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Et dans la derniere expreffion, on reconnoît que la distance entre le centre de gravité & le point de fufpenfion eft toujours en raifon inverse de la diftance entre le centre de gravité & celui d'ofFig. 8&9. cillation. Comme le Vaiffeau fe meut autour de fon centre de gravité E, & que le centre d'ofcillation eft dans le métacentre G, il eft clair qu'on peut imaginer un point N, qu'on confidérera comme point de fufpenfion, & que la diftance de ce point au centre de gravité E, eft égal au quotient de la fomme de tous les poids multipliés chaque par le quarré de leur distance au centre de gravité; cette fomme divifée par la fomme de tous les poids ou le déplacement, multipliée par EG, distance entre le centre de gravité & le métacentre. Par cette raison, plus on peut éloigner les poids du centre de gravité, ou, ce qui eft la même chofe, les porter proche le bord du Vaiffeau, (toutefois fans que le centre de gravité change par rapport au métacentre G) plus grande devient la diftance NE; par conféquent, les mouvemens de roulis font plus lents, puifque toute la longueur NG, distance entre le point de fufpenfion & le centre d'ofcillation, eft égale au quotient de la fomme de tous les poids multipliée par leur diftance au point de fufpenfion; cette fomme divifée par la fomme de tous les poids ou le déplacement, multipliée par NE, ou la diftance du centre de gravité au point de fufpenfion; de maniere que tous les poids M, M qui font à la même diftance du point N, produifent le même effet sur le roulis du Vaiffeau. Si à préfent on confidere le métacentre G ou g comme centre de percuffion, il eft clair que plus la diftance EG ou Eg fera grande, plus confidérable sera la force qui redreffe le Vaiffeau; mais fi le métacentre est rapproché du centre de gravité E, par exemple, s'il fe trouve en h, alors la diftance NE fera en raifon inverfe de EG à Eh; c'est-à-dire, que plus le centre de gravité eft près du métacentre, plus NE eft long; par conféquent, le mouvement de roulis eft plus lent & moins dur.

La recherche, d'après ces principes, de la diftance du point de fufpenfion au centre de gravité ou au métacentre, jetteroit dans de longs calculs, puifqu'il y faudroit faire entrer la mâture, le gréement, &c. D'ailleurs cette recherche n'est pas fort néceffaire; il fuffit que l'on connoiffe les caufes qui operent les roulis plus ou moins vifs, & la maniere, finon de les détruire abfolument, au moins de les diminuer en partie,

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Il est au furplus très-difficile de faire un Vaiffeau qui en même tems foit ftable & ait des mouvemens de roulis doux, parce que l'augmentation de la distance E G qui augmente la ftabilité, contribue auffi à augmenter les mouvemens de roulis. Et la difficulté augmente pour les Vaiffeaux de charge où il faut, avec de l'économie dans la conftruction, la faculté de porter la plus grande charge poffible. Les Vaiffeaux de cette efpece doivent être fort pleins dans les fonds, & n'avoir que peu de hauteur au deffus de l'eau par rapport à la largeur. Un Navire de cette conftruction aura fon centre de gravité de déplacement fort bas, par conféquent le métacentre. Par cette raifon, il faut faire defcendre le plus qu'il fera poffible le centre de gravité de la charge, pour que le Vaiffeau puiffe avoir une stabilité fuffifante. D'où il réfulte que le centre de gravité commun du Vaiffeau & de la charge fe trouvera très-bas, & occafionnera (§ 10) des roulis & fecouffes auxquels on peut remédier en partie, en mettant le plus qu'il fera poffible les plus grands poids fur les ailes.

Il y a encore un moyen d'adoucir le mouvement de roulis dans les Vaiffeaux de charge. Comme il faut, pour l'économie, les faire naviguer avec peu de monde, il leur faut peu de voilure, ce qui permet de mettre peu de diftance entre le centre de gravité & le

métacentre.

Au contraire, les Vaiffeaux qui ne font pas conftruits pour la charge, par exemple, les Vaiffeaux de guerre, Frégates, &c. (qui font conftruits pour la marche, & qui n'ont pas befoin d'être remplis dans les fonds) peuvent avoir une longueur, une largeur, & être conftruits d'une maniere telle que le centre de gravité foit plus haut.

Pour cela, le métacentre doit avoir une hauteur au-deffus de l'eau à permettre que le centre de gravité commun du Vaiffeau & de tous les poids qu'il contient, puiffe fe trouver dans le plan de flottaifon ou fort près, en lui laiffant une stabilité fuffifante contre les inclinaifons; & cette hauteur du métacentre d'un autre côté doit être bornée par la confidération du roulis qui en dépend. La distance du métacentre au centre de gravité de tout le Navire (pour lui donner la stabilité fuffifante) n'a pas befoin, même pour les plus grands Vaiffeaux de ligne, d'être de plus de fix pieds, & avec cette distance les mouvemens de roulis fout fupportables.

$ 12.

Dans les deux derniers paragraphes on a vu que le centre de gravité du Vaiffeau, par rapport à la hauteur, doit être dans le plan de flottaifon ou le plus près qu'il eft poffible. Il nous reste à voir fa pofition par rapport à la longueur.

Comme la longueur du Vaiffeau eft fort grande, relativement à fa largeur, le métacentre, par rapport à cette premiere dimenfion, doit être confidérablement élevé, fur-tout dans les Bâtimens qui, ayant beaucoup de plan de flottaifon, font fort taillés fous l'eau de l'avant & de l'arriere; par conféquent, la verge du pendule, dont les ofcillations font fynchrones avec celle du Vaiffeau, fera très-longue, fur-tout fi les poids étant portés aux extrémités, le point de fufpenfion fe trouve très-bas *.

Mais fi l'on confidere d'ailleurs le centre d'ofcillation ou le métacentre comme centre de percuffion, les extrémités du Vaiffeau plongent à peine qu'il revient avec beaucoup de vivacité, & que ce mouvement finit tout de fuite.

Le Vaiffeau a cependant un mouvement felon fa longueur tel que fes extrémités s'élevent & s'abaiffent, mais ce mouvement n'est autre chofe que l'effet du choc des lames qui élevent l'avant du Navire qui retombe lorfque la lame l'a dépaffé. Ce mouvement cefferoit tout de fuite s'il ne fuccédoit une nouvelle vague qui éleve encore l'avant du Vaiffeau.

Quand un Vaiffeau eft au plus près, de maniere qu'il va à la rencontre de la lame, & que, lorfqu'elle a paffé l'avant, le bâtiment tombe avec vivacité, ayant beaucoup de difficulté à s'élever fur la lame qui fuccede, on dit que ce Navire eft canard. Ce défaut non-feulement retarde beaucoup la marche, mais même fatigue prodigieufement la mâture par la force des fecouffes. Quand c'eft la partie de l'arriere qui tombe rudement, on dit que le Vaiffeau accule. Ce mouvement provient de la même caufe, & a les mêmes inconvéniens.

Le corps du Vaiffeau fouffre beaucoup, tant de ce mouvement de tangage de l'avant à l'arriere, que de la vivacité des roulis;

Traité du Navire, page 243,

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