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temps qu'elle redevienne l'Italie, pour nos intérêts comme pour les siens. Les jours ne sont plus, où la politique autrichienne pouvoit espérer de s'approprier notre sang, nos victoires, et tous les résultats de ses habiles négociations.

Maître de donner la loi, vous profiterez du moment, pour être le Flaminius de l'Italie et le pacificateur de l'Europe. Vous savez qu'un si beau nom ne peut s'acquérir que par un traité solide et bien garanti, et non par une paix éphémère et plâtrée.

Il ne m'appartient pas de connoître et d'ap-. précier les motifs et les clauses de celle de Campo-Formio, qui néanmoins pouvoit se prolonger et servir utilement la France, sans l'ineptie du directoire. Mais, je ne crains pas d'avancer qu'une paix qui se borneroit aujourd'hui aux bases de celle de Campo - Formio, seroit peu solide, en exposant l'Italie à de nouveaux malheurs et la France à des guerres prochaines, et compromettroit à la fois notre patrie et votre ouvrage. Vous jugeriez au moins nécessaire alors que la république cisalpine fût agrandie et renforcée sur un autre point, et qu'elle conservât à la fois Mantoue et la ligne militaire de l'Adige, ainsi que Porto-Légnago, pour être à l'abri des tentatives de l'Empire.

Mais il me paroit bien à désirer qu'on puisse ne pas se départir de ce principe: Isoler l'Autriche de l'Italic.

Le premier Consul de la république françoise peut dire à la cour de Vienne : « Vous avez rompu la paix. Vous avez renoncé volontairement aux avantages que vous assuroit le traité de Campo - Formio. Nos victoires vous ont punie de votre aveugle docilité aux conseils des ennemis de la France. Aujourd'hui, nous vous laissons exister. Mais, rentrez dans vos limites; et, si vous persistez à vouloir éprouver le sort des combats, craignez que la dynastie autrichienne ne disparoisse, et que la guerre ne porte chez vous le bouleversement et l'incendie, dont vous pouvez encore vous garantir. »

Si on ne lime pas les serres de l'aigle germanique, si l'ambition usurpatrice et insatiable de la maison d'Autriche n'est réprimée, en lui ôtant tous les moyens de s'y livrer, la guerre peut recommencer avant peu sous des auspices moins favorables. La France, épuisée et fatiguée, peut n'avoir plus, ni les mêmes ressources, ni le même courage, ni les mêmes circonstances; et alors, si elle est vaincue, si elle souscrit à un pacte honteux, si elle subit

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continuelle de discorde, déclarée désormais indépendante de l'Autriche et de la France, et divisée en quatre ou cinq états, régis par des gouvernemens de différente nature

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unis par un pacte fédératif placé sous la garantie des autres puissances..... Si l'Autriche refuse, guerre prolongée jusqu'à ce qu'elle adhère à ces mêmes conditions, pour qu'il y ait enfin une paix bien assise et une barrière élevée entre les puissances belligérantes.

Ces premières idées seroient susceptibles de quelques développemens, que je vous soumettrai, si vous le jugez convenable.

Il s'agira d'abord d'établir des raisons positives de politique, de justice et de nécessité pour la France, d'après lesquelles le roi de Piémont, privé de cet état, devroit être réduit à l'île de Sardaigne.

On pourroit ensuite discuter la juste et naturelle fixation des limites de la France, pour lui assurer la chaîne complète des Alpes et un contact continué sur toute la frontière de l'Italie avec la république, qui seroit formée de la Ligurie, du Piémont et de l'ancienne Lombardie.

La troisième question seroit relative aux deux états intermédiaires dont j'ai parlé ; et peut-être des motifs de politique pourroient-ils

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faire transférer le siège de l'église à Lucques, où le Pape, réduit à la puissance spirituelle, conserveroit seulement un territoire peu étendu qui doit lui suffire, et un revenu d'environ cinq millions.

Le quatrième point à traiter, seroit l'établissement de la république napolitaine, qui sans doute ne doit pas exiger que la France envoie de nouveau une de ses armées dans cette partie inférieure de l'Italie, mais qui demande seulement la formation d'une ligne des Apennins, depuis Ancône jusqu'à l'extrémité de la Toscane et à la Méditerranée. Cette ligne militaire seroit assez forte avec quinze ou vingt mille hommes, et, en fermant le passage aux troupes autrichiennes, offriroit une garantie suffisante au peuple napolitain, qui veut s'assurer un gouvernement libre et national.

Ce n'est point par un désir cruel et insensé de révolutions, qu'on parle ici de celle de Naples; mais, c'est parce qu'elle est dans la nature des choses, au sein d'un royaume livré depuis un an à tous les genres de calamités, et où toutes les victimes et tous les mécontens sont dans les classes de l'état et dans les familles les plus influentes par leur noblesse, leur crédit, leurs richesses et leur instructión. Si cette révolution

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