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L'existence politique de la France doit puiser toute sa force dans l'union de ses habitans, dans l'énergie et la pureté de son caractère national. Soyons donc unis : bannissons les causes de divisions; rallions-nous autour du trône constitutionnel, et sous l'égide des lois. Faisons honorer, estimer et respecter notre nation par son patriotisme, autant qu'elle s'est distinguée par son courage.

Nous devons faire, il est vrai, d'immenses sacrifices. Mais, si nous avons la paix intérieure, nécessaire pour faire fleurir l'agriculture, le commerce, l'industrie et les arts, nous verrons renaître peu à peu, par nos vertus nationales, et par une activité bien dirigée, ces richesses dont la véritable source est dans notre sol, favorisé de la nature, dans nos bras et dans nos facultés intellectuelles.

Ces monumens des arts, que nous voyons s'éloigner à regret, nous pouvons, en peu d'années, les remplacer par d'honorables chefsd'œuvres, que nos artistes nationaux doivent multiplier pour la patrie, et qui attireront de nouveaux les étrangers au milieu de nous.

le

Noble et chère France! que tes enfans soient toujours unis! qu'une sainte émulation bien public les enflamme! que les leçons

pour

pénibles de l'adversité raniment dans nos cœurs les vertus civiques, long-temps étouffées par l'influence meurtrière du despotisme, qui nous offroit les dehors d'une prospérité trompeuse ! Que notre Roi voie briller d'un doux et pur éclat les années de règne qui lui sont encore destinées par la Providence! Que l'Europe, après avoir admiré la valeur héroïque de nos soldats, en déplorant la funeste direction qu'ils avoient reçue, éprouve l'heureuse influence de notre modération et de notre sagesse! Nous avons été lancés, tour à tour, par des passions impétueuses, dans les deux excès d'une prétendue liberté désordonnée, qui n'a été qu'une longue anarchie, et d'un épouvantable despotisme militaire, qui cherchoit à nous dérober la honte de nos fers, en nous éblouissant par la fausse et dangereuse gloire des conquêtes. Sachons aujourd'hui revenir à ce point du juste milieu, indiqué par la raison et par l'expérience, à la monarchie constitutionnelle, placée à une distance égale de la licence et de la tyrannie, seule propre à garantir la sûreté individuelle et la liberté publique, à rendre les factions impuissantes, et à raffermir le trône long-temps ébranlé.

Pairs de France, premiers conseillers héré

ditaire du Prince, et défenseurs nés des libertés du peuple et des prérogatives du trône; et vous, Députés de la nation! appelés à défendre ses intérêts et à garantir ses droits tels sont les résultats que vos concitoyens ont droit d'attendre de vos efforts et de votre union avec le monarque. Vous ne tromperez point nos espérances; en répondant à la confiance publique, vous acquerrez la plus belle gloire qui puisse flatter des cœurs généreux. Votre conduite peut influer utilement sur la prospérité particulière de notre patrie, sur la tranquillité générale de l'Europe, sur le sort de toutes les familles françoises, qui vous demandent, avec une touchante unanimité, l'union et la paix, la constitution et le Roi, l'ordre et la liberté.

**** près Paris, 15 octobre 1815.

A. DE CLENDI.

SUPPLÉMENT AUX PIÈCES

RELATIVES

AUX ÉVÈNEMENS DE 1815 (1).

No CIV.

Proclamation du roi de France, du 20 mars

1815.

Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à nos amés et féaux, les pairs de France et les députés des départemens.

La divine Providence qui nous a rappelé au trône de nos pères, permet aujourd'hui que ce trône soit ébranlé par la défection d'une partie de la force armée qui avoit juré de le défendre : nous pourrions profiter des dispositions fidèles et patriotiques de l'immense majorité des habitans de Paris, pour en disputer l'entrée aux rebelles; mais, nous frémissons des malheurs de tous genres qu'un combat dans ses murs entraîneroit sur les habitans.

(1) Pour faire suite au vol. VI, pag. 192.

Nous nous retirons avec quelques braves que l'intrigue et la perfidie ne parviendront pas à détacher de leurs devoirs; et puisque nous ne pouvons pas défendre notre capitale, nous irons plus loin rassembler des forces, et chercher sur un autre point du royaume, non pas des sujets plus aimans et plus fidèles que nos bons Parisiens, mais des François plus avantageusement placés pour se déclarer pour la bonne cause.

La crise actuelle s'apaisera; nous avons le doux pressentiment que les soldats égarés, dont la défection livre nos sujets à tant de dangers, ne tarderont pas à reconnoître leurs torts, et trouveront dans notre indulgence et dans nos bontés la récompense de leur retour.

Nous reviendrons bientôt au milieu de ce bon peuple, à qui nous ramènerons encore une fois la paix et le bonheur

Par le Roi,

Signé LOUIS.

Le chancelier de France, signé DAMBRAY

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