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siastiques, s'écarter du droit public que les deux autorités ont toujours reconnu en France, doit se flatter que de nouvelles démarches auprès de Sa Sainteté, et le désir qu'elles auront l'une et l'autre de mettre une prompte fin à ces troubles malheureux, ne tarderont pas de rendre à l'Eglise le calme qui lui est si né

cessaire.

Lorsque S. M. manifeste ainsi ses sentimens, le clergé ne peut douter qu'il ne soit dans son intention de faire respecter la religion et ses ministres, et c'est, en leur donnant toutes les preuves d'une protection spéciale, qu'il ramenera vers des pasteurs égarés des habitans qui auraient à s'en plaindre.

S. M. elle-même oubliera que des plaintes multipliées lui ont été portées contre des ecclésiastiques, pour avoir manqué aux devoirs que la religion prescrit envers le souverain; elle est persuadée que le clergé en général est fidèle aux principes religieux ainsi qu'à la foi des sermens qu'il lui a prêtés, et à la reconnaissance que lui inspire le grand bienfait du rétablissement des autels et de sa propre existence.

Ordre judiciaire. Des dispositions ont été faites pour rendre à la justice répressive toute son action, et pour remplacer ceux des magistrats qui n'ont pas paru mériter de continuer leurs fonctions, ou qui se sont même fait justice en donnant leur dé

mission.

Département de la guerre. Au premier avril 1814, l'armée française, soit en campagne, soit dans les places fortes et garnisons de l'Allemagne, d'Italie, d'Espagne et de France, se composait de 450,000 combattans, et, si l'on y comprend 150,000 prisonniers qui devaient nous être rendus, la force totale de l'armée s'élevait encore à 600,000 hommes. On ne comprend point dans cette énumération la levée des conscrits de 1815, parce que, sur les 160,000 conscrits mis à la disposition du gouvernement, 4,500 seulement ont été appelés.

Effrayé de ses propres forces, le gouvernement royal fit de longs et de vains efforts pour les dissoudre Les provocations à la désertion, les encouragemens offerts par les agens des puissances étrangères, l'abandon des armes et des effets militaires, laissaient encore dans les rangs 250,000 vieux soldats; et, pour ébranler leur fidélité, pour mutiler l'armée jusqu'à la proportion prescrite par le système de finances, dont toutes les économies devaient uniquement peser sur l'armée, il fallut encore expulser 110,000 braves. Le désordre fut si grand, la désorga→ nisation si rapide, qu'on fut obligé de faire un appel de 60,000 hommes au mois de novembre 1814. Mais la confiance était perdue. Au 20 mars dernier, 55,000 hommes seulement étaient

rentrés, et cette force de plus de 600,000 hommes se trouvait, en moins d'un réduite à 175,000.

an,

Depuis le 20 mars, en deux mois, l'armée de ligne s'est élevée de 175,000 à 375,000 hommes. Ce résultat se vérifie par le détail suivant:

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Enrôlemens volontaires, 20,000. Anciens militaires rappelés sous les drapeaux, 80,000. Vieux soldats rentrés dans les cadres des bataillons d'élite des gardes nationales, 25,000. -Canonniers, 55,000. Seize régimens de jeune garde qui avaient été dissous, 20,000. Grenadiers et chasseurs de la vieille garde, infanterie et cavalerie, rentrés sous leurs aigles, 5,000.- Cinquante compagnies de canonniers garde-côtes réorganisées, 6,000. Chasseurs des Pyrénées et des Alpes, 6,000.

Huit régimens étrangers, 12,000.

La force de l'armée de ligne s'accroît chaque jour dans une proportion qui permet d'espérer qu'elle pourra s'élever jusqu'à 500,000 hommes.

D'un autre côté, 417 bataillons de grenadiers et chasseurs choisis sur la masse des bataillons de garde nationale, et tous composés d'hommes de l'âge de 20 à 40 ans, sont destinés à former les garnisons des places et les réserves déterminées dans les plans de défense des frontières. Sur ce nombre de 417 bataillons, 240 ont déjà été mis en marche, et l'effectif de ceux qui sont déjà arrivés à leurs destinations est, au 10 juin, de 150,121 hommes.

La formation successive des autres bataillons et leur complétement produiront encore 200,000 hommes

On ne comprend point dans ces bataillons les 106 compagnies d'artillerie de garde nationale complétement organisées dans les différentes places, et qui donnent une force de 12,000 canon

niers.

Ainsi donc, 850,000 Français vont défendre l'indépendance Ja liberté, l'honneur de notre patrie; et, pendant qu'ils combattront, la masse des gardes nationales sédentaires, aussi fortement, aussi régulièrement organisée que les bataillons d'élite, ajoutera dans les places fortes, dans tous les postes, dans toutes les villes de l'intérieur, de nouvelles ressources pour le triomphe de la cause nationale.

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Organisation et personnel. 167 régimens d'infanterie de six et huit bataillons avaient été réduits à 105 de trois bataillons, et 91 régimens de cavalerie à 57. Tout à la fois ingrat, avare et prodigue, le gouvernement réduisait à la demi-solde 14,000 officiers, forçait à la retraite les chefs les plus dévoués à leur pays, et les sous-officiers que des actions d'éclat avaient

fait élever jusqu'au grade de capitaine, pendant que 4 ou 5,000 officiers émigrés, qu'on avait vus combattre contre leur patrie, étaient introduits dans les rangs de l'armée, récompensés par des pensions et des grades honorifiques.

L'Empereur a rétabli tous les régimens sur l'ancien pied, a augmenté ceux d'infanterie de deux bataillons, et rappelé à leurs postes un grand nombre d'officiers supérieurs et particuliers.

La formation des bataillons d'élite de la garde nationale, la création de 36 bataillons de tirailleurs, tant à Paris qu'à Lyon, ont fait employer encore 250 colonels, 460 chefs de bataillon, et 460 capitaines, adjudans-majors; un grand nombre d'officiers en retraite ont été rappelés pour servir dans les places; enfin, l'Empereur est dans l'intention de garantir à la classe des sousofficiers les avantages d'un nouveau mode d'avancement qui leur assurera la moitié des sous-lieutenances vacantes, et rappellera l'alternative de l'élection et de l'ancienneté consacrées par la loi du 14 germinal an III.

Ce fut surtout dans les états-majors que le gouvernement des Bourbons porta le plus grand désordre. Pendant qu'il réduisait au désespoir plus de la moitié des généraux de l'armée impériale, plus de 500 nouveaux généraux inconnus à l'armée étaient nommés parmi les officiers de l'émigration.

L'Empereur a rappelé au commandement des places de guerre des hommes qui joignent à des principes sûrs les talens nécessaires pour les bien défendre.

Les plus importantes places ont reçu des gouverneurs et des commandans supérieurs.

Des commandans d'armes ont été placés sur des points qui n'en avaient pas encore eu.

Les états-majors emploient, au 31 mai, 492 officiers-généraux, 1,730 adjudans-commandans, aides-de-camp, 1,180 commandans d'armes, adjudans de place. Ils ont à leur disposition 807 officiers-généraux, adjudans-commandans, cominandans d'armes, etc.

Garde impériale.- La garde impériale est aujourd'hui composée de 24 régimens d'infanterie, de 5 régimens de cavalerie, de plusieurs corps de gendarmerie d'artillerie, de génie, de train, et déjà forte de plus de 40,000 hommes.

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Artillerie-Quoique les ennemis eussent enlevé de la France toute l'artillerie qu'ils avaient trouvée à La Fère, à Avesnes, Béfort, et dans quelques autres petites places où ils étaient entrés sans coup férir, il existait encore de grandes ressources, si le système d'inertie suivi par le gouvernement royal n'eût ein

pêché d'en tirer parti. Cette funeste économie, véritable trahison nationale, fit abandonner les travaux des arsenaux, suspendre ceux des forges et des poudrières, et réduire à moitié les commandes des manufactures d'armes. Les troupes d'artillerie et du train furent aussi considérablement diminuées.

Dès le 21 mars dernier, toutes les branches du service de l'artillerie furent réorganisées.

Cent batteries d'artillerie ont été complétement organisées, et sont en ligne aux différentes armées.

Vingt mille chevaux du train d'artillerie et des équipages ont été achetés.

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Les escadrons du train d'artillerie ont été quintuplés.

Les manufactures d'armes ont triplé leurs produits.

Il a été réparé 80,000 fusils depuis deux mois, et 120,000 autres le seront au 1er août.

Il a été fourni des armes aux 56 bataillons de militaires en retraite qui ont repris du service, à 100,000 anciens soldats rappelés sous les drapeaux, et à. 150,000 gardes nationales mises en activité.

Le surplus des armes destinées à l'armement des gardes nationales mobilisées, est en dépôt dans les places où elles doivent se rendre.

Dix grands ateliers. ont été organisés à Paris, et emploient près de 6,000 ouvriers. On y fabrique, on y répare 1,500 fusils par jour. Ce nombre s'augmentera progressivement jusqu'à 3,000, à mesure que les ouvriers se formeront à ce genre de tra

vaux..

Les ateliers de Paris fourniront, d'ici à la fin de l'année, plus de 20,000 fusils, les manufactures impériales en fabriquerout 300,000; et, sous peu, l'on aura en réserve, dans les magasins, plus de 600,000 fusils pour armer au besoin la population entière des contrées qui pourraient être menacées par l'ennemi.

La fabrication des poudres est dans la plus grande activité, et il existe des approvisionnemens en salpêtre pour en confectionner des quantités considérables..

Génie. L'Empereur, après avoir reculé les bornes de l'empire, avait fait fortifier les places des nouvelles frontières, et assigné, pendant les dix dernières années, un fonds de 125 millions pour la construction de nouvelles places, et la restauration de celles qu'il importait de mettre en état de défense.

On connaît le traité du 23 avril 1814, approuvé par le comte d'Artois, comme lieutenant-général du royaume, et par lequel 53 places et forts, occupés par les troupes françaises au delà des limites de l'ancienne France, furent remis aux ennemis dans un

délai de vingt jours, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Ce matériel immense de grands dépôts de toute sorte d'effets militaires, 12,600 bouches à feu, dont 11,300 en bronze, abandonnées sans réclamations, consommèrent une perte de plus de deux cent millions.

Lorsque la paix de Paris eut restreint la France dans ses anciennes limites, il était d'une sage prévoyance de restaurer les places de première ligne, et de les mettre en état de défense; mais le gouvernement royal, formé en haine de l'armée nationale, n'accorda aucun fonds pour faire réparer nos places.

Depuis le 20 mars dernier, on a exécuté des travaux qui ont mis en état de défense toutes nos places de guerre: on a restauré celles dont les fortifications étaient abandonnées, et on a fortifié les villes ouvertes et les positions les plus importantes de nos frontières.

Ces travaux ont été poussés avec une étonnante rapidité dans les places de première, deuxième et troisième lignes.

Soissons, Laon, La Fère, Saint-Quentin, Guise, ChâteauThierry, Vitri, Langres, etc., sont déjà en état d'opposer une vive résistance. On travaille avec la plus grande activité à la défense de Châlons, Reims, Dijon, etc. Les Vosges, le Jura, l'Argonne, déjà fortifiées par la nature, reçoivent encore toutes les défenses de l'art. Paris et Lyon auront, sous peu de jours, tous les moyens de résister aux plus grands efforts de l'ennemi et ces travaux occupent de 5 à 6,000 ouvriers dans chacune de ces villes.

Retraites et Pensions. Invalides Les soldes de retraite accordées depuis le 1er avril 1814 à plus de mille émigrés, Vendéens ou veuves d'hommes morts en combattant dans les rangs ennemis, et se montant à la somme de 1,500,000 fr., ont été supprimées. L'empereur s'est aussi empressé de réparer le désordre qu'avaient occasioné à l'Hôtel des Invalides la suppression des succursales, et le renvoi dans leurs foyers, avec une modique solde de retraite, d'un grand nombre de vétérans mutilés, auxquels on enlevait ainsi les secours et l'aisance que la patrie leur avait assurés. Tous ont été rappelés dans ce noble asile de la valeur.

Dépenses de la guerre. Il est reconnu que le dernier gouver nement s'attachant à déprécier toutes les opérations administratives du gouvernement de l'Empereur, a exagéré, dans ses comptes rendus, la dette arriérée du ministère de la guerre, tandis qu'il dissimulait une partie des ressources qui devaient y faire face.

C'est dans cette vue que le ministre des finances (baron Louis),

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