forces expéditionnaires se retire en même temps ou presque en même temps.

Un pareil événement ne peut manquer de produire une crise d'un grand intérêt politique dans la république du Mexique. Il importe que vous vous trouviez, soit sur le territoire de la république, soit dans une résidence à proximité, afin de pouvoir prendre l'exercice de vos fonctions comme Ministre plénipotentiaire des États-Unis auprès de la république du Mexique. On ne peut encore savoir d'une manière positive le parti auquel s'arrêtera le prince Maximilien en cas d'une évacuation complète et partielle du Mexique. On ne peut non plus définir par anticipation le parti que prendra, au même cas, M. Juarez, Président de la république du Mexique.

Nous sommes prévenus de l'existence à Mexico de divers partis politiques autres que ceux à la tête desquels sont le Président Juarez

et le prince Maximilien ; ces divers partis sont en conflit de sentiments touchant les moyens les plus prompts et les plus convenables de restaurer la paix, l'ordre et le Gouvernement civil de la république. Nous ignorons ce que feront ces partis après l'évacuation française. Enfin, il est impossible de prévoir la conduite du peuple mexicain quand cet événement se produira.

Par ces motifs, il est impossible de vous donner des instructions précises sur la ligne de conduite que vous devrez tenir dans l'accomplissement de la haute mission que le Gouvernement des États-Unis vous a confiée. On doit laisser beaucoup à votre appréciation personnelle, et on devra se baser sur les mouvements politiques qui se produiront dans l'avenir. Il est cependant certains principes qui, à notre jugement, doivent régir la conduite politique que le Gouvernement des États-Unis attend de vous. Le premier de ces principes est que, comme représentant des États-Unis, vous êtes accrédité auprès du Gouvernement républicain du Mexique, dont M. Juarez est le Président.

Vos communications comme représentant devront être adressées à lui, en quelque endroit qu'il se trouve; et, dans aucun cas, vous ne pourrez reconnaître officiellement soit le prince Maximilien, qui prétend être Empereur du Mexique, soit toute autre personne, chef ou commission exerçant le pouvoir exécutif à Mexico, sans en avoir préalablement référé à mon département, sans avoir reçu les instructions du Président des États-Unis.

Secondement, en supposant que les commandants de l'armée et de la marine françaises exécutent de bonne foi la convention de l'évacuation du Mexique avant le terme fixé, l'engagement qui nous incombe, dans cette hypothèse, est que les États-Unis ou leur représentant n'apportent aucune entrave ni aucun obstacle au départ des Français.

Troisièmement, ce que le Gouvernement des États-Unis désire pour l'avenir du Mexique, ce n'est pas la conquête de ce pays, ni d'aucune de ses portions, ni l'agrandissement des États-Unis par des achats de terres ou de domaines; mais au contraire il désire voir le peuple mexicain délivré de toute intervention militaire étrangère, afin qu'il puisse régler la conduite de ses propres affaires avec le Gouvernement républicain existant ou toute autre forme de Gouvernement que, jouissant d'une liberté parfaite, il aura résolu d'adopter de son propre mouvement à l'abri de l'influence de tout pays étranger et aussi des États-Unis.

Il découle de ces principes que vous ne devez pas faire de stipulations avec les commandants français, ni avec le prince Maximilien, ni avec tout autre parti qui aurait une tendance à contrecarrer ou à s'opposer à l'administration du Président Juarez, ou à retarder et à ajour

ner la restauration de l'autorité de la République. D'un autre côté, il peut arriver que le Président de la République du Mexique réclame les bons offices des États-Unis, ou quelque acte efficace de notre part, pour favoriser et håter la pacification d'un pays si longtemps déchiré par la guerre civile et étrangère, et activer ainsi le rétablissement de l'autorité nationale sur des principes concordant avec un système républicain et domestique du Gouvernement.

Il est possible encore que l'on fasse quelques mouvements des forces de terre ou de mer des États-Unis, sans intervenir dans les limites de la juridiction du Mexique ni violer les lois de la neutralité, mais pour favoriser la restauration de la loi, de l'ordre et du Gouvernement républicain de ce pays.

Vous êtes autorisé à conférer à ce sujet avec le Gouvernement républicain du Mexique et ses agents, et même de conférer à titre d'informations, si vous le jugez nécessaire, avec tous autres partis ou agents, dans le cas où une conférence exceptionnelle deviendrait absolument nécessaire, mais dans ce cas seulement.

Vous pourrez ainsi obtenir les informations qu'il importe à notre Gouvernement de connaître, et vous les transmettrez à mon département avec vos suggestions et avis sur toutes mesures de notre part qui pourraient être adoptées en conformité des principes ci-dessus développés. Vous vous bornerez à référer ainsi toute proposition importante qui pourrait s'élever au sujet de la réorganisation et de la restauration du Gouvernement républicain du Mexique, à mon département, pour l'information du Président.

Le lieutenant général des États-Unis possède déjà une autorité discrétionnaire touchant la disposition des forces des États-Unis dans le voisinage du Mexique, son expérience militaire le rend apte à vous donner des conseils sur les questions de ce genre qui peuvent s'élever pendant la période transitoire qui fera passer le Mexique de l'état de siége militaire maintenu par un ennemi étranger à la condition politique de « self-government. »

En même temps, il aura le pouvoir, étant près de la scène de l'action, de lancer tous les ordres qui lui paraîtront convenables ou nécessaires pour maintenir les obligations des États-Unis relativement à ce qui se passerait sur les frontières du Mexique. Pour ces motifs, il a été requis et a reçu l'ordre du Président de vous accompagner à votre destination et de remplir à votre égard l'office d'un conseiller officiel, reconnu par le Département de l'État, en ce qui touche les matières qui viennent d'être indiquées.

Après vous être entendu avec lui, vous pourrez vous rendre dans la ville de Chihuahua, ou dans tout autre endroit du Mexique où le Président Juarez pourra résider, ou dans tout autre lieu du Mexique,

ARCH. DIPL. 1866- -IV

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à votre choix, qui ne sera pas tenu ou occupé au moment de votre arrivée par les ennemis de la république du Mexique; vous pourrez aussi vous arrêter dans tout endroit des États-Unis à proximité de la frontière ou des côtes du Mexique pour y attendre le moment d'entrer dans telle partie du Mexique qui sera occupée par la suite par le Gouvernement républicain du Mexique.

Je suis, etc.

Signé: WILLIAM H. SEWARD.

Note du Président Johnson à M. E. Stanton, ministre de la guerre, pour adjoindre le général Grant à M. Campbell, ministre des États-Unis au Mexique, datée de Washington, le 26 octobre 1866.

Monsieur,

Des avis récents annonçant l'évacuation prochaine du Mexique par les troupes expéditionnaires françaises, le temps est venu, pour notre Ministre au Mexique, de se mettre en rapport avec cette république. Pour l'aider dans sa mission et pour donner une preuve du vif désir des États-Unis de régler les questions pendantes, je crois important de faire accompagner notre Ministre par le général Grant. Je vous demande donc d'inviter le général Grant à se rendre sur quelque point de notre frontière mexicaine, le plus convenable pour communiquer avec notre Ministre; ou si le général Grant le trouve préférable, qu'il l'accompagne jusqu'à destination et lui donne l'aide de ses conseils, pour exécuter les instructions du Secrétaire d'État dont je vous envoie copie pour l'usage du général. Le général Grant fera au Secrétaire de la Guerre son rapport sur tout sujet qui, dans sa pensée, devra être communiqué au Département.

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Note du Président Johnson au ministre de la guerre pour remettre au général Sherman la mission refusée par le général Grant, en date de Washington, le 30 octobre 1866.

Monsieur,

Le général Grant n'ayant pas jugé à propos d'accepter la mission spécifiée dans ma lettre du 26 courant, vous voudrez bien l'en déchar

ger et la confier, sous tous les égards, au lieutenant général Sherman. Afin de guider le général Sherman dans l'exécution de sa mission, vous lui remettrez copie des instructions spéciales que vous avez données au général Grant, d'après ma lettre du 26 courant, ainsi que celles données par le Secrétaire d'État à M. Campbell.

Le lieutenant général Sherman devra partir sans retard pour sa destination.

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Dépêche de M. Bigelow à M. Seward, au sujet du rapatriement en bloc des troupes expéditionnaires du Mexique au printemps seulement, en date de Paris, le 8 novembre 1866.

Monsieur,

Le Ministre des Affaires étrangères m'a informé jeudi dernier, en réponse à une question que certaines rumeurs de journaux m'ont engagé à lui adresser, que l'Empereur avait le dessein de retirer ses troupes du Mexique au printemps, mais qu'il ne rappellerait aucur corps avant cette époque.

J'exprimai ma surprise et mon regret de cette détermination, si clairement contraire aux assurances données par le prédécesseur de S. Exc., soit à vous par l'intermédiaire du marquis de Montholon, soil à moi personnellement.

Le Ministre s'est rejeté sur les considérations d'un caractère purement militaire, ne voulant pas voir ou n'appréciant pas à sa valeur, à ce qu'il m'a semblé, l'importance que ce changement pourrait peut-être avoir sur les relations de la France avec les États-Unis.

Mon premier mouvement a été de lui envoyer une Note le jour suivant, en demandant une constatation formelle des motifs de l'Empereur pour n'avoir aucun égard aux stipulations de son Ministre des Affaires étrangères, relativement au rappel d'un détachement de son armée du Mexique dans le courant du mois de novembre.

J'arrivai cependant à conclure qu'il serait plus satisfaisant pour le Président que je visse l'Empereur lui-même à ce sujet.

Je me suis donc rendu hier chez S. M., à Saint-Cloud ; je lui répétai ce que le marquis de Moustier m'avait dit, et lui exprimai le désir de savoir si je pourrais faire quelque chose pour prévenir et empêcher le mécontentement que ressentirait le peuple de mon pays, j'en étais persuadé, s'il recevait cette nouvelle sans aucune explication.

Je fis allusion à la prochaine réunion du Congrès, moment où tout changement dans nos relations soit avec la France, soit avec le

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