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On demande l'impression et l'envoi aux départemens et aux armées.

Un membre propose de voter des remercîmens, au nom de la Chambre, aux auteurs de cette lettre, de l'insérer au procès-verbal, et de charger le président d'écrire, au nom de l'Assemblée, au maréchal ministre de la guerre, une lettre qui lui déclare que les Représentans du peuple sont plus que jamais unis de cœur et d'intention avec l'armée pour la défense de la patrie.

M. Bory de Saint-Vincent demande une seconde lecture de la lettre; elle est faite, et reçoit les mêmes applaudissemens.

M. Lefebvre: « Je demande l'impression à 20,000 exemplaires. >>

M. Grand (de la Dordogne ). « Les sentimens exprimés dans cette lettre sont trop sublimes pour n'être pas l'objet d'une déclaration solennelle de l'Assemblée. Je demande que l'Assemblée déclare qu'elle partage ces honorables sentimens, que le vœu de la brave armée sous Paris est le sien, et que le président l'exprime dans une lettre au genéral en chef. »

M. Félix Lepelletier: « L'expression de sentimens aussi honorables pour la représentation nationale et pour l'armée entière doit produire sur toute la nation l'effet le plus salutaire. Je demande que la lettre soit affichée dans Paris, avec les signatures dont elle est revêtue. »

M. Lefebvre « Nous la signerons tous. >>
Une foule de membres : « Oui! oui! »

M. Saussay: Messieurs, les sentimens sublimes exprimés dans cette adresse ne doivent pas être stériles, et ils le seraient si nous nous bornions à manifester l'impression qu'ils nous ont fait éprouver; mais je crois devoir proposer d'autres mesures. Depuis trois jours, messieurs, l'armée ennemie est devant Paris;

depuis deux fois vingt-quatre heures, les ennemis de la patrie ont combattu avec avantage : quelle nouvelle le Gouvernement a-t-il donnée de ce qui se passe ? Est-il une seule goutte de sang français versé pour la cause de la liberté, qui ne soit notre propre sang, et dont le Gouvernement ne nous doive compte? Je demande l'envoi d'un message au Gouvernement, pour l'inviter à nous rendre compte de tout ce qui se

passe. >>

Une foule de voix: « Appuyé! appuyé! »
D'autres : « L'ordre du jour ! »

D'autres: « Fermez cette discussion! »

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M. Saussay: « Je me suis jusqu'à présent abstenu de paraître à cette tribune, mais j'ai éprouvé un sentiment trop profond pour garder le silence. Je demande où sont les députés envoyés au quartier-général des ennemis, ce qu'ils font, et s'ils ont donné de leurs nouvelles? J'ai vu à l'instant passer un lieutenant-colonel qui venait d'être blessé ; je n'ai pu me contenir, et je demande que nous soyons instruits, jour par jour, et, s'il se pouvait, d'heure en heure, de la situation des affaires. J'aurais bien une motion plus grave, que le salut public me dicterait, mais je la garde pour un autre moment. »

Quelques membres : « Non! non! parlez! >>

M. Bory de Saint-Vincent : « Dans la situation où nous sommes, le silence est un crime... » L'ordre du jour est demandé.

M. le président rappelle les propositions relatives à l'impression et à l'affiche de la lettre qui a été lue, et à l'envoi de l'extrait du procès-verbal. Ces propositions diverses sont adoptées.

M. Pénières : « Pour l'affiche, il faut des moyens d'exécution; il faut renvoyer au Gouvernement. >> Un grand nombre de membres réclame la levée de la séance.

M. Bory de Saint-Vincent et M. Lefebvre demandent que l'extrait du procès-verbal soit porté à l'armée par une députation.

On rappelle la proposition de M. Saussay.

L'ordre du jour est vivement réclamé.

M. Girardin demande instamment la parole pour appuyer l'ordre du jour. (Une très-vive agitation règne dans l'Assemblée.)

M. le général Mouton-Duvernet : « Je sais qu'une résolution de la Chambre a chargé le Gouvernement de lui faire connaître tous les jours la situation des affaires, mais il est possible que le Gouvernement ne puisse pas en présenter tous les jours. Il est impossible que le général en chef, occupé des mouvemens des. troupes, et des détails immenses d'une défense telle que celle de Paris, puisse, jour par jour, s'occuper d'un rapport. >>

Plusieurs voix: « Ce serait imprudent, dangereux. >>
On demande de nouveau l'ordre du jour.

L'ordre du jour est adopté à la presque unanimité.
On demande de nouveau la levée de la séance.

Le général Sorbier: « Vous vous êtes occupés d'envoyer des adresses et des députations à l'armée, mais Je général Vandamme est nouvellement arrivé, et le corps qu'il commande n'a pas encore été visité. »

Il est décidé que les commissaires iront demain matin visiter le corps du général Vandamme.

<< Les journaux, continue le général, ne parviennent plus aux généraux ni aux officiers, qui ont tout-à-coup quitté le lieu où on les leur adressait. Il est essentiel que l'armée sache ce que vous faites, ce que vous dites; qu'elle connaisse tout ce que vous inspire votre dévouement à la cause de la nation et de l'armée. Je propose que des commissaires s'abonnent aux journaux qu'ils jugeront convenir le mieux.... et que dix mille

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exemplaires soient envoyés.... (Eh! pourquoi?) Les journaux ne parviennent pas à l'armée... »

M. Bory de Saint-Vincent : « Il n'y a pas de mal à cela. Il y a certains journaux qui sont si abominables! » Le général Sorbier : « Vous avez déclaré que l'armée française a bien mérité de la patrie : le général Vandamme est nouvellement arrivé, et votre vœu est bien certainement qu'il soit compris dans cette mesure. » (Oui! oui!) (Il le mérite plus qu'aucun.)

Le vice-president : « Il suffit que MM. les commissaires sachent que, n'ayant pas encore visité le corps du général Vandamme, il est urgent de s'y rendre. » Plusieurs commissaires : « Nous irons dès demain. » Le président annonce que les bureaux n'ayant pas encore entièrement terminé leur travail sur la constitution, ils se réuniront demain à dix heures.

CHAMBRE DES PAIRS. (Séance du 2 juillet.)

A une heure, la séance est ouverte. Le président annonce un message du Gouvernement arrivé la veille. M. le président le lit:

« M. le président,

« Nous avons reçu aujourd'hui des nouvelles des plénipotentiaires qui sont au quartier-général de lord Wellington pour traiter d'un armistice. La négociation continue, mais nous n'a→ vons pas encore de résultats positifs.

Agréez, etc.

Le duc d'OTRANTE.

Bulletin du 2 juillet.

Nos troupes on! eu occasion de développer hier leur valeur accoutumée dans deux affaires brillantes.

Le général Excelmans rend compte qu'il s'est porté dans l'après-midi, avec une partie de sa cavalerie, sur Versailles. L'ennemi occupait cette ville avec 1500 chevaux. Le général Excelmans avait formé le projet de les enlever; il avait dirigé, en conséquence, le lieutenant- général Piré avec le 1er et le 6e de chasseurs, et le 44° d'infanterie légère, sur Ville-d'Avray et

Roquancourt, en leur recommandant de s'embusquer pour recevoir l'ennemi quand il repasserait sur ce point. De sa personne, le lieutenant-général Excelmans se porta par le cheminde Montrouge à Issy, avec l'intention d'entrer à Versailles par trois points. Il rencontra, à la hauteur des bois de Verrières, une forte colonne ennem e. Le 5o et le 15o de dragons, qui étaient en tête, chargerent l'ennemi avec une rare intrépidité; le 6o de hussards et le 20° de dragons le prirent en flanc. Culbuté sur tous les points, l'ennemi laissa jusqu'à Versailles la route couverte de ses morts et blessés.

Pendant ce temps, le lieutenant-généra! Piré exécutait son mouvement sur Roquancourt avec autant de vigueur que d'intelligence; la colonne prussienne, poussée par le général Excelmans, fut reçue par le corps du général Piré. Elle essuya, à boat portant, une vive fusillade du 44° régiment, et fut chargée par le 1er et le 6 de chasseurs, tandis que le 6o de hussards et le 5 de dragons, qui la poursuivaient, la poussaient fortement à la sortie de Versailles.

Le résultat de ces belles affaires a été l'entière destruction des deux régimens de hussards de Brandebourg et de Poméranie, les plus beaux de l'armée prussienne.

Les troupes françaises, infanterie et cavalerie, ont rivalisé de courage. Le lieutenant-général Excelmans mande qu'il ne finirait pas, s'il voulait nommer tous les braves qui se sont distingués. Il en adressera l'état par régiment. Il signale particulièrement le lieutenant-général Stroltz, les généraux Burthe, Vincent, ainsi que le brave colonel Bricqueville, qui est grièvement blessé ; les colonels Saint-Amant, du 5e de dragons; Challot, du 15; Simonet, du 1er de chasseurs; Faudouas, du 6; Schmidt, du 8; et le colonel Paolini, du 44°.

La Commission du Gouvernement a chargé le ministre de la guerre de lui proposer les récompenses à donner aux officiers, sous-officiers et soldats qui se sont le plus distingués.

Nous avons fait dans ces deux affaires beaucoup de prisonniers, et pris environ un millier de chevaux.

Nos troupes ont été parfaitement secondées par les habitans. des communes voisines, qui ont accueilli l'ennemi en tirailleurs, même avant l'arrivée de nos soldats. Ils sont encore en ce 'moment à la recherche des fuyards. On ne peut trop faire l'éloge de leur courage.

Le lieutenant-général Lecourbe a été attaqué, le 27, dans sa position de Donnemarie et Chavannes. L'ennemi a été repoussé, et nous avons gardé nos positions.

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