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trie, et auquel (s'il a des relations avec ce gouvernement), il doit s'efforcer, par de sages conseils et par des représentations exprimées avec décence et fermeté, de faire prendre la direction la plus convenable aux intérêts pu

blics.

Donc, les hommes de bien qui ont osé présenter à Buonaparte, consul ou empereur, des vérités préservatrices, dont l'effet, si elles eussent été accueillies, auroit empêché une grande partie des malheurs que la France et l'Europe ont éprouvés, seroient aujourd'hui les conseillers les plus sincères et les plus utiles du Roi, parce qu'ils ont donné une garantie de leur franchise et de leur dévouement à la patrie. Ils ont sacrifié leurs intérêts personnels pour l'intérêt de l'état. Aussi, l'auteur des mémoires qui précèdent a vécu dans un état de proscription continuée, pendant tout le règnè de Napoléon. Au contraire, les vils flatteurs, les lâches satellites de la tyrannie, qui ont encouragé Buonaparte à poursuivre son système de dévastation, et qui ont obtenu de lui des titres, des décorations, des emplois, des richesses, ont prouvé qu'ils sont toujours prêts à caresser et à égarer le pouvoir, sous tous les

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· Présent le plus funeste

Que puisse faire aux rois la colère céleste.

Les rois doivent enfin se convaincre que le plus sûr moyen d'affermir leur autorité, est d'employer des hommes de bien et des hommes éclairés, capables de dire la vérité sans déguisement, et de reproduire le noble langage de Sully, plutôt que des intrigans, des courtisans et des flatteurs, toujours prêts à changer de langage et de livrée, et à caresser les passions de l'homme ou du parti qui règne.

Les FRAGMENS qui vont suivre, et qui respirent le même amour de la patrie que les mémoires précédens, prouvent assez que l'auteur étoit loin de se faire illusion sur le caractère, surles vues et les plans de Buonaparte, et sur les funestes résultats de sa domination. Mais, il étoit en même temps persuadé qu'un bon François ne devoit rien négliger jusqu'au dernier moment, pour ramener cet homme, par le sentiment de son véritable intérêt, dans un système de modération et de sagesse, puisqu'enfin la force des évènemens livroit à sa discrétion les destinées de la patrie.

Donc, l'auteur des MÉMOIRES et des FRAGMENS étoit conséquent avec lui-même et fidèle à ses devoirs de citoyen et même de sujet, en présentant au chef du gouvernement les vérités propres à conserver l'état, et en déposant dans des mémoires secrets ses pressentimens sur les malheurs que l'ambition et les folies du dominateur suprême devoient nécessairement amener.

Ce n'est qu'à l'époque où ces folies et leurs déplorables suites ont été portées aux derniers excès, qu'il a été permis et nécessaire de séparer la cause particulière du chef du gouvernement, qui perdoit évidemment la France, de la cause publique et des intérêts de la patrie; et c'est alors qu'une indignation intérieure et concentrée, la vérité long-temps étouffée, le besoin urgent d'arrêter les nouveaux et imminens désastres qui alloient combler la ruine de la France, ont rendu légitime et patriotique le mémoire portant pour suscription: Le Conservateur de l'Europe, etc., dans lequel l'auteur s'adresse aux souverains étrangers pour faire tourner au profit du salut de son pays la dernière et inévitable catastrophe qui se préparoit.

....... 11 septembre 1815.

A. DE CLENDI.

QUELQUES FRAGMENS

EXTRAITS DU PORTE-FEUILLE

D'UN

PROSCRIT,

Tirés de Mémoires particuliers, écrits en 1803, 1804, 1805 et 1813.

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