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mes dignes de la confiance du gouvernement, et en état de prononcer, suivant la nature des talens que l'emploi à donner exige.

On ne fait que rappeler ici au gouvernement ce qu'il a sagement pratiqué lui-même, en ne nommant les proviseurs et professeurs de lycées que sur la présentation des inspecteurs généraux de l'instruction publique, et les juges que sur une liste de candidats adressée au grandjuge ministre de la justice, par les tribunaux des départemens.

XXVII. Dispositions générales.

Proscrire à jamais la vénalité (1) et l'hérédité des places; éviter et faire disparoître les abus de l'ancien régime et les excès ou les erreurs du nouveau, les dangers du despotisme, les inconvéniens excessifs de l'aristocratie patricienne et héréditaire, les troubles de l'anarchie orageuse et désorganisatrice; achever de réparer les malheurs et de cicatriser les plaies de la révolution; faire chérir l'administration

(1) Les dépenses et les besoins du gouvernement rappelleront à la vénalité; c'est d'ailleurs une suite de l'aristocratie des riches.

nouvelle pour lui donner des racines profondes dans les cœurs de tous les François; combiner sagement les idées de pouvoir, d'ordre, de liberté, d'égalité, véritables élémens de l'organisation sociale; et, selon les observations d'un observateur judicieux et d'un grand écrivain politique (1), affermir de telle sorte le gouvernement par de sages institutions, , que l'état puisse désormais se passer d'hommes extraordinaires pour le gouvernér, et ne craigne, jusque dans un avenir éloigné, ni la médiocrité, ni même les vices de ses conducteurs: voilà ce qui est attendu de vous par la France, par l'Europe, par la postérité.

XXVIII. Résultat d'utilité pour le chef de l'état.

Alors, Général premier Consul, la fortune de l'Empire est durable, et la gloire de son législateur immortelle.

Alors, votre autorité sera solide et inébranlable, étant fondée sur votre modération, sur l'estime, la confiance et la reconnoissance publiques, sur l'opinion, reine du monde et

(1) Condillac.

même des rois; enfin, sur l'intérêt général et bien senti de la France.

Alors, quel ennemi étranger ou intérieur voudroit ou pourroit attenter à vos jours? Vos institutions réndroient le gouvernement indépendant, même de vous; et vous pourriez, quand votre heure fatale seroit venue, quitter la vie avec cette douce assurance que la guerre civile ne célèbreroit point de cruels jeux funèbres sur votre tombe (1).

Votre famille hériteroit, sans trouble et sans opposition, de votre autorité, après qu'une vie longue et tranquille auroit affermi et consolidé

votre ouvrage.

XXIX. Motifs qui ont dicté le présent écrit, et qui doivent le faire accueillir avec indulgence.

Un militaire obscur, qui a quelquefois approché de votre personne, et obtenu des marques de votre estime, encouragé et secondé par l'un des généraux qui vous sont le plus dévoués,

(1) Il ne veut ni la prospérité de lá France, ni des institutions libérales et solidement affermies, indépendantes méme de sa personne.

s'est hasardé d'élever ses pensées jusqu'aux grands intérêts politiques placés dans vos mains. Il vous offre le tribut de ce qu'il croit Ja vérité, et de ce qui lui paroît convenir à la fois à vous et à la France, à votre sûreté et à la prospérité de l'Empire. Il y ajoute l'hommage de l'admiration, et du dévouement et du vœu le plus sincère que vous fassiez le bonheur des François.

OBSERVATION GÉNÉRALE

Sur les MEMOIRES qui précèdent, et sur les FRAGMENS qui vont suivre.

Ondoit se reporter, en lisant les deux mémoires qui précèdent, aux circonstances dans lesquelles ils ont été écrits, et se rappeler le caractère et la puissance de l'homme auquel ils étoient destinés. Alors, on reconnoîtra qu'il a fallu un grand et généreux courage pour plaider les intérêts de la France et d'une sage liberté, en s'adressant à celui même qui opprimoit la France, et qui sapoit la liberté publique par ses fondemens. Quelques phrases, qui servent de passeports et de sauf-conduits aux vérités que renferment ces mémoires, ou qui appartiennent aux circonstances politiques dans lesquelles se trouvoit la France, n'atténuent en rien les preuves de courage et de patriotisme données par l'auteur.

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Aux yeux d'un bon citoyen, ami de l'ordre et des lois, le gouvernement, qui existe de fait, et qu'il ne dépend point de lui de chan

ger, est un instrument dont il faut tirer le meilleur parti possible pour le bien de la pa

TOME IX.

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