Fig. 34.

ABC eft le couple d'un Corfaire de 138 pieds de longueur, & de 35 pieds de largeur; ADC eft le couple d'un pent Corfaire ou bateau de 44 pieds de longueur, & de 13 pieds de largeur; AC eft la ligne de flottaifon, & fuivant le rapport qu'il doit y avoir entre la longueur & la largeur, EFG fera la ligne de flottaifon du grand Corfaire, & HFI celle du petit. Ces élémens étant connus, il ne fera pas difficile, avec quelque connoiffance de la conftruction, & un peu d'habitude de ce travail, de dreffer des plans où, tout étant bien obfervé, on trouvera peu de différence avec ceux de mon Architectura navalis, puifque les formules ont été calculées d'après ces plans; ou, pour mieux dire, ils ont fervi, conjointement avec d'autres, à trouver ces différentes expreffions.

Je ne prétends pas dire cependant qu'on doive toujours s'affujettir à ces proportions. Il fe préfente différens. cas qui peuvent exiger différens changemens: par exemple, pour naviguer dans les mers où la lame eft courte & élevée, les Bâtimens, particuliérement les petits, doivent avoir plus de largeur par rapport à la longueur..

De même, les diverfes efpeces de gréemens exigent des différences dans les proportions: pour le gréement en Goëlette, il faut que le Bâtiment ait une plus grande longueur relative, afin de pouvoir donner une jufte étendue aux voiles par rapport à la ftabilité; le Yacht au contraire demande plus de largeur par rapport à la longueur.

Il y a des Corfaires qui ne peuvent trouver leur proie que fort au large; d'autres n'ont pas befoin de s'écarter de la côte. Ces deux efpeces doivent être approvifionnées différemment; l'une exige de plus grandes capacités que l'autre, quoiqu'ils puiffent être de la même force, ce qui, de toute néceffité, donnera des différences dans les dimenfions principales, regardant comme principe constant que le centre de gravité du Vaiffeau avec fa charge foit dans le plan de flottaifon, & le métacentre de fix pieds en-deffus.

Pour ce qui regarde les emménagemens, on en pourroit voir en partie la distribution dans les plans de mon Architectura navalis ; mais la grandeur des Bâtimens & le climat où ils doivent naviguer, influent pour beaucoup fur la nature de ces emménagemens.

Les Bâtimens fuffifamment vastes & stables doivent avoir de larges

paffavans pour y placer de la moufqueterie, & ils doivent être bien baftingués fur les plats-bords.

Dans les climats chauds, les Bâtimens peuvent être plus ouverts,furtout, s'ils ne doivent pas être chargés d'expéditions de longue durée; mais dans les climats froids, on doit avoir foin que les Equipages foient bien à l'abri : ainfi, dans les grands Vaiffeaux Corfaires, en place de larges paffavans, il conviendroit mieux de prolonger les gaillards, pratiquant dans le milieu des caillebotis pour le paffage de la fumée pendant le combat. Ces caillebotis feroient ordinairement couverts avec des prélarts.

Il y a des Nations dont l'ufage eft d'avoir leurs cables dans la cale, d'autres en entrepont; ces deux manieres ont leurs avantages & leurs inconvénients. Il y a auffi différens ufages pour les repas & les cuifines; qui cuit trois fois le jour, qui cuit feulement une: tout ceci demande, dans un Vaiffeau, différens arrangemens, & ce qui eft bien pour l'un, ne convient pas pour l'autre.

Ainfi, l'on voit qu'il faut être informé de toutes ces circonstances avant de commencer fon plan. Enfuite il faut du jugement, & une habitude de la chofe, pour disposer tout fuivant lefdites circonftances, & procurer toutes les commodités poffibles, principalement

par rapport à la manœuvre.

A

CHAPITRE VIII.

Proportions des mâts & vergues pour les Vaisseaux marchands.

$ 29.

LEs mâts & vergues étant faits pour porter les voiles, il femble qu'on devroit, pour les Vaiffeaux marchands, déterminer l'aire & le moment de la voilure, comme on le fait pour les Corfaires, afin de pouvoir y proportionner lefdits mâts & vergues. Quoique dans ces fortes de Bâtimens le moment de ftabilité foit très-variable, étant dans le cas de prendre différentes cargaifons, on pourroit cependant fuppofer un point fixe pour centre de gravité du Vaiffeau, & de fa charge, d'après lequel on calculeroit le moment de la voilure, ce à quoi on trouve un acheminement dans les regles que nous avons données pour les proportions des Vaiffeaux marchands; & dans les tables No. 2, 3, 4 & 5 où la longueur des mâts eft dans le rapport de la racine cubique des momens de stabilité. Mais avant de rien entreprendre fur les proportions des mâts & vergues, il eft bon d'obferver les régles que l'on fuit communément à cet égard, & d'en examiner les vraies raifons, pour voir fi l'on peut les regarder comme bonnes ou mauvaises.

Ordinairement la hauteur des mâts eft proportionnée à la largeur des Bâtimens, & la longueur des vergues à la longueur desdits Bâtimens, d'où il résulte que les Vaiffeaux de même longueur & de même largeur, mais de différente stabilité, ont la même étendue de voiles qui fembleroit cependant devoir être proportionnée à cette ftabilité. Néanmoins, quelque vraie que foit foit la regle, pour regle, pour les Corfaires, qu'on doive proportionner les mâts & vergues d'après la ftabilité, il peut y avoir différentes raisons pour qu'elle ne puiffe avoir lieu à l'égard des Bâtimens marchands.

Quand on confidere que le poids des ancres d'un Bâtiment eft proportionné à fa longueur & à falargeur, ou au quarré de fa largeur,

&