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tance moyenne de l'eau: fi donc par Q on trace QTperpendiculaire à Qon QR, la ligne QT devra être parallele à kn; & comme dans ce cas-ci, Tfe rencontre précisément dans l'alignement de kn, le Vaiffeau feroit fa route CC fans qu'on eût befoin de mettre la barre de l'un ou de l'autre bord: mais c'eft en fuppofant les voiles des furfaces planes.

Mais comme le vent, en enflant les voiles, 1°. leur caufe une courbure qui ne permet pas de les confidérer comme des plans; 2o. à caufe de fa direction, venant du côté du lof pour fortir du côté oppofé, il forme cette efpece de poche plus fous le vent qu'au vent: le centre de fon effet fur les voiles ne peut fe trouver au milieu, mais il doit fe transporter de la distance QR du côté fous le vent; & cette diftance doit être plus ou moins grande, felon qu'elles font plus ou moins larges. Je veux, pour un moyen, fuppofer dans ce Vaiffeau que cette distance ne furpaffe pas 6 pieds: De-là, la résultante de l'effort du vent dans les voiles fera dans la ligne SR, & le Vaiffeau tendra à venir au vent, tournant autour de fon centre de gravité o, avec un moment de force = Spx la résistance du Vaiffeau felon la direction kn: mais comme le Bâtiment doit tailler de l'avant felon la ligne CC, il n'y a que le gouvernail qui puiffe le contenir dans cette route, & pour cet effet, il faudroit que le moment de l'effet latéral de l'eau fur ledit gouvernail multiplié par fa distance au centre de gravité du Navire, fût égal au moment ci-deffus Sp x la réfiftance, &c.: or, ces momens ne pourroient être égaux que lorfque le gouvernail feroit un angle de 15 degrés avec le grand axe du Vaisleau.

Une Frégate de cette forme dont le centre de gravité est à près, de 2 pieds en avant du milieu de la longueur de tête en tête, & dont les liffes de l'avant auroient une pareille courbure, ne pourroit, d'après l'expérience, être fort ardente: ainfi, avec une inclinaifon de 7 degrés, elle ne pourroit le devenir au point qu'on foit obligé de tenir la barre à 15 degrés au vent de la ligne du milieu. On a donc droit de conclure que la direction moyenne de l'eau ne peut être dans la ̧ ligne kn, mais qu'elle doit passer plus près du centre de gravité comme en fg, & elle pourroit fe trouver fous le vent du même centre.

Suppofons encore que l'eau qui eft en arriere de la plus grande largeur du Vaiffeau dans la pofition où il est actuellement, n'influe pour rien fur la difpofition à venir au vent; que fon effort fur la partie de l'avant feule puiffe occafionner cette difpofition : l'effet

6737,31

direct = trayant cette quantité, de 22,3, la distance de la résistance directe à la ligne CC du côté du vent = 1,97 pieds: celá donne la ligne qr. L'effet latéral de l'avant = 288,6; fon moment = 7825,87; & 7825,87

331,3; fon moment = 6737,31; & 331,3 = 20,33: fouf

288,627,11, c'est-à-dire, est égal à la distance du centre de gravité des forces latérales à la ligne AA: cela donne qs. Finiffant le rectangle de ces effets, la diagonale qt fera la direction moyenne de l'eau. Par le centre de gravité o, fur cette ligne qe prolongée, abaiffez la perpendiculaire ou: du point Rabaiffez à ou la perpendiculaire RS qui fera parallele à qu. Le Vaisseau tendra à venir au vent, tournant autour de fon centre de gravité o, avec un moment de force = Sux la résistance du Vaisseau qt.

Cette tenfion à venir au vent ne pourra être contre-balancée par le gouvernail, tant que le centre d'effort de la voilure demeurera en R. Il faudroit qu'elle fût portée de l'avant, de maniere que la réfultante de l'effort du vent dans les voiles fe trouvât dans la ligne q ou quelques pieds de l'arriere : & encore quand il feroit poffible de porter autant de l'avant le centre de gravité de la voilure, on ne pourroit cependant contenir le Vaiffeau, car le Navire inclinant, la partie de l'avant principalement devroit plonger par la force du vent dans les voiles: par-là la direction moyenne de l'eau fe tranfporteroit encore plus de l'avant; ainfi il ne feroit pas poffible d'empêcher le Vaiffeau de venir au vent.

Il est donc absurde de pofer pour principe que l'eau de l'arriere de la plus grande coupe du Vaiffeau, n'influe pour rien sur sa dispofition à venir au vent.

On a rempli dans ce Chapitre l'objet qu'on s'étoit précédemment propofé, y prouvant avec la plus grande évidence qu'on ne s'eft point mépris en établiffant le principe du calcul de la réfiftance de l'eau contre le Vaiffeau; que non-feulement la partie de l'arriere doit être calculée comme celle de l'avant, mais encore que l'expreffion de l'effet de l'eau fur cette partie de l'arriere, doit avoir un certain co-efficient plus grand que celui qui convient à l'expreffion pour la partie de l'avani.

On peut auffi trouver l'aire du plan de résistance pour ce Vaiffeau navigant avec vent de côté dans l'état d'inclinaifon, & avec la dérive qu'on lui a fuppofés,

On a déjà trouvé que la fomme des effets directs de l'avant & de l'arriere multipliée par 6 & 7, = 3698,95 ; & comme la diftance entre les coupes aa, bb, &c. qu'on a confiderée comme force abfolue = 6 pieds, felon les paragraphes 16 & 17, l'aire du plan de réfistance fera = 3628,95 = 6X13 46,52 pieds quarrés. On voit dans le paragraphe 18, que le plan de réfiftance du même Vaiffeau allant vent-arriere 36,24: par conféquent, pour que le Vaiffeau dans les deux cas cingle avec la même vîteffe, il faudra qu'il préfente au vent une bien plus grande étendue de voilure vent de côté que vent-arriere *, & cela non-feulement à caufe de la plus grande furface du plan de flottaison, mais encore vu l'obliquité du vent avec les voiles.

cal

La ligne PQ (fig. 38 ) est la résistance latérale, la ligne PR la réfiftance verticale, & la ligne PS leur direction moyenne, culées feulement pour cette partie du Vaisseau.

la viteffe de ce courant

* Vent-arriere, le Vaiffeau allant dans le même fens que le vent, d'air eft moindre à bord de toute celle du Navire: vent de côté, la vîteffe du vent on du courant d'air ne doit fouffrir d'autre déduction à bord, que celle qu'a le Vaiffeau fur le côté, qui peut fe repréfenter par le finus de l'angle de dérive: ainfi il eft clair que le vent demeure toujours plus en force quand fon lit eft perpendiculaire au grand axe du Vaiffeau, que quand Fun & l'autre font dans la même direction.

Ces calculs font d'autant plus inutiles à entreprendre, quant à préfent, que l'on en connoît encore fort peu le fondement phyfique, les élémens de l'effort du vent fur les voiles; car fi l'on ne faifoit entrer dans le calcul que la denfité & la viteffe du mouvement de l'air, comment feroitil poffible d'expliquer un fait d'expérience que l'on doit particuliérement à Dom GEORGES JUAN, Chef-d'Efcadre des Armées Navales de Sa Majesté Catholique (dans fon Examen Maritime, théorique & pratique de la Conftruction des Vaiffeaux, dont la traduction, par M. Levêque, paroîtra bientôt)? favoir, qu'un Bâtiment bon voilier prend une très-grande partie de la viteffe du vent. Les parties élémentaires de l'eau font dures, tenues, infiniment peu fufceptibles de compreffion; celles de l'air au contraire font élastiques, & fe condenfant dans l'efpece de cu-de-fac que forme la voile, elles doivent éprouver beaucoup de difficultés à fe dégager, & ufer, en attendant, de leur reffort fur la furface concave des voiles.

CHAPITRE X I.

Du Jaugeage & de l' Arrimage,avec des inftructions fur ces objets, & auffi differens détails importans concernant les Munitions de bouche, pour fervir à faire les emménagemens ou foutes.

S 41.

Du Jaugeage.

PAR jauger, on entend prendre les dimensions d'un Vaiffeau, pour, ayant égard à fa forme, trouver la charge qu'il peut porter, & avec laquelle il puiffe naviguer fans danger.

Jauger à la façon Suédoife, eft rechercher la quantité de lastes fortes que le Bâtiment peut porter, de la maniere fuivante.

On prend fur le pont fupérieur, la longueur du Vaiffeau de l'étrave à l'étambot, la largeur en dedans du vaigrage, & le creux du bordage dudit pont fupérieur fur le vaigrage de fond; on multiplie ces trois dimensions entr'elles, & on en divife le produit par 200 : les cinq, fixiemes de ce quotient font le poids que peut prendre le Bâtiment en lattes fortes de 18 skiponds, poids de fer par lafte; on fouftrait cependant encore tant par cent de cette quantité, felon que Jaugeur eftime le Vaiffeau plus ou moins plein dans fes fonds, ou qu'il porte plus ou moins d'artillerie. Le refte eft la charge en lastes

fortes

le

* On eft fouvent obligé d'employer des méthodes pareilles, quand la cale fe trouve trop embarraffée, pour y faire des opérations qui donneroient un jaugeage plus exact.

Notre ufage, dans ce cas, eft de prendre la longueur de tête en tête du dehors de l'étrave au dehors de l'étambot, la largeur au fort en dehors des préceintes, le creux de la ligne droite du maître bau fur quille, que l'on peut prefque toujours avoir à la pompe; de faire un produit de ces trois dimenfions, & de le divifer par cent le quotient est le port en tonneaux de 2000 liv., ou de 42 pieds cubiques d'objets d'une pefanteur spécifique, telle qu'en rempliffant les efpaces deftinés pour la cargaifon, ils faffent caler le Vaiffeau jusqu'à fa flottaifon de charge.

Il réfulte de ceci que dans deux Vaiffeaux conftruits d'après le même plan, fi le pont fupérieur de l'un fe trouve d'un pied plus haut que celui de l'autre, celui-là fe trouvera d'une plus grande quantité de laftes que celui-ci ; ce qui doit cependant être le contraire puifqu'il doit porter de moins ce que pefent de plus les côtés du Vaiffeau exhauffé d'un pied, ( les deux Navires chargés au même tirant-d'eau ). Le réfultat de ce calcul peut encore être fautif en ce que le Bâtiment ne fera pas toujours jugé exactement fur fon plus ou moins de façon, par un spectateur qui eft dans la cale; d'où il

Examinons fi cette méthode revient à celle de M. de Chapman.

Soit ex la longueur de dedans en dedans en pieds Suédois, dont 13 pouces font 12 pouces, pied de Roi; bx la largeur en dedans du vaigrage; x = le creux du pont fupé

rieur sur vaigrage; ¿ = la quantité à soustraire. ( ÷ ×

de la charge en liv. de Suéde =

(ix

ab x3

200

{) >

ab 3

200

− ) × 5760=la quantité

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X 4975 en livres, poids de marc.

Nous prenons les mêmes mefures, mais hors d'oeuvre. Suppofant la différence des dimenfions principales dedans œuvre à celles hors d'œuvre des dimensions dedans œuvre, on aura l'excès du parallélipipede hors d'oeuvre fur celui abx3 dedans œuvre, par cette proportion x ab x3:: 2 x : 2 a b x3 ( Effai fur l'Architecture Navale, p. 163. lig. 15). Le produit de nos trois dimenfions feroit donc abx3 + abx3 = 1⁄21⁄2 a b x3 en pieds de Suéde, & 1728 en pieds de Roi, ab x x X x3. Cette quantité se 133 131 x = 1/1/1 abx 2261 doit divifer par 100 & multiplier 2000, pour avoir des livres, poids de marc, ou se 44928 multiplier tout de fuite par 20. 2261

12

135

12

12

x x

par

ab x

1728 2261 abx3

x3

X 20=

200

(ix
(24875

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ab x3
4975

a b x3- 4975 × : d'où =
x3

1200

4

24875

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ab x3: d'où on doit avoir

4975 (fuivant le calcul Suédois)

44928
2261

abx' =

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La quantité à retrancher felon le jaugeage Suédois, pour qu'il revînt au nôtre, feroit donc extrémement petite : mais il faut confidérer que le parallelipipede que nous déduifons de celui de Suede, eft plus grand que nous ne le trouverions en prenant les mefures fur le Bâtiment, parce que la figure de l'intérieur du Navire n'eft pas exactement semblable à celle de l'extérieur,comme nous l'avons observé (Essai fur l' Architecture Navale, p. 166. lig.7). Auffi dans le jaugeage de nos Vaiffeaux ayant gaillards, il n'y a que dans le cas d'une conftruction particuliere, que nous ajoutions ou retranchions quelque quantité : quant à ceux fans gaillards, nous retranchons entre le fixieme & le douzieme, pour le logement, la cambufe, &c.

Notre méthode fe rapportant fi parfaitement avec la Suédoise, c'est une raison de plus de s'y fier, quand on ne peut pas mieux faire.

*Un Vaiffeau qui a un pied de plus de creux, peut caler un pied de plus, & naviguer avec autant de sûreté.

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